• La bibliothèque bleue...

     

     

     

     

    Littérature

    Un des succès de la Bibliothèque bleue : Huon de Bordeaux imprimé à Troyes par la veuve Oudot (Anne Hussard) vers 1720.

    (Image Wikipédia)

     

     

    LA SAGESSE DE LA NATION

     

    D’Henri IV à Jules Grévy, des colporteurs ont sillonné les campagnes françaises afin de vendre aux « petites gens », à « ceux qui n’ont pas connaissance des bibliothèques », à « la classe la plus modeste et qui lit peu » des livres à couvertures bleue, imprimés sur du papier à emballer les pains de sucre.

    Il y à là un trésor de littérature populaire qu’on ne connaît plus, qui n’a guère été étudiée et qui est pourtant passionnante puisqu’elle a nourri les rêves du peuple français durant trois siècles.

    La « Bibliothèque bleue » a été, pour des générations de paysans, d’artisans, d’ouvriers, de bourgeois de chez nous (et de personnes de qualité, car je suis bien sûr qu’elles aussi devaient l’acheter), l’équivalent de la télévision et de la radio.

    Elle leur apportait ce que ces deux inventions propagent dans les foyers : des nouvelles, des aventures, des récits édifiants, des histoires de rois ou de brigands, des prévisions météorologiques, des recettes de santé ou de bien-être, des conseils pratiques, une espèce de sagesse quotidienne roublarde ou naïve et surtout un certain « esprit d’époque ». La Bibliothèque bleue, c’était le monde à domicile pour des gens qui ne bougeaient pas.

    Madame Geneviève Bollème s’est plongée dans cet océan d’imprimés. Elle a recensé plus de mille titres, parmi lesquels soixante-trois almanachs. Elle en a fait une anthologie qu’elle a intitulée très judicieusement La Bible bleue.

    C’et bien d’une bible qu’il s’agit, une bible en mille volumes, contenant tout ce qui est utile à savoir ou agréable à entendre.

    La Vierge Marie, racontant l’Annonciation, soupire :

    A la venue de l’Ange,

    Je sens mon cœur

    D’une manière étrange

    Battre de peur…

    Le très noble Charlemagne mangeait à son repas « le quart d’un mouton, une ou deux gélines, ou une oie, ou un jambon, ou un paon, ou une grue, ou un lièvre tout entier. Il était si fort qu’il fendait depuis le haut de la tête jusques en bas un chevalier sur son cheval ».

    Un bon clystère se prépare avec de l’e         au, du sel et du jaune d’œuf. On peut y ajouter de l’huile, du lait et de la térébenthine. « Le tout se donne tiède ».

    Une des caractéristiques de la Bibliothèque bleue est que quoique étant l’œuvre d’auteurs anonymes, elle est, dans l’ensemble bien écrite. Dans les productions du XVIIIe siècle, on sent la patte élégante des jésuites. Je relève ceci dans le récit de l’exécution de Pougatchev