• Regard sur l'art chrétien...

     

     

     

     

     

    Aujourd'hui, 26 janvier 2020

     

    La conversion de saint Paul

     

     

     

    « Il lui fait prendre la mesure de celui qu’il combat et dont il ne pourrait soutenir la vue lorsqu’il récompense ou punit. Ce n’est pas l’obscurité qui le plonge dans les ténèbres, c’est l’éclat de la lumière qui l’enveloppe d’obscurité. »
    (Saint Jean Chrysostome à propos de la conversion de saint Paul)

     

     

    Regard sur l'art chrétien...

    Cette belle fresque, peinte à la voûte d'une abbatiale baroque en Moravie du Sud, témoigne d'une longue habitude de la persécution.

     

     

     

    Saul, sur son cheval blanc, est arrivé au sommet d'une colline, près d'un vieil arbre au tronc tortueux sur la route de Damas. Il chemine vers la ville syrienne, muni d'un mandat du grand-prêtre pour inspecter les synagogues et y débusquer d'éventuels disciples du Christ (actes des apôtres 9, 1). Un éclair tombe du ciel, avec ces mots en latin inscrits dans les rayons de lumière : « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Saul est renversé de son cheval qui se cabre. La confusion est totale parmi son escorte. On a l'impression de voir scintiller des éclairs. La composition de la fresque part de cet épicentre en une spirale typique de l'art baroque, et s'enroule en un tourbillon de plus en plus houleux. A droite, un sbire de Saul brandit des chaînes pour entraver des victimes chrétiennes prostrées. En bas, une scène d'une grande violence montre d'autres soldats, les uns éblouis et terrassés par la lumière divine, les autres en train de tuer des chrétiens avec une lance. Rarement un artiste aura représenté aussi fortement dans cette scène de la conversion de saint Paul, le combat entre le Bien et le Mal sur la terre, la résistance humaine à l'annonce de l'Evangile.

     

    L'abbatiale baroque de Nova Rise – « Nouveau Royaume », prononcer Nova Jiché – de l'ordre des Prémontrés, est remarquable pour ces étonnants autels baroques peints en trompe-l'œil par le peintre tchèque Krakel au XVIIIe siècle. Non loin de Telc en Moravie du Sud, elle n'est connue en Europe de l'Ouest que des amateurs d'art passionnés. Notre fresque est peinte à la voûte de la nef.

     

    Ce monastère fondé en 1211 mais reconstruit au XVIIIe siècle en pur style baroque, qui revit depuis la fin du communisme avec de jeunes religieux, a une longue habitude de la persécution. En 1639, pendant la guerre de Trente Ans, des soldats ont jeté les sœurs norbertines dans un étang – c'était à l'origine un monastère féminin. Depuis lors, il est occupé par des hommes, chanoines réguliers de saint Augustin selon la règle de saint Norbert.

     

    En 1995, le Père Méthode, 74 ans m'avait raconté ce qu'il avait subi en un demi-siècle de vie religieuse. En 1942, la Gestapo a interné tous les moines en représailles d'un attentat, à Auschwitz, a Buchenwald et Dachau. Cinq d'entre eux sont morts gazés à Auschwitz après avoir été enfermés dans la même cellule qu'Edith Stein : on les appelle « les martyrs de Nova Rise ».

     

    En sortant du camp de concentration en 1945, les survivants sont revenus dans leur couvent rouvert, puis ont été de nouveau incarcérés, cette fois dans des geôles communistes, moins de cinq ans plus tard. Monastère fermé de 1950 à 1991. Le Père Méthode a, en tout, été éloigné 41 ans de son couvent. Amnistié en 1960, il travailla comme maçon, toutapostolat lui étant interdit pendant neuf ans. Il a pu obtenir d'être curé d'une paroisse en 1969, et réintégrer enfin son couvent en 1991. Pendant tout ce temps, les bâtiments avaient servi de lycée aux jeunesses hitlériennes, puis de caserne. Il a été difficile d'en chasser l'armée en 1991.

     

    Après quarante d'occupation des lieux, elle a payé la somme dérisoire de 3000 000 couronnes tchèque de dédommagement, et a laissé ses immenses garages de vieux camions militaires en cadeaux aux moines, avec des bâtiments presque en ruines dont la restauration à l'automne 2019 n'était toujours pas achevée. Les moines relatent cette histoire : en 1950 les communistes, pour fermer le couvent, avaient caché fusil et pistolet dans l'église, afin de pouvoir accuser les moines de terrorisme. Mais leur ignorance les a trahis : ils n'ont pas pu, au moment voulu, retrouver ces armes, les soldat qui était chargé de la fouille a confondu la chaire et le confessionnal !

     

    L'histoire religieuse récente des pays de d'Europe de l'Est, abonde hélas, en fioretti héroïques et tragiques de cette veine.

     

    Marie-Gabrielle Leblanc

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Dimanche 26 Janvier 2020 à 07:16

    je pense qu'il existe toujours des êtres humains sans scrupules, hélas.....le monde est bien cruel.....passe un doux dimanche

      • Dimanche 26 Janvier 2020 à 10:53

        Bonjour Monique,

        Aujourd'hui, comme jadis, les hommes sont toujours très cruels entre eux.

        Belle journée

    2
    Dimanche 26 Janvier 2020 à 11:05

    Bonjour Chantal. Merci à Marie-Gabrielle pour ce passionnant article sur la longue et terrible histoire de ce monastère et de sa fresque. Bon dimanche et bisous

      • Dimanche 26 Janvier 2020 à 11:12

        Bonjour Brigitte,

        Les chrétiens ont été persécutés depuis que le monde est monde, et Jésus fut la première victime du massacre qui se perpétue encore de nos jours, dans les pays musulmans!

        Bisous et belle journée

    3
    Dimanche 26 Janvier 2020 à 14:02

    Belle citation que je ne connaissais pas

      • Dimanche 26 Janvier 2020 à 14:56

        Bonjour gazou

        Comme il est question de Saul, je trouvais qu'elle avait sa place ici.

        Bonne journée

    4
    Dimanche 26 Janvier 2020 à 14:40

    Bonjour

    Assez violente cette fresque!

    Mais le soucis du détails y est parfait!

    Bisous

      • Dimanche 26 Janvier 2020 à 14:57

        Bonjour Wolfe,

        Si elle est violente c'est parce qu'elle décrit un fait avéré qui n'était pas d'une grande douceur!

        Bisous

    5
    Dimanche 26 Janvier 2020 à 17:38

    Il y a de tout pour faire un monde et un monde saccagé par la stupidité 

    Bonne soirée 

    Bises 

      • Lundi 27 Janvier 2020 à 00:21

        Bonsoir Rose,

        Saccagé par la stupidité mais aussi par  la cruauté et la haine, et jusqu'à aujourd'hui les chrétiens dans le monde se font massacrer.

        Bonne nuit

        Bises

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