« Je vis une foule immense de toutes nations, races, peuples et langues… »

Apocalypse 7. 9

Le Paradis selon Jean Fouquet

Jean Fouquet peignit en 1752 la Trinité dans sa gloire, une enluminure du livre d’Heures d’Etienne Chevalier conservé au musée du château de Chantilly.

C’est une des plus belles représentations du Paradis qui existe en peinture. Malgré l’échelle minuscule, l’enlumineur de génie a réussi à donner l’impression de l’immensité illimitée du Paradis. La clarté qui émane du trône de la Sainte Trinité est si éblouissante qu’elle éclabousse d’or pur tous les élus dans le ciel, en contemplation. Des rayons d’or partent des trois personnes divines. Le nombre des élus est infini, leur foule dépasse les limites de la page.

Toute la hiérarchie céleste adore et contemple la Trinité, assise sur un triple trône gothique. Notre Dame trône sur le côté, une marche plus bas. Les neufs chœurs angéliques séraphins, chérubins, trônes, domination, vertus, puissances, principautés, anges et archanges sont tout en  haut dans les cercles autour du trône de Dieu. Puis les patriarches, prophètes, apôtres, martyres, papes, évêques, confesseurs de la foi et vierges.

Un livre d’Heures était un bréviaire simplifié à l’usage des laïcs. Notre enluminure est la première illustrant les suffrages des saints (une page par saint) qui commencent avec la fête de la Toussaint illustrée ici. Etienne Chevalier trésorier du roi Charles VII, s’est fait faire un des plus beaux manuscrits jamais réalisés. L’enlumineur Jean Fouquet (1420-1480) est un des plus grands artistes français de la fin du Moyen Age.

Au XVe siècle, les peintres représentent la Saint Trinité comme trois personnes semblables, pour faire comprendre leur égalité. Elles bénissent et tiennent chacune le globe du monde.

Les quatre vivants de l’Apocalypse entourent le trône divin : l’aigle de Jean en haut à gauche, l’ange de Mathieu en haut à droite, le taureau de Luc en bas à gauche, et le lion de Marc en bas à droite.

Jean Fouquet représente les anges et les élus tels les voussures sculptées d’un portail, formant un cercle complet. Le nombre des élus n’est pas limité, nous sommes tous invités à la vie éternelle.

Marie-Gabrielle Lablanc