-
Enquêtes...
Île inhabitée dans les Palaos…
(Image Wikipédia)
L’ENQUETE ETANT A LA MODE…
L’enquête étant à la mode il faut être toujours sur le qui-vive, et prêt à répondre avec esprit à des questions qui laisseraient pantois le sphinx lui-même.
L’enquêteur ne sait point que vous avez horreur des voyages, mais vous somme d’envisager la perspective d’un naufrage sur une île déserte à seule fin de connaître le livre que vous aimeriez lire là-bas, toute nue et face à Dieu, en attendant le passage du navire libérateur. En vain vous insinuez que, quand à sauver quelque chose, vous préféreriez que ce fût une boîte de conserves ou un peignoir. Malheureuse, ne savez-vous pas que sur une île déserte on ne fait que lire, et même lire la Bible, Kant, la Logique de Port-Royal, la table des logarithmes ou la cuisine bourgeoise de tante Culina, bref tous les recueils de mots câlins et tendres, de mots qui font rêver d’amour ?
D’amour. Le grand mot est lâché. D’amour.
L’enquêteur vibre. Aimez-vous ? Qui aimez-vous ? Pourquoi aimez-vous ? Aimerez-vous longtemps ? A quel âge faut-il commencer à aimer ? A quel âge faut-il finir ? Vos amours sont-elles normales ? Sont-elles basées sur l’odorat, la vue, le toucher, le goût, le risque, la race, ou l’intérêt ? L’assassinat, jusqu’ici considéré comme un des beaux-arts, est-il une preuve d’amour ? Est-il préférable de tuer l’objet aimé avec une arme à feu, une arme blanche, ou un instrument contondant ?
Qu’est-ce qui rend le plus heureux, l’amour profane ou l’amour divin ? Préférez-vous le plaisir sans amour, ou l’amour sans plaisir ? Combien de personnes peut-on aimer à la fois ? Voudriez-vous être Messaline, sainte Thérèse, Madame Tallien, Belle de jour ?
La profondeur de ces questions infinies vous effraie et vous hésitez à répondre. Répondez et mentez. La tradition vous interdit d’être véridique ; l’enquêteur ne vous demande que d’être original, afin de permettre que ses lecteurs rougissent, s’écrient : «Ah ! Ah ! » « Tiens, tiens ! » ou même : « Pourquoi pas ? »
Germaine BEAUMONT
Extrait de : Si je devais…
Cela m’amuse de lire ce genre d’enquête, lorsque je feuillette, « Gala, Voici » etc … chez mon coiffeur, ou dans une salle d’attente quelconque. Je suis surprise que certaines « stars » répondent sans broncher : « moi je lis Kant, j’aaadôre ! », ou bien « moi, je lis l’Eneide en latin » etc… (Celle-là, je l’ai lu vraiment). Alors que vous avez vu à la télé, une interview (lamentable) de cette même « star », balbutiante, qui peinait à trouver ses mots.
Et dans tous les questionnaires de Proust, le moindre petit acteur, (trice) le moindre petit chanteur, (se) partent sur une île déserte avec… Kant, le plus souvent ! Son patronyme est sans doute le plus connut ?
Beaumont écrivait cela en 1930 !
Au XXIe siècle, même avec des moyens de communication, infinis, cela continue, les journalistes n’ayant toujours rien à dire, continuent d’enquêter… Sur rien !
Comme quoi, rien ne change sous le soleil !
Liviaaugustae
-
Commentaires
Réponse à écureil bleu 33
Bravo!
Que ton enquête ait pu servir, et offrir un parc à des personnes qui parfois, ne peuvent pas partir, c'est parfait, mes compliments. Bisous
Ajouter un commentaire
J'ai commencé à travailler, un petit job d'été, comme enquêtrice. J'interviewais des Bordelais sur leur perception de leur quartier et leurs désirs d'amélioration. Suite à l'enquête le Parc Rivière jusque-là privé et fermé, a été ouvert pour offrir à ces habitants un espace vert de plus. Mais je suis d'accord la plupart des enquêtes ne servent à rien. Bisous