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Poème
EXTRAIT DE : LA RETAITE SENTIMENTALE DE COLETTE
Une tombe, ce n’est rien qu’un coffre vide.
Celui que j’aime tient dans mon souvenir, dans un mouchoir encore parfumé que je déplie, dans une intonation que je me rappelle soudain et que j'écoute un long instant, la tête penchée...
Et quel amertume d’abord,- mais quel apaisement ensuite ! – de découvrir, un jour
ou le printemps tremble encore de froid, de malaise, et d’espoir,- que rien n’a changé, ni la forme, en bouton de roses, des bourgeons du marronnier...
Se pencher, étonnée, sur la petite coupe filigranée des anémones sauvages, vers le
tapis Innombrables des violettes, - sont-elles bleues ? Sont-elles mauves ?
Caresser du regard la forme inoubliée des montagnes, boire d’un soupir qui hésite le
vin piquant d’un nouveau soleil.
Revivre !
COLETTE
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