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    Jonas, détail d'une page enluminée de la Bible moralisée d'Oxford, deuxième tome, copiée et enluminée à Paris entre 1235 et 1245, Parie BNF

     

     

     

    Représenté jeune comme le Chris, selon l'usage du XIIIe siècle, Dieu est isolé dans un nuage bleu. IL ordonne à l'énorme poisson de recracher Jonas : « Dieu parla au poisson qui vomit Jonas sur le rivage ». C'est le bord beige du médaillon, enjambé par Jonas, qui figure la terre ferme.

     

    Dieu avait envoyé Jonas prêcher la conversion à Ninive, capitale de l'empire assyrien qui avait asservi cruellement les royaumes d'Israël et de Judas, en 722 avant Jésus Christ. Mais Jonas s'embarque, pour fuir cette mission qui le terrifie, sur un bateau à destination de Tarsis, à l'extrémité du monde connu à l'époque. Alors Dieu déclenche une tempête. Terrifié, les marins prient leur dieu dans l'espoir d'être épargnés. Jonas, lui, dort dans sa cabine... « Le capitaine alla le trouver et lui dit : « Qu'est-ce que tu fais ? Tu dors ? Lèves-toi ! Invoques ton Dieu. Peut-être que ce dieu s'occupera de nous pour nous empêcher de périr. » Jonas finit par avouer que c'est lui qui a provoqué la colère de dieu. De nos jours encore, un passager que l'on soupçonne de porter malheur est appelé par les marins un Jonas...

     

    Les matelots prient alors Yavé de leur pardonner et, « s'emparant de Jonas il le jetèrent à la mer. » Mais Dieu a pitié de lui : « Dieu fit qu'il y eut un gros poisson pour engloutir Jonas. » le prophète va rester trois jours dans le ventre de cet énorme poisson,ou de la baleine, selon les traductions. C'est alors qu'il se décide enfin a adresser une belle et ardente prière à Dieu, qui prophétise la mort du Christ, sa descente aux enfers et sa Résurrection : « J'étais descendu dans les pays souterrains vers les peuples d'autrefois, mais de la fosse tu as fait remonter ma vie. » Jésus le confirmera au chapitre douze de l'évangile selon saint Matthieu : « De même que Jonas fut dans le ventre de la baleine trois jours et trois nuits, de même le Fils de l'Homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. »

     

    L'histoire de Jonas est un entétype (préfiguration, prophétie) du Christ. Jonas est le cinquième des douze petits prophètes à la fin de l'Ancien Testament, quelques siècles avant la naissance du Christ...

     

     

    Bible moralisée de Tolède appelée aussi Bible de Saint Louis, vers 1220- 1240, Cathédrale Sainte Marie Tolède Espagne

     

    Cette Bible, copiée et illustrée à Paris dans la première moitié du XIIIe siècle, appartint à un laïc inconnu de la cour de Saint Louis. Une bible moralisée, généralement publiée en plusieurs tomes, est composée de milliers de petits tableaux racontant tous les épisodes de la Bible, Ancien et Nouveaux Testament, avec un teste abrégé en regard de chaque image. A chaque scène biblique correspond une autre image qui en propose l'interprétation, inspirée des commentaires du théologien dominicain Hugues de Saint Cher. Elle était ditemoralisée car elle donne des règles de vie à suivre pour se comporter en bon chrétien.

     

    Le manuscrit de Paris n'est qu'un tiers de cette Bible ; le premier volume est conservé à la bibliothèque d'Oxford, et le troisième au British Museum de Londres. Elle connue un vif succès auprès des rois et des princes. Chaque page comporte huit médaillons, sur fond rouge dans la colonne de gauche, bleus dans celle de droite, comme sur lees vitraux du XIIIe siècle. Notre feuillet, raconte l'histoire de Jonas et la met en parallèle avec le Christ qui ne s'est pas dérobé à sa mission, est mort et a été enseveli, puis est ressuscité d'entre les morts.

     

    Marie-Gabrielle Leblanc

     


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    Les persécutions chrétiennes ont repris un peu partout dans le monde, et même chez nous en France les chrétiens sont très mal considérés... va-t-on un jour nous crucifier, nous pendre ou nous brûler ? Allez donc savoir !

