• Conseils d'un grand homme...

     

     

     

     

    Pendant que la mer gronde.

    Pendant que la mer gronde et que les vagues roulent,
    Et que sur l'horizon les tumultes s'écroulent,
    Ce veilleur, le poète, est monté sur sa tour.

    Ce qu'il veut, c'est qu'enfin la concorde ait son tour.

    Jadis, dans les temps noirs comme ceux où nous sommes,
    Le poète pensif ne se mêlait aux hommes
    Que pour les désarmer et leur verser son cœur ;
    Il aimait le vaincu sans haïr le vainqueur ;
    Il suppliait l'armée, il suppliait la ville ;
    Aux vivants aveuglés par la guerre civile
    Il montrait la clarté du vrai, du grand, du beau,
    Etant plus qu'eux tourné du côté du tombeau ;
    Et cet homme, au milieu d'un monde inexorable,
    Etait le messager de la paix vénérable.
    Il criait : N'a-t-on point assez souffert, hélas !
    Ne serons-nous pas bons à force d'être las ?
    C'était la fonction de cette voix qui passe
    De demander à tous, pour tous, Paix ! Pitié ! Grâce !
    Les devoirs sont encor les mêmes aujourd'hui.
    Le poète, humble jonc, a son cœur  pour appui.
    Il veut que l'homme vive, il veut que l'homme crée.
    Le ciel, cette demeure inconnue et sacrée,
    Prouve par sa beauté l'éternelle douceur ;
    La poésie au front lumineux est la sœur
    De la clémence, étant la sœur  de l'harmonie ;
    Elle affirme le vrai que la colère nie,
    Et le vrai c'est l'espoir, le vrai c'est la bonté ;
    Le grand rayon de l'art c'est la fraternité.

    À quoi bon aggraver notre sort par la haine ?
    Oh ! si l'homme pouvait écouter la géhenne,
    Si l'on savait la langue obscure des enfers, —
    De cette profondeur pleine du bruit des fers,
    De ce chaos hurlant d'affreuses destinées,
    De tous ces pauvres cœurs , de ces bouches damnées,
    De ces pleurs, de ces maux sans fin, de ces courroux,
    On entendrait sortir ce chant sombre : Aimons-nous !

    L'ouragan, l'océan, la tempête, l'abîme,
    Et le peuple, ont pour loi l'apaisement sublime,
    Et, quand l'heure est venue enfin de s'épouser,
    Le gouffre éperdu donne à la terre un baiser !
    Car rien n'est forcené, terrible, effréné, libre,
    Convulsif, effaré, fou, que pour l'équilibre ;
    Car il faut que tout cède aux branches du compas ;
    Car l'indignation des flots ne dure pas,
    L'écume est furieuse et n'est pas éternelle ;
    Le plus fauve aquilon demande à ployer l'aile ;
    Toute nuit mène à l'aube, et le soleil est sûr ;
    Tout orage finit par ce pardon, l'azur.

    Victor Hugo

     

     

     

    Conseils d'un grand homme...

    Alors que le navire France est balloté par des flots de haine, de meurtre et d’anathèmes, disons comme Hugo : « Aimons-nous » !

    Liviaaugustae

     


  • Commentaires

    1
    Dimanche 11 Janvier 2015 à 18:02
    Cigalette 106

    Bonsoir magnifique ce poème, grand merci bonne soirée

    2
    Dimanche 11 Janvier 2015 à 18:15

    Merci Cigalette, mais quand on emprunte à Victor Hugo, cela ne peut être que magnifique ! Bonne soirée

    3
    Pascal
    Dimanche 11 Janvier 2015 à 22:26

    Bonsoir Livia,

    Vous avez bien raison de parler d'un grand homme. Avec un ou deux autres Victor Hugo est l'écrivain pour qui j'ai une admiration sans borne.

    J'ai l'impression que dans ce monde nous sommes de moins en moins à prêcher l'amour, et ils sont de plus en plus nombreux à mettre la haine en avant.

    Je ne suis malheureusement guère optimiste et cela me désole.

    Bonne nuit Livia

    4
    Dimanche 11 Janvier 2015 à 23:33

    Bonsoir Pascal,

    J'ai moi aussi une grande admiration pour Victor Hugo, et ce qu'il écrit.est magnifique.

    Je ne suis guère plus optimiste que vous pour l'avenir et j'en suis désolée aussi.

    Nous allons essayer de vivre quand même en espérant, c'est la seule chose qui soit restée au fond de la boîte de Pandore...

    Bonne nuit Pascal

    5
    Lundi 12 Janvier 2015 à 22:50

    Merci de nous faire partager ce beau poème de Victor Hugo. Oui, aimons nous. Bisous

    6
    Lundi 12 Janvier 2015 à 23:39

    Bonsoir écureuil bleu,

    Je ne conaissais pas ce poème de Hugo, il faut dire qu'il a été tellement prolixe que je pense en découvrir encor. Celui-ci est vraiment très beau. Bisous Brigitte

    7
    Mardi 27 Janvier 2015 à 15:46
    m'annette

    Que cette image est belle!

    Il y a de quoi se régaler sur ton blog!

    Merci de ta visite et bonne journée

    8
    Mardi 27 Janvier 2015 à 17:14

    Bonjour m'annette,

    Merci à toi aussi et bonne fin d'après midi

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