• C'est la rentrée...

     

     

     

     

     

    Littérature

     

     

    Pense-t-on consoler les enfants…

     

    Pense-t-on consoler les enfants qui rentrent en classe en composant pour eux des vitrines tout entières qui sont l’apothéose de « l’enfant studieux » ?

    L’enfant studieux vêtu d’un sarrau indéchirable avec des poches et des poignets renforcés lève au ciel des yeux de verre extasiés. Il est rose car il digère la cuisine de l’internat. Il est blond car l’algèbre a ses anges, comme la religion. Daniel livré aux lions de sa connaissance, il est sans imagination, comme les martyres. Et tout autour de lui s’étagent et s’alignent, ingénu zodiaque scolaire, trompeuses allégories, les instruments de sa gloire et de son supplice, ceux que nous avons vus déjà, pour la plupart, écroulés sous les pieds de la Mélancolie. Les grands d’abord. Le Livre, la Balance, la Sphère, le compas, l’atlas (herbier du monde). Puis les plumiers, les crayons, les fusains, les grattoirs, les pastels et les estompes, tout ce qui inscrit, et tout ce qui efface ; et l’insatiable ardoise noire et nourrie de chiffres blancs, mince dalle sous laquelle gisent les problèmes perdus et les Nombres chus en poussière. Et les cahiers que conduisent à leur destin le coq gaulois, Vercingétorix et Du Guesclin.

    L’enfant qui passe sur le trottoir et qui choisit avec dégoût, pour faire plaisir à sa mère, tel porte-plume ou tel canif, comment saura-t-il qu’il thésaurise pour les jours lointains où la vie l’admettra au suprême honneur de désapprendre ? Comment saura-t-il que ce qu’il exècre aujourd’hui il en discernera demain la nostalgique et secrète puissance, et que l’homme fait se nourrit des miettes tombées du festin des enfants.

    Un jour vient où l’on s’attarde devant ce carnaval d’accessoires, où l’on se prend à chérir le bariolage et l’odeur. C’est quand on connaît la valeur des mots qu’on donne de l’importance aux instruments qui les tracent. C’est quand on a beaucoup lu que la couverture des grammaires apparaît comme la porte d’un paradis perdu. C’est quand on a beaucoup voyagé que l’on désire ardemment, pour tout ce qu’ils évoquent d’exotisme, les plumiers de laque chamarrés de pagodes.

    Et ce n’est pas l’enfant qui est amoureux des cartes et d’estampes ; c’est le vieil enfant.

    Germaine BEAUMONT

    Extrait de : Si je devais…

     

    Il n’y a pas longtemps, quinze jours à peine, les enfants, nos petits enfants, rentraient sagement en classe, après avoir rêvé devant les étalages faits à leur intention par tous les magasins, grands, super grands, hyper grands…

    Cartables, avec princesses et « kitty » ;  pour « les petites  filles » ! Et cartables « cars » pour les « petits garçons ». Dans les hautes sphères du commerce, Dieu merci ! On n’abuse pas du « gender », et les petits enfants, ainsi que leurs parents sont ravis !

    Comme le raconte G. Beaumont ; l’excitation est à son comble dans les magasins, c’est neuf, c’est beau, et cela sent bon. Mais quelques jours suffisent à détester ce que hier l’on a aimé …

    Et ce sont, effectivement, les « vieux enfants », qui remontent le long des souvenirs, le cuir tanné par la vie, pour se pencher sur les cartes et les estampes !

    Liviaaugustae


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