     

    Les persécutions des chrétiens débutèrent à Rome sous le règne de Néron, en 64, il y a 1960 ans. Tous les prétextes – politiques, économiques, religieux – furent avancés pour justifier l'oppression du christianisme. La foi inébranlable de ces premiers martyrs nous livre une leçon d'une stupéfiante actualité.

     

     

    Crucifixion et apothéose des dix mille martyrs du mont Ararat (détail)

     

    Vittore Carpaccio (1515)

     

     

     

    Rome, 18 juillet64 :Un incendie incontrôlable, durant dix jours, détruit les deux tiers de la ville, fait des milliers de morts, des centaines de milliers de sans-abri. Le coupable supposé ? Néron, qui doit d'urgence détourner les soupçons. Son entourage suggère le bouc émissaire idéal, une petite secte d'origine juive dissidente : les « chrétiens ». On les prétend sorciers, sacrilèges, criminels. Peu importe que nul ne peut en apporter la preuve. D'ailleurs, ce sont des orientaux, les romains s'en méfient.

     

    Aujourd'hui, il est à peu près sûr que Néron n'est pas l'incendiaire de Rome, une bougie mal éteinte aurait mis le feu dans une maison d'après ce que j'ai lu dans un bouquin et comme les maisons étaient en bois, le feu s'est très rapidement propagé. Cependant, Néron adorait le feu, il chantait devant ce dernier en composant et en s'accompagnant de sa cithare... Livia

     

     

    Les torches de Néron ou Lumières chrétiennes ou Lumières du christianisme

     

    Henryk Siemiradzki

     

    «Le sujet du tableau est extrait de la première persécution sous Néron ; dans le magnifique jardin du Palais doré, Néron organise un « event *» pour une fête nocturne luxuriante ; dans la clairière devant la terrasse du palais se sont réunis des spectateurs dans l'attente impatiente du début d'un spectacle magnifique : des torches vivantes, des chrétiens attachés sur de grandes perches, couverts de paille et de résine, disposés à intervalles réguliers ; les torches ne sont pas encore allumées, mais l'empereur est déjà là, porté sur une litière dorée et entouré d'une cour de flatteurs, de femmes et de musiciens. Le signal est déjà donné et les esclaves se préparent à mettre le feu aux torches, dont la lumière illuminera la plus honteuse des orgies. Mais ce sont les mêmes lumières qui ont dispersé les ténèbres du monde païen, et en brûlant les martyrs dans d'horribles tourments ont répandus [sic] la nouvelle doctrine du Christ. C'est pourquoi je pense intituler mon tableau Lumières chrétiennes ou Lumières du christianisme. »

     

     

     

    *Event est un mot anglais qui signifie événement. Utilisé, en français dans le domaine de l'art, il prend un sens particulier et précis. L'event, en art contemporain, désigne une œuvre qui se caractérise par le fait que c'est le spectateur qui la constitue. L'artiste ou le groupe d'artistes dispose et utilise dans un lieu des objets, des peintures mais aussi des sons, des films que le spectateur va s'approprier pour créer lui-même une œuvre.

    (ici Néron a utilisé les chrétiens comme torches pour éclairer son dîner, le martyr des chrétiens était l'event de Néron !)

     

     

     


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    Moïse présentant les tables de la Loi

     

    Philippe de Champaigne

     

    C'est en 1663 que Philippe de Champaigne peint ce Moïse, pour un commanditaire inconnu. Il le représente après qu'il a reçu de Dieu les Tables de la Loi, sur le mont Horeb dans le massif du Sinaï (exode 20 et 34). Ces dix Commandements sont à la fois le signe concret de l'Alliance conclue par Dieu avec Israël, et la règle de vie morale proposée au peuple Hébreux. Moïse apparaît sous sa double fonction de Prophète apportant au peuple la Parole divine, et de législateur lui donnant les règles pour vivre selon le dessein de Dieu, comme l'indique la férule en bois qu'il tient dans sa main gauche. Pour ses contemporains, Champaigne conçoit ce thème comme une invitation à la conversion, et à l'obéissance à la volonté de Dieu.

