• L'île natale...

     

     

     

     

    L'île natale...

    Le papillon géant de l’île natale…

    (Image internet)


    Vive la vie !

     Je suis las et recru comme un vieux patriarche.
    J'entends venir à moi la douce nuit qui marche,
    Docile au vœu baudelairien,
    Et, poursuivant des  yeux mon passé qui recule
    Dans les  molles vapeurs d'un brumeux crépuscule,
    Mes regards  n'y distinguent rien.


    Mes pas n'ont pas laissé de traces dans le sable
    Et, sur l'écran des jours, mon œuvre  périssable
    Hélas !  n'aura pas survécu.
    Je n'ai su ni voulu bâtir une opulence;
    Je n'ai pas offensé de faux-poids ma balance;
    J'ai toujours manqué d'un écu.


    Et pourtant, et pourtant si c'était à refaire,
    Malgré  l’expérience et les regrets,  j'infère
    Qu’empruntant le même chemin
    Je meurtrirais ma chair aux mêmes chocs sans doute
    Et serais à nouveau, sur la pierreuse route,
    Le pauvre gueux qui tend la main.

     Mais  tandis qu'en leur soir les êtres que  nous sommes
    Ne retrouvent jamais leur premier paradis,
    II n’est point d'amertume aux choses que je dis,
    Car rien ne peut troubler mes veilles ni mes sommes.

    Je souris à la vie et souris au destin
    Et la joie habite au fond de mes moelles.
    J'ai donné mon cœur à l'or des étoiles,
    A l'or du soleil qui dissout les voiles
    De la timide aurore et du pâle matin.
    Que m'importe donc ou gloire ou fortune ?
     De telles faveurs je ne brigue aucune,
    Mais j'aime voir luire un rayon de lune
    Sur le brin d'herbe proche ou sur l'arbre lointain.

    Chaque phase du jour vient parer la nature
    De la blancheur de l'aube aux flammes du couchant,
    Et l'oiseau matinal qui module son chant
    Dit à l'azur merci pour la belle aventure.

    La brise dans les blés met un mouvant frisson ;
    Au vent qui leur dit de tendres paroles
    Les coquelicots ouvrent leurs corolles.
    Les cirrus neigeux sont des banderoles
    Qui fêtent le retour de la bonne saison.
    Le rouge corset de la coccinelle
    Orne le rideau vert de la tonnelle ;
    De son tapis bleu la mer éternelle
    Rejoint partout le ciel au bout de l'horizon.

    Le papillon géant de mon île natale,
    Étendu sur le flot et dans mon souvenir,
    Enchante chaque jour mon âme occidentale
    Attendant sans souci la mort lente à venir.

    Et puis comment pourrais-je être triste ou morose
    Alors que chaque lis, alors que chaque rose
    Offrent leurs grâces au soleil,
    Et que je suis l'heureux amant de ma Chimère,
    Et que chaque bambin qui sourit à sa mère
    Reçoit un sourire pareil ?

    Si moi-même ai perdu l'ardeur de la jeunesse,
    II suffit maintenant que mon cœur reconnaisse
    Qu'elle éclate ailleurs aujourd'hui:
    Toujours des amoureux vont à deux par les rues,
    Et de jeunes beautés, chaque soir accourues,
    Narguent le temps qui s'est enfui.

    Qu'importe donc, qu'importe une ombre qui s'efface ? 
    Le monde a pour jamais son émouvante face
    Que rien ne saurait déformer,
    Et les nouveaux garçons qui hantent les charmilles,
    Buvant l'azur du ciel dans les yeux bleus des filles,
    Sont ivres du bonheur d'aimer !

    GILBERT DE CHAMBERTRAND.

     

    Un petit mot sur l’artiste…

     

     

     

    L'île natale...

    Il naquit à Pointe-à-Pitre en 1890.   

    Très tôt, dès 1905, ses poèmes parurent dans la presse locale comme par exemple : le Nouvelliste d'Adolphe Lara.
    Photographe, conférencier, écrivain et dessinateur il ne manque pas d'humour.
     

      

    Il est l’héritier d’une très ancienne famille guadeloupéenne d’origine vendéenne. 

    Il fut homme de théâtre, photographe, poète, dessinateur et journaliste. 

    Son recueil de poèmes D’azur et de sable fut couronné par l’Académie française. Conteur, et rêveur, il nous livre ici, une Guadeloupe disparue… 

    Ce poème éveille des souvenirs, pareille à une vielle carte retrouvée dans un  « galetas » (grenier), et émeut ceux qui on connue la Guadeloupe à cette époque… 

    Il mourut en 1984, en Métropole.

     

    Malheureusement,  méconnu et totalement oublié, ses œuvres ne sont plus éditées, il n’y en a même plus d’occasion... Quel dommage !

    Liviaaugustae 

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Septembre 2014 à 09:00

    Bonjour

    Malheureusement, je passe en coup de vent, je repasserais demain!

    Belle journée

    Bisous

    2
    Lundi 15 Septembre 2014 à 09:20

    Bonjour Wolfe,

    Merci de ta visite et bonne journée

    Bisous

    3
    Lundi 15 Septembre 2014 à 09:48

    Oh oui, quel dommage!

    J'espère qu'un jour, il sera réparé

    Merci  de nous le faire connaître

    4
    Lundi 15 Septembre 2014 à 10:00

    Bonjour gazou,

    Heureusement j'ai le recueil "d'Azur et de sable" acheté il y a bien longtemps, c'est une poésie, pleine de délicatesse qui fait vivre vraiment cette belle île qu'est la Guadeloupe, une île chère à mon coeur, car c'est aussi la mienne.

     

    5
    Lundi 15 Septembre 2014 à 16:17
    francinea

    bonjour, ça alors, mais il faut le republier, j'ai beaucoup aimé ce poème; je te souhaite une bonne journée bisou

    6
    Lundi 15 Septembre 2014 à 18:07

    Bonjour Francine,

    C'est un grand poète, mais complètement oublié et plus édité...c'est très dommage!

    Bisous

    7
    Dimanche 21 Septembre 2014 à 17:45

    Oui c'est dommage car c'état un poète talentueux ! Bisous

    8
    Dimanche 21 Septembre 2014 à 23:17

    Bonsoir Brigitte,

    C'est malheureusement vrai pour nombre de poètes et de peintres. Bisous

    9
    Jipehem
    Mercredi 30 Décembre 2020 à 23:06

    Il faut aller voir son site Wikipédia !

    (Gilbert de Chambertrand)

    Et Meilleurs vœux pour 2021 !

      • Jeudi 31 Décembre 2020 à 00:09

        Merci et meilleurs voeux pour 2021

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