• Le Cid...

     

     

     

     

     

     

    Hier en parlant de la destruction du français programmé et organisé dans les hautes sphères de l'Education Nationale, depuis des décennies, j'y avais rajouté une « déconstruction du Cid », à la façon du parlé d'aujourd'hui, et J'en demande pardon à Monsieur Corneille ! Espérons que nous ne le verrons jamais !

     

    Je vous propose aujourd'hui, une remontée dans le temps, une remontée dans l'histoire de la littérature française, avec les vraies stances de Rodrigue de Monsieur Corneille, au temps ou l'amour chevaleresque mais aussi l'honneur, était à l'ordre du jour, stances que l'on nous faisait apprendre en classe de 6e autrefois, qu'en est-il aujourd'hui de Rodrigue ? Le connaît-on seulement dans les lycées de France ?

    Liviaaugustae

     

     

    Le Cid...

    Escalibur, l'épée légendaire du roi Arthur

     

    (Image internet)

     

     

     

    Les stances de Rodrigue

     

     

     

    Percé jusques au fond du cœur

     

    D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,

     

    Misérable vengeur d'une juste querelle,

     

    Et malheureux objet d'une injuste rigueur,

     

    Je demeure immobile, et mon âme abattue

     

    Cède au coup qui me tue.

     

    Si près de voir mon feu récompensé,

     

    O dieu ! L'étrange peine !

     

    En cet affront mon père est l'offensé,

     

    Et l'offenseur le père de Chimène !

     

     

     

    Que je sens de rudes combats !

     

    Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse :

     

    Il faut venger un père, et perdre une maîtresse ;

     

    L'un m'anime le cœur, l'autre retient mon bras,

     

    Réduit au triste choix, ou de trahir ma flamme,

     

    Ou de vivre en infâme,

     

    Des deux côtés mon mal est infini.

     

    O Dieu ! L'étrange peine !

     

    Faut-il laisser un affront impuni ?

     

    Faut-il punir le père de Chimène ?

     

     

     

    Père, maîtresse, honneur, amour,

     

    Noble et dure tyrannie,

     

    Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire est ternie ;

     

    Cher et cruel espoir d'une âme généreuse,

     

    Mais ensemble amoureuse,

     

    Digne ennemie de mon plus grand bonheur,

     

    Fer, qui cause ma peine,

     

    M'es-tu donné pour venger mon honneur ?

     

    M'es-tu donné pour perdre ma Chimène ?

     

     

     

    Il vaut mieux courir au trépas ;

     

    Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père ;

     

    J'attire en me vengeant sa haine et sa colère,

     

    J'attire ses mépris en ne me vengeant pas.

     

    A mon plus doux espoir l'un me rend infidèle,

     

    Et l'autre indigne d'elle ;

     

    Mon mal augment à le vouloir guérir,

     

    Tout redouble ma peine;

     

    Allons mon âme, et puisqu'il faut mourir,

     

    Mourons du moins sans offenser Chimène.

     

     

     

    Mourir sans tirer ma raison !

     

    Rechercher un trépas si mortel à ma gloire !

     

    Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire

     

    D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison !

     

    Respecter un amour dont mon âme est égaré

     

    Voit la perte assurée !

     

    N'écoutons plus ce penser suborneur

     

    Qui ne sert qu'à ma peine ;

     

    Allons, mon bras, sauvons du moins l'honneur,

     

    Puisqu'après tout il faut perdre Chimène.

     

     

     

    Oui, mon esprit s'était déçu ;

     

    Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse ;

     

    Que je meure au combat, ou meure de tristesse,

     

    Je rendrai mon sang pur, comme je l'ai reçu.

     

    Je m'accuse déjà de trop de négligence.

     

    Courons à la vengeance,

     

    Et, tout honteux d'avoir tant balancé,

     

    Ne soyons plus en peine,

     

    Puisqu'aujourd'hui mon père est l'offensé,

     

    Et l'offenseur, est père de Chimène !

     

    Pierre Corneille

     

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 10 Janvier 2017 à 10:30

    Je me souviens de l'étude du Cid, c'était difficile à retenir mais j'ai adoré.

    Avec notre Professeur de français, nous avions fait une partie du Cid en pièce de théâtre et j'étais Chimène, tu comprends pourquoi je m'en souviens (sourire)

    Bonne journée, ici toujours le givre et le froid

    bisous bisous

      • Mardi 10 Janvier 2017 à 10:41

        Bonjour lili,

        Comme toi nous avions "monté " le Cid, mais comme il n'y avait que des filles à l'époque, les rôles masculins étaient tenus forcément par des filles. J'ai donc tenu celui Rodrigue, et j'en ai gardé un merveilleux souvenir.

        Ici, il fait gris et froid mais pas de givre, heureusement!

        Bisous bisous

    2
    Mardi 10 Janvier 2017 à 12:53

    Bonjour Chantal. J'ai aussi étudié le Cid, bien sûr, mais je n'accrochais pas vraiment, préférant Molière à,Corneille ou Racine. Bisous

      • Mardi 10 Janvier 2017 à 13:45

        Bonjour Brigitte,

        Et moi, j'ai toujours aimé les grandes tragédies grecques que mettaient en scène Racine et Corneille, Molière étant un peu lourd à mon goût, mais... tous les goûts sont dans la nature et tu partage la préférence pour Molière avec le roi Louis XIV!

        Bisous

    3
    Mardi 10 Janvier 2017 à 13:54

    Souvenir...souvenirs

      • Mardi 10 Janvier 2017 à 13:58

        En effet et que de très bons, j'espère pour vous aussi Dr WO

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    4
    Mardi 10 Janvier 2017 à 18:03

    Que de souvenirs ce Cid.... 

    "Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
    N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
    Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
    Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
    Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,
    Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
    Tant de fois affermi le trône de son roi,
    Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
    Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
    Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
    Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
    Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
    Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
    Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
    Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
    Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
    Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
    Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
    Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
    Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
    Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
    M'as servi de parade, et non pas de défense,
    Va, quitte désormais le derniers des humains,
    Passe, pour me venger, en de meilleurs mains."

    J'ai toujours travaillé ce texte sur l'édition qui avait servie à ma maman quand elle faisait ses études... Le prof rallait car le texte était un peu différents des éditions de mon époque ....

    Bise et bonne soirée Livia

      • Mardi 10 Janvier 2017 à 19:01

        Bonsoir Zaza,

        Nous avons toutes et tous travaillé ce texte, j'aimai beaucoup, les stances de Rodrigue et de Don Diegue, sont superbes!

        J'ai joué le rôle de Rodigue, (chez les soeurs à l'époque nous n'étions que des filles et donc les rôles masculins étaient eux aussi tenus par des filles, et les copines m'avaient gentiment dit  ; si tu étais un garçon on seraient tombées amoureuses de toi tu es un si joli garçon!" Cela m'avais fait très plaisir à l'époque...

        Bises et belle soirée à toi aussi

    5
    Mardi 10 Janvier 2017 à 18:58

    je passe vite, me voilà de retour à la maison, belle fin de journée

      • Mardi 10 Janvier 2017 à 19:03

        Bonsoir moqueplet,

        Tu dois être contente et triste à la fois je connais ce sentiment...

        Belle soirée

    6
    Mardi 10 Janvier 2017 à 21:14

    Le cid, jamais lu et puis notre langue est si belle qu'il faut la garder.

      • Mardi 10 Janvier 2017 à 22:10

        Bonsoir Christian,

        Le Cid c'est magnifique et c'est du beau, du grand français!

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