     

    Le visage de Moïse est impressionnant de majesté car il a vu Dieu face à face : Il rayonne et reflète la gloire divine. Deux rayons lumineux émanent de sont front, en forme de cornes car, la vulgate, la version latine de la Bible, ces rayons avaient été traduit par cornes. Moïse montre les deux Tables avec son pouce et son index, geste qui rappelle ces fameuses cornes. Le majeur est visible aussi, ce qui peut être une préfiguration de la Sainte Trinité.

     

    Comme toujours chez Champaigne, le nuancier des couleurs est superbe : Le bleu éclatant, l'or étincelant, le rouge rubis profond... loin de distraire l'attention, elle rehausse la solennité de ce thème. Etant un des plus éminent prophète de l'Ancien Testament, Moïse porte de somptueux vêtements, tunique bleue à galon d'or, manteau entièrement brodée de fil d'or, doublé d'écarlate et retenu par un fermail carré en or pavé de rubis et de perles.

     

    A l'arrière plan, on distingue un paysage montagneux crépusculaire, juste avant la nuit noire, qui évoque le Sinaï.

     

    On dit souvent le mont Sinaï, ce qui est incorrect car le Sinaï est un massif au même titre que les Alpes, les Pyrénées ou les Carpates. Plusieurs siècles après Moïse, les juifs, qui faisaient des pélerinages sur leurs lieux saints, ont identifié l'Horeb de la Bible comme la montagne que nous appelons le Mont Moïse, où le monastère Sainte Catherine, fut construit au VIe siècle après Jésus Christ.

     

    Marie-Gabrielle Leblanc

     


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    La mort de saint Joseph

     

    Rutilio Manetti

     

     

     

    C'est le XVIIe siècle, après le Concile de Trente, qui fait de saint Joseph le patron de la bonne mort. Car il eut très probablement, bien que ce ne soit pas dit dans les évangiles, la grâce unique de mourir entre Jésus et Marie. Les peintres commencent alors à représenter la scène : Nicolas Mignard à Avignon, des peintres locaux dans les églises de Corse, Jacques Stella à Paris en 1655. Les romains aussi, comme l'atteste le splendide tableaux de Carlo Maratta exposé au Musée de Vienne.

     

    Manetti a peint vers 1632 ce tableau peu connu mais superbe. Joseph, mourant, est couché dans un lit. Il est livide et vêtu d'une tunique couleur de cendre, qui signifie qu'il est près de quitter cette terre : « Souviens-toi, homme, que tu es poussière... » il s'entretient affectueusement avec Jésus assis tout contre lui, qui lui tient la main,l'écoute et lui parle avec tendresse.

     

    A genoux au pied du lit, face au mourant, Marie est plongée dans la douleur, mais reconnaissante à Dieu et à Joseph pour le chemin parcouru ensemble. Elle est vêtue d'un manteau d'un bleu pâle, couleur inhabituelle à cette époque où on la représente plutôt avec un voile bleu lapis intense. Ce tableau original est d'une grande vivacité chromatique. Une lumière crue souligne les lourds vêtements creusés d'ombres, et marqués d'abondants plis cassés et complexes.

     

    Jésus est montré comme vrai Dieu et vrai homme. Comme l'indique les couleurs de son vêtement : le manteau bleu, couleur de son humanité, glisse et laisse la place au rouge de sa tunique, couleur de sa divinité. Dieu s'est fait homme, le Verbe éternel est venu dans notre monde, et va se révéler aux noces de Cana. Sa tête est entourée d'un nimbe lumineux, alors que Joseph arbore seulement une auréole comme un cercle fin. Curieusement, Marie est la seule à ne pas avoir d'auréole.

     

    Dans le ciel qui s'entrouvre, deux angelots et quatre chérubins vont introduire Joseph au Paradis. A gauche, deux grands anges ont, eux, les pieds sur le sol. Il s'agit de l'archange Michel, coiffé d'un casque et portant une cuirasse, qui tient une balance, symbole du Jugement Dernier où il pèsera toutes les âmes. Il parle à l'ange gardien de Joseph.

     

    Enigmes :

     

    Le Seigneur serait âgé de 25 à 30 ans. Les théologiens se sont longtemps demandés quand Joseph était mort, puisque après le Recouvrement au Temple il n'est plus question de lui. Trois opinions apparaissent. Il serait mort juste après cette épisode, ou bien au contraire après la Résurrection du Christ. Ces hypothèse sont invraisemblables pour la première, Marie et le jeune Jésus seraient alors restés sans ressources, et impossible pour la seconde : si Joseph avait été en vie, Jésus en croix n'aurait pas confié sa Mère à Jean. Saint Jérôme pense qu'il est mort avant le début de la vie publique du Christ, puisqu'il aurait sinon été présent aux noces de Cana. C'est pourquoi les peintres représentent Jésus comme un jeune homme devant le lit de mort de Joseph.

