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Des Saisons et des Jours
CET EDEN SIMPLE ET LUMINEUX…
L’été n’est pas une saison, un temps. C’est un lieu. Il ne passe pas. Il demeure. On peut le retrouver, y retourner. Ou aller le rechercher, ailleurs. Même en plein cœur de l’hiver. Mais c’est toujours cet été là que l’on veut rejoindre. L’été idéal, celui « d’avant », l’été éternel des jours et des heures brûlés par l’insouciance solaire. De ce lieu qui s’appelle été, je garde : la rue du village corse, désertée, aplatie sous la lumière de la sieste, les façades de pierre tous volets clos, les ombres verticales bleu-violet des platanes, la fontaine fraîche. Je descends seul tous les jours, cette rue, été après été, pour aller à la rivière, glacée entre les rochers brûlants au soleil. De l’été, je garde aussi cette heure dite de la sieste. Heures interminables, perdues, trop chaudes, dit-on, pour se baigner, alors dédiées à cette torture de l’enfance qui gâche tout le plaisir des jours légers : les « devoirs de vacances », oximore* cruel. […]
*(du grec oximôron, de, oxus « aigu » et môros « sot, fou » Figure qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires pour leur donner plus de force expressive, ex. Une douce violence). (Dictionnaire : Le Petit Robert)
Pierre Hardy, (styliste)
Extrait de : Figaro Madame
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