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Montée à la Souffrière...
La chaîne de montagne, prise d’un bateau, la Soufrière se cache souvent derrière les nuages…
En remontant le temps…
C’était en ce temps-là, encore la forêt vierge sur les flancs du volcan. * »Calumettes » et « *bois patates », étroitement mêlés avec les « *marie-jeanne » et les « *herbes coupantes », couvraient alors le sol uniformément, en halliers touffus, tandis que la vanille sauvage enlaçait les grands arbres, pour aller tout en haut épouser l’orchidée.
L’air embaumait des senteurs végétales. Odeurs capiteuse des forêts tropicales.
« Les parfums sont de puissants magiciens pouvant vous transporter au travers des années que vous avez vécues ».
HELEN KELLER
Nous partions « douvan jou » (mot créole : c’est-à-dire juste avant le lever du jour), avec des flambeaux. Les hommes marchaient devant armés de « grands sabres » (machettes) et ouvraient le chemin en faisant, à chaque coup, pleuvoir sur nos têtes en gouttes très serrées, toute la rosée dont la fraîcheur nocturne avait baigné les arbres. La lueur des flambeaux éclairant les sous-bois, réveillait les oiseaux, plumes ébouriffées, qui n’osaient pas chanter, leur instinct leur soufflait que cette tremblante lueur n’étant point celle de l’aube.
Le dos endolori par nos sacs pesants, et les pieds dans la boue, nous avancions têtus pour atteindre la cime. (1400 mètres).
Et là, couchés, dans l’herbe mouillée, harassés mais heureux, nous assistions éblouis au somptueux lever du soleil tropical, qui, déchirant d’un coup les voiles de la nuit, éclaboussait l’azur de son or en fusion.
Puis en redescendant, nous nous arrêtions « aux bains jaunes », piscine naturelle et chaude, pour délasser nos membres fatigués. Après le bain, nous déballions les provisions que chacun avaient apportées, pour nous sustenter, avant de reprendre la descente, un peu moins difficile que la montée. Il fallait toute fois faire attention, la terre dans les sous-bois, que le soleil ne parvenait pas à percer, était une vraie patinoire par endroits.
C’était il y a longtemps ! Du temps, où la Soufrière ronronnait comme une chatte, et laissait échapper de toutes petites fumerolles, « le calumet de la paix » en quelque sorte…
Depuis sa grosse colère de 1976, qui l’a creusée, défigurée, on ne monte plus tout en haut, et pour grimper 20 mètres, il faut le faire avec un guide aguerri. Car aujourd’hui, mille précautions s’imposent pour approcher cette « Dame capricieuse», si l’on ne veut pas finir en barbecue !
La Soufrière aujourd’hui : « vieille terre française, éruptive et passionnée…
Blog du scrutateur : http://www.lescrutateur.com/
*Calumette : nom local, d’une espèce de fougère.
*Bois patates : nom local, d’une plante rampante, dont les lapins raffolent, nous allions en ramasser avec la charrette que tirait une vieille jument prénommée Delphine, pour les lapins que mes grands-parents élevaient à la Prise-d’Eau. (Basse-Terre)
*Marie-Jeanne : nom local d’une plante rampante elle aussi, mais armée de méchante épines, quand on la touche elle se referme, les pieds ne les apprécient pas, les lapins non plus…
*Herbes coupantes : nom local d’une plante, dont les feuilles vous cisaillent la peau, comme le ferait un rasoir, d’où son nom.
Liviaaugustae
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Commentaires
REPONSE A NETTOUE
Merci Nettoue, j'apprécie ton jugement moi aussi.
La fête de la musique, je vais la fêter chez moi avec... de bon livres!
Bises Nettoue
REPONSE A MOQUEPLET
La deuxième, c'est la Souffrière "après l'érution de 1976", elle est toute chauve... Bisous et bon dimanche
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Bonjour Livia
Tu transmet et écris toi-même de très jolies choses, alors j'apprécie d'autant plus ton jugement.
Bises et bonne fête de la musique