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Par Liviaaugustae le 9 Septembre 2024 à 00:18
Sous les branches du chêne vieux…
(image pixabay)
Souvenir vague ou les parenthèses
Nous étions, ce soir-là, sous un chêne superbe
(Un chêne qui n'était peut-être qu'un tilleul)
Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
Laissé mon rocking-chair se balancer tout seul.
Blonde comme on ne l'est que dans les magazines
Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
(Un bouvreuil qui n'était peut-être qu'un linot).
D'un orchestre lointain arrivait un andante
(Andante qui n'était peut-être qu'un flon-flon)
Et le grand geste vert d'une branche pendante
Semblait, dans l'air du soir, jouer du violon.
Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre,
Et l'on voyait au loin, dans l'or clair d'un étang
(D'un étang qui n'était peut-être qu'une mare)
Des reflets d'arbres bleus descendre en tremblotant.
Et tandis qu'un espoir ouvrait en moi des ailes
(Un espoir qui n'était peut-être qu'un désir),
Votre balancement m'éventait de dentelles
Que mes doigts au passage essayaient de saisir.
Votre chapeau de paille agitait sa guirlande
Et votre col, d'un point de Gênes merveilleux
(De Gênes qui n'était peut-être que d'Irlande),
Se soulevait parfois jusqu'à voiler vos yeux.
Noir comme un gros pâté sur la marge d'un texte
Tomba sur votre robe un insecte, et la peur
(Une peur qui n'était peut-être qu'un prétexte)
Vous serra contre moi. - Cher insecte grimpeur !
L'ombre nous fit glisser aux chères confidences ;
Et dans votre grand œil plus tendre et plus hagard
J'apercevais une âme aux profondes nuances
(Une âme qui n'était peut-être qu'un regard).Edmond Rostand
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Par Liviaaugustae le 26 Août 2024 à 01:29
Les nénuphars...
(image pixabay)
Les nénuphars
L'étang dont le soleil chauffe la somnolence
Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;
Les uns, sortis de l'eau, se dressent tout tremblants,
Et dans l'air parfumé leur tige se balance.
D'autres n'ont encor pu fièrement émerger :
Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.
On les voit remuer doucement et nager :
L'eau frissonnante affleure aux bords de leur calice.Edmond Rostand
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Par Liviaaugustae le 12 Août 2024 à 01:10
Nous voici presque à la mi août et Phébus s’est enfin installé dans l’azur de notre ciel de vacances...
Il pèse de tous ses rayons sur la campagne alangui.
Soleil sur champs de blé...
(image pixabay)
Midi
Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
La Terre est assoupie en sa robe de feu.
L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.
Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la Terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil.
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.
Non loin, quelques bœufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais. […]
Leconte de Lisle
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Par Liviaaugustae le 29 Juillet 2024 à 00:02
Me voilà installée à Saint-Avé...
La Bretagne c'est le pays des phares et bien qu'il ne soit pas
breton, André Lemoyne en a fait un poème...
Livia
La lumière dans la nuit...
(image pixabay)
Veilleurs de nuit
De très loin j'aperçus planté sur un écueil,
Tas de rochers perdus, oubliés de la terre,
Dans le désert des flots, un phare solitaire,
Un vieux géant marin qui rallumait son œil.
Apportés par les vents, attirés par les flammes,
Des tourbillons d'oiseaux faisant cercle,alentour,
Comme les flots montaient ou baissaient tour à tour,
Obéissant du vol au bercement des lames.
Et dans le haut du phare, impassibles aux bruits,
Les deux veilleurs, par une étroite meurtrière,
Envoyant sur les eaux de longs jets de lumière,
D'éclairs intermittents coupaient la sombre nuit.
Oubliant pour un soir que leur vie était rude,
Dans l'éternel chaos de la mer et du ciel,
Ils s'étaient souvenus... Tous d'eux, fêtant Noël,
Souriaient dans leur froide et haute solitude.
André Lemoyne
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Par Liviaaugustae le 15 Juillet 2024 à 00:09
J'aime beaucoup cette branche d'alisier décrite par ce poète, je n'ai jamais vu de fleurs d'alisier, je les découvre aujourd'hui avec ce joli poème de Nérée Beauchemin.
LiviaFleur d'alisier Sorbus blanc...
(image wikipédia)La branche d'alisier chantant
Je l'ai tout à fait désapprise
La berceuse au rythme flottant,
Qu'effeuille, par les soirs de brise,
La branche d'alisier chantant.
Du rameau qu'un souffle balance,
La miraculeuse chanson,
Au souvenir de mon enfance,
A communiqué son frisson.
La musique de l'air, sans rime,
Glisse en mon rêve, et, bien souvent,
Je cherche à noter ce qu'exprime
Le chant de la feuille et du vent.
J'attends que la brise reprenne
La note où tremble un doux passé,
Pour que mon cœur , malgré sa peine,
Un jour, une heure en soit bercé.
Nul écho ne me la renvoie,
La berceuse de l'autre jour,
Ni les collines de la joie,
Ni les collines de l'amour.
La branche éolienne est morte ;
Et les rythmes mystérieux
Que le vent soupire à ma porte,
Gonflent le cœur, mouillent les yeux.
Le poète en mélancolie
Pleure de n'être plus enfant,
Pour ouïr ta chanson jolie,
Ô branche d'alisier chantant !Nérée Beauchemin
Un mot sur le poète
Charles-Nérée Beauchemin, né le 20 février 1850 et mort le 29 juin 1931, est un écrivain et médecin québécois.
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