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    Mercredi dernier, nous avons eu un très gros orage, accompagné d'énormes éclairs (malheureusement pas au chocolat), d'une pluie diluvienne et de vent qui cognait avec violence contre ma baie, c'était assez impressionnant, d'où le choix aujourd'hui de ce poème orageux d'Emily Dickinson...

     

     

    La griffe livide de l'éclair sur la campagne...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    Le vent se mit à bercer l'herbe

     

    Le vent se mit à bercer l'herbe
    Sur des airs orageux et bas,
    Jetant une menace à la terre,
    Une menace au ciel.

     



     

    Les feuilles se défirent des arbres
    Et voltigèrent alentour;
    Comme des mains se creusa la poussière,
    Pour rejeter la route.

     



     

    Dans les rues les chars se pressèrent;
    Lentement se hâta le tonnerre;
    L'éclair montra un bec jaune
    Puis une griffe livide.

     



     

    Les oiseaux se barricadèrent,
    Le bétail s'enfuit vers l'étable.
    Une goutte énorme tomba -
    Puis ce fut comme si les mains

     

    Retenant les barrages s'ouvraient -

     


    Les eaux dévastèrent le ciel
    Sans toucher la maison de mon père,
    Sauf un arbre - fendu en quatre.

     

    Emily dickinson

     

     


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    Mardi 7 mars 2023

     

    Ce soir la lune...

     

    Cette lune capricieuse pleine et ronde,

     

    Inonde la terre de sa froide lumière,

     

    Caresse la cime des arbres,

     

    Joue à cache cache avec les nuages,

     

    Se faufile tout au long des sentiers.

     

    Et avec indiscrétion, se glisse jusqu'au cœur des chambres...

     

    Pour tourmenter les dormeurs.

     

    Livia

     

     

    La lune sur le sentier...

    (image pixabay)

     

     

     

    La Lune

    Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante ;
    Elle sourit et se lamente,
    Et vous fuit et vous importune.



    La nuit, suivez-la sur la dune,
    Elle vous raille et vous tourmente ;
    Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante.



    Et souvent elle se met une
    Nuée en manière de mante ;
    Elle est absurde, elle est charmante ;
    Il faut adorer sans rancune,
    Avec ses caprices, la Lune.

    Théodore de Banville

     


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    La Vénus de l'Esquilin

     

    (image wikipédia)

     



     

    La statue

     

    Quand l'empire romain tomba désespéré,
    - Car, ô Rome, l'abîme où Carthage a sombré
    Attendait que tu la suivisses ! -
    Quand, n'ayant rien en lui de grand qu'il n'eût brisé,
    Ce monde agonisa, triste, ayant épuisé
    Tous les Césars et tous les vices ;

    Quand il expira, vide et riche comme Tyr ;
    Tas d'esclaves ayant pour gloire de sentir
    Le pied du maître sur leurs nuques ;
    Ivre de vin, de sang et d'or ; continuant
    Caton par Tigellin, l'astre par le néant,
    Et les géants par les eunuques ;

    Ce fut un noir spectacle et dont on s'enfuyait.
    Le pâle cénobite y songeait, inquiet,
    Dans les antres visionnaires ;
    Et, pendant trois cents ans, dans l'ombre on entendit
    Sur ce monde damné, sur ce festin maudit,
    Un écroulement de tonnerres.

    Et Luxure, Paresse, Envie, Orgie, Orgueil,
    Avarice et Colère, au-dessus de ce deuil,
    Planèrent avec des huées;
    Et, comme des éclairs sous le plafond des soirs,
    Les glaives monstrueux des sept archanges noirs
    Flamboyèrent dans les nuées.

    Juvénal, qui peignit ce gouffre universel,
    Est statue aujourd'hui ; la statue est de sel,
    Seule sous le nocturne dôme ;
    Pas un arbre à ses pieds ; pas d'herbe et de rameaux ;
    Et dans son œil sinistre on lit ces sombres mots :
    Pour avoir regardé Sodôme.

     

    Victor Hugo

     


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    Le soir descend doucement sur le jardin...

    (Ma photo des dernières vacances à Saint-Avé)



    Le Poète

    Des longs ennuis du jour quand le soir me délivre,
    Poète aux chants divins, j'ouvre en rêvant ton livre,
    Je me recueille en toi, dans l'ombre et loin du bruit ;
    De ton monde idéal, j'ose aborder la rive :
    Tes chants que je répète, à mon âme attentive
    Semblent plus purs la nuit !



    Mais qu'il reste caché, ce trouble de mon âme,
    De moi rien ne t'émeut, ni louange, ni blâme.
    Quelques hivers à peine ont passé sur mon front...
    Et qu'importe à ta muse, en tous lieux adorée,
    Qu'au sein de ses foyers une femme ignorée
    S'attendrisse à ton nom !



    Qui te dira qu'aux sons de ta lyre sublime,
    À ses accords divins, ma jeune âme s'anime,
    Laissant couler ensemble et ses vers et ses pleurs ?
    Quand près de moi ta muse un instant s'est posée,
    Je chante.... ainsi le ciel, en versant sa rosée,
    Entr'ouvre quelques fleurs.



    Poètes ! votre sort est bien digne d'envie.
    Le Dieu qui nous créa vous fit une autre vie,
    L'horizon ne sert point de limite à vos yeux,
    D'un univers plus grand vous sondez le mystère,
    Et quand, pauvres mortels, nous vivons sur la terre,
    Vous vivez dans les cieux !



    Et si, vous éloignant des voûtes éternelles,
    Vous descendez vers nous pour reposer vos ailes,
    Notre monde à vos yeux se dévoile plus pur ;
    L'hiver garde des fleurs, les bois un vert feuillage,
    La rose son parfum, les oiseaux leur ramage,
    Et le ciel son azur. […]

    Sophie d'Arbouville


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    Le manoir de Kerazan dans le Finistère

     

    (photo de mon fils)

     

     

     

    Le manoir

     

     

     

    Mon cœur est un manoir croulant et solitaire,
    Un vieux manoir perdu de l'antique Occident
    Entre qui veut ! Le vent, la brume et le mystère
    Par ses corridors vont rôdant.

    Ils sont chez eux dans ce vieux cœur mélancolique,
    Haut et profond et tout tapissé de regrets.
    Dans l'ombre, pour ne pas heurter quelque relique,
    Leurs pas se font lents et discrets.

    Mais toi qui viens si tard dans ma vie et qui portes,
    Comme une torche d'or, ta jeunesse à la main,
    Reste au seuil de mon cœur ; ne franchis pas ses portes :
    Sois la passante du chemin.

    Sois celle dont on dit : « Je l'eusse aimée » et celle
    Qu'on suit d'un long regard songeur, presque attristé,
    Puis qu'on oublie et qui pourtant laisse après elle
    Comme un sillage de clarté.

    C'est assez pour mon cœur. L'ombre peut redescendre :
    Le vieux manoir perdu qui n'a plus d'habitants
    Gardera jusqu'au soir sur sa face de cendre
    Le reflet blond de tes vingt ans.

     

    Charles Le Goffic

     


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