     

    Quel âge avait-il quand il a épousé Marie ? On a longtemps cru qu'il était veuf et âgé. Cette théorie à été écartée par le Concile de Trente en 1563, qui a même interdit aux artistes catholiques de le représenter chenu. On pense raisonnablement qu'il avait environ 18 ans au moment du mariage, selon la coutume des juifs. Notre peintre n'a pas respecté cette recommandation et s'en est tenu à la tradition d'un Joseph âgé.

     

    Marie-Gabrielle Leblanc

     

     

    Mon blog sera en pause quelques jours pour de petites vacances en famille.

     

     

     

    Au programme : doudous, bisous et câlinous...

     

     

     


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    Mercredi 14 Février, mercredi des Cendres, le Carême a commencé pour nous chrétiens.

     

    Nous laisserons-nous tenter par ce diable qui cherche par tous les moyens à nous entraîner avec lui dans ses turpitudes ?

     

    S'il a osé tenter le Fils de Dieu, il ne se prive par avec les hommes qui le suivent le plus souvent !

     

    Livia

     

     

    Les Trois tentations du Christ, cathédrale de Plaisance (Italie)

     

     

     

    Les trois tentations du Christ sont une partie du bandeau sculpté dans le marbre rose de Vérone, au début du XIIe siècle, sur la façade de la cathédrale de Plaisance (Piacenza), en Emilie Italie du Nord. Ce linteau décrit plusieurs épisodes de la vie du Christ.

     

    L'artiste roman a suivi les évangiles de Mathieu et Luc où sont racontées les tentations. « Alors Jésus fut conduit au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. Il jeûna 40 jours et 40 nuits. » (Mathieu)

     

    Les trois tentations sont figurées sous un petit arc roman en plein cintre, séparées les unes des autres.

     

     

    1er tentation

     

    Première tentation, à gauche. Jésus, juste après son baptême et avant le début de sa vie publique, vient de jeûner 40 jours dans le désert, en mémoire de quoi les chrétiens sont invités à jeûner et prier pendant le Carême. Le diable est hideux à souhait, mais tellement grotesque et dodu qu'il n'est pas très effrayant. Le sculpteur veut montrer qu'il ne faut pas craindre Satan, que Dieu est vainqueur du mal. Jésus a faim. Le tentateur en profite pour lui suggérer de changer les pierres en pains, tentation du matérialisme. Le geste vulgaire du diable qui se frotte l'estomac, est sans équivoque. Il contraste avec la solennité du Christ qui tient un évangile et donne clairement sa réponse. La parole de Dieu est mise en avant, car Jésus est Lui-même est le Verbe de Dieu. « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toutes paroles qui sort de la bouche de Dieu. »

     

     

    2er tentation

     

    Au centre, le diable a emmené Jésus au sommet du Temple, figuré comme une église byzantine. Il lui suggère de se jeter en bas et d'ordonner aux anges de le porter pour convertir ceux qui verront ce miracle : tentation de forcer la liberté de croire, de mettre Dieu en demeure de faire un miracle, de rechercher systématiquement les prodiges, non par dévotion sincère, mais par amour du sensationnel et du spectaculaire. Le visage de Jésus est plus grave. Il congédie le diable qui tourne les talons en lui montrant les dents. « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. » Là aussi, le Christ tient un évangile, même si il est moins mis en évidence que dans la première scène.

     

     

    3er tentation

     

    A droite, sur la montagne, le visage de Jésus devient encore plus sévère et même terrible, car Satan lui a proposé de l'adorer, lui promettant toute la terre en retour : tentation de l'idolâtrie et de l'accumulation des biens matériels, tentation du pouvoir pour le pouvoir. « retires toi Satan ! C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras. » Il est gravé en latin au-dessus des scènes : « Dieu est tenté trois fois par l'art de la ruse. »

     

    Marie-Gabrielle Leblanc

     

     

     

     

     

     


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