• L’Homme orchestre…

     

     

     

     

     

    Littérature

     

     

    CHARLES CROS.

     

     

     

    Charles Cros, né le 1er octobre 1842 à Fabrezan (Aude), originaire d’une famille de Lagasse (Aude), et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Charles Cros possède son Musée à Fabrezan.

    C’est un scientifique et un poète.

    En 1867, il présente à l’exposition un prototype du télégraphe.

    En1869, il présente à la Société française de photographie un procédé de photographie en couleurs qui est à l’origine du procédé de trichromie.

    En avril 1877, il adresse à l’Académie des sciences un mémoire décrivant un appareil de reproduction des sons, qu’il nomme « paléophone » (prototype du phonographe).

    Le poète :

    Il publie ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain, il fréquente les cercles et cafés littéraires de la bohème de l’époque, ainsi que le salon de Nina de Villard qui sera sa maîtresse jusqu’en 1877.

    Son œuvre de poète, brillante (sera plus tard l’une des sources d’inspiration du surréalisme) est cependant ignorée à son époque.

    (wikipédia)

     

     

     

    Littérature

     

    Ariane (1898)

    John William Waterhouse

    (Collection particulière)

     

     

    La Distrayeuse…

     

    La chambre est pleine de parfums. Sur la table basse, dans des corbeilles, il ya du réséda, du jasmin et toutes sortes de petites fleurs rouges, jaunes et bleues.

    Blondes émigrantes du pays des longs crépuscules, du pays des rêves, les visions débarquent dans ma fantaisie. Elles y courent, y crient et s’y pressent tant, que je voudrais les en faire sortir.

    Je prends des feuilles de papier bien blanc et bien lisse, et des plumes couleurs d’ambre qui glissent sur le papier avec des cris d’hirondelles. Je veux donner aux visions inquiètes l’abri du rythme et de la rime.

    Mais voilà que sur le papier blanc et lisse, où glissait ma plume en criant comme une hirondelle sur son lac, tombent des fleurs de réséda, de jasmin et d’autres petites fleurs rouges, jaunes et bleues.

    C’était Elle, que je n’avais pas vue et qui secouait les bouquets des corbeilles sur la table basse.

    Mais les visions s’agitaient toujours et voulaient repartir. Alors, oubliant qu’Elle était là, belle et blanche, j’ai soufflé contre les petites fleurs semées sur la papier et je me suis repris à courir après les visions, qui, sous leurs manteaux de voyageuses, ont des ailes traîtresses.

    J’allais en emprisonner une, -sauvage fille au regard vert, - dans une étroite strophe, quand Elle est venue s’accouder sur la table basse, à côté de moi, si bien que ses seins irritants caressaient le papier lisse.

    Le dernier vers de la strophe restait à souder. C’est ainsi qu’Elle m’en a empêché, et que la vision au regard vert s’est enfuie, ne laissant dans la strophe ouverte que son manteau de voyageuse et un peu de nacre de ses ailes.

    Oh ! la distrayeuse !... J’allais lui donner le baiser qu’elle attendait, quand les visions remuantes, les chères migrantes aux odeurs lointaines ont reformé leurs danses dans ma fantaisie.

    Aussi, j’ai oublié encore qu’Elle était là, blanche et nue. J’ai voulu clore l’étroite strophe par le dernier vers, indestructible chaîne d’acier idéal, niellée d’or stellaire, qu’incrustaient les splendeurs des couchants cristallisées dans ma mémoire.

    Et j’ai un peu écarté de la main ses seins gonflés de désirs irritants, qui masquaient sur le papier lisse la place du dernier vers. Ma plume a repris son vol, en criant comme l’hirondelle qui rase un lac tranquille, avant l’orage.

    Mais voilà qu’Elle s’est étendue, belle, blanche et nue, sur la table basse, au-dessous des corbeilles, cachant sous son beau corps alangui la feuille entière de papier lisse.

    Alors les visions se sont envolées toutes bien loin, pour ne plus revenir.

    Mes yeux, mes lèvres et mes mains se sont perdus dans l’aromatique broussaille de sa nuque, sous l’étreinte obstinée de ses bras et sur ses seins gonflés de désirs.

    Et je n’ai plus vu que ce beau corps alangui, tiède, blanc et lisse où tombaient, des corbeilles agitées, les résédas, les jasmins et d’autres petites fleurs rouges, jaunes et bleues.

    Charles Cros

     

    En me baladant sur le net, j’ai découvert ce français, poète/inventeur, dont je n’avais jamais entendu parler…

    J’aime bien ce texte, sensuel et fleuri.

    Liviaaugustae

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 8 Octobre 2013 à 15:59

    Je viens de le découvrir chez-toi, et c'est une découverte interèssante, sauf que je n'aime pas sa coiffure !

    Bises ma Livia

    2
    Mardi 8 Octobre 2013 à 19:59

    Bonsoir nettoue,

    C'était la coiffure de l'époque il me rappellle un vieil oncle, qui avait comme lui une coiffure en bouclettes, et nous nous moquions de lui (derrière son dos biensur).

    Mais j'aime beaucoup sa prose.

    Bises ma nettoue

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