• Une bouteille à la mer...

     

     

    Littérature

     

     

    Pointe des Châteaux Guadeloupe…

     

    Heureux celui…

     

    Heureux celui qui, parti de sa vie quotidienne, passe tout à coup dans un univers inconnu, parce que, cheminant le long du rivage, mais encore semblable au restes des humains, il voit venir vers lui, poussé par le destin, ce transparent navire qu’on nomme : la bouteille à la mer.

    Tous les accessoires des romans d’aventures sont morts les uns après les autres : le médaillon qui permettait que l’enfant retrouvât sa mère, la marquise ; et la croix d’or qui arrêtait sur la gorge des deux orphelines le geste infâme du suborneur ; et le flacon noir que les débauchés vidaient sans rien dire ; et les poignards dont les gaines étaient des jarretières ; et les tiroirs secrets pleins de lettres ;  et les mouchoirs, et les rubans ; et ce plan de l’île de la Tortue grâce auquel, en s’assurant la complicité des scarabées et des longitudes, on arrivait, à travers le squelette du pirate, jusqu’aux doublons d’Espagne, ensevelis.

    Mais la bouteille survit, dotée de cet étrange prestige qu’on les objets les plus usuels quand ils nous sont concédés par le hasard, et portant comme un vin puissant son message rongé de sel et d’infini. Elle survit parce qu’aucun filtre ne grise d’avantage l’âme humaine que cet appel jeté dans le temps et la distance par une ombre perdue ; que ce cri enfermé qui voyage ; que ces paroles séparées d’un être et qui pourtant le prolongent, comme ces banderoles qui s’en vont des lèvres des personnages sur les tapisseries et par quoi nous savons qu’ils honorent Dieu, qu’ils se nomment Jehan, ou qu’Amour les brûle.

    Elle survit, ennoblie d’une vie éternelle, et passée du domaine des décisions terrestres dans le mystérieux royaume des symboles. Ainsi  s’en vont, colombes cherchant leur colombier, nefs cherchant leur port, signaux cherchant leur but, stigmates cherchant leurs paumes, flèches cherchant l’étui sacré de la blessure, les grandes passions inconnues, inemployées.

    Ainsi chemine l’appel des cœurs naufragés sur les Îles de la Solitude. Ils ont  été jetés du haut du ciel. Ils errent, ils voguent, épaves au gré des accalmies ou des vents. Ils ne savent pas où ils vont. Parfois ils n’arrivent jamais. Presque toujours ils arrivent trop tard, ou celui qui les recueille ne sait pas lire. L’amour, c’est la bouteille à la mer.

    Germaine BEAUMONT

    Extrait de : Si je devais…


  • Commentaires

    1
    Vendredi 30 Août 2013 à 16:33

    Un bel optimisme et qui donne de la joie et de l'espèrance, une bouteille à la mer n'a rien de sur pourtant !

    Bises et merci Livia

    2
    Vendredi 30 Août 2013 à 18:19

    Bonjour Nettoue

    C'est une belle image d'espoir!

    Il faut toujours croire et espérer des jours meilleurs, j' m'efforce de le faire...

    Bses Nettoue

    3
    Samedi 31 Août 2013 à 22:12

    Je crois aux bouteilles à la mer. Quand elles finissent par arriver de belles rencontres peuvent avoir lieu. Le smariés ont lâché des ballons avec leur nom et n° de téléphone, mais pas de nouvelles pour le moment. Bisous

    4
    Samedi 31 Août 2013 à 23:45

    Bonsoir écureuil bleu 33

    Moi aussi j'aime beaucoup cette idée de messages confiés à la mer... C'est si poétique!

    Peut-être que les mariés auront des réponses. Bisous

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :