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Poème
Petite fille à la gerbe (1888) par Pierre-Auguste Renoir.
(Musée d’Art Moderne Säo Paulo)
Poème pour une petite fille…
Je me sens toute petite, parfois, toute pauvre gosse. Je suis triste. Pourquoi ?
Pourquoi ? Je ne sais pas pourquoi cette mélancolie qui m’étreint parfois si fortement ? Ma vieille amie me dirait en secouant sa jolie tête, spirituelle sous ses cheveux d’argent : « Ce n’est rien. C’est un peu de jeunesse. »
Ce n’est pas très gai tous les jours d’être jeune, ma pauvre chérie. La jeunesse, c’est la période la plus difficile, la plus compliquée de la vie. Celle où vous lui demandez trop et où elle vous donne trop peu…
A dix-huit ans, on veut tout. La vie paraît un festin : va-t-on le commencer par des miettes ? On veut tout le bonheur, tout l’amour… Tout. On est faible, mais orgueilleux. Lorsque follement on convoite un astre, on ne se contente pas d’un rayon… On désire le jardin tout entier et non pas une fleur.
Oh ! plus tard, bien plus tard, on est humble, on est plus sage ; on se satisfait parfois d’une seule corolle à demi effeuillée, d’un pétale, d’un coin de ciel bleu entre deux orages.
HOUVILLE.
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