Cadran solaire à Saint-Rémy de Provence.

Le cadran solaire…

Seul il est digne de mesurer la splendeur des mois verts et dorés. De même que le bonheur profond, il ne parle point.

Sur lui, le temps marche en silence, comme il passe en silence sur les sphères de l’espace ; mais l’église du village voisin lui prête par moment sa voix de bronze, et rien n’est harmonieux comme le son de la cloche qui s’accorde au geste muet de son ombre marquant midi dans l’océan d’azur…

Toute la poésie, toutes les délices des environs, tous les mystères du firmament, toutes les pensées confuses de la futaie qui garde la fraîcheur que lui confia la nuit comme un trésor sacré, toute l’intensité bienheureuse et tremblantes des champs de froment, des plaines, des collines livrées sans défense à la dévorante magnificence de la lumière, toute l’indolence du ruisseau qui coule entre ses rives tendres, et le sommeil de l’étang qui se couvre de gouttes de sueur que forment les lentilles d’eau, et la satisfaction de la maison qui ouvre en sa façade blanche ses fenêtres avides d’aspirer l’horizon, et le parfum des fleurs qui se hâtent de finir une journée de beauté embrassée, et les oiseaux qui chantent selon l’ordre des heurs pour leur trésor des guirlandes d’allégresse dans le ciel. Tout cela avec des milliers de choses et des milliers de vies qui ne sont pas visibles se donnent rendez-vous et prend conscience de sa durée autour de ce miroir du temps où le soleil vient marquer d’un rayon complaisant le trajet que la terre et tout ce qu’elle porte, accomplit chaque jour sur la route des étoiles.

Maeterlinck

Un mot sur Maeterlinck :

Maurice Maeterlinck

Maurice Polydore Marie Bernard Maeterlinck, est né à Gand le 21 août 1826 (Belgique) et est mort à Nice le 05 mai 1945.

C’est un écrivain francophone belge, poète, dramaturge, essayiste.

Prix Nobel de littérature en 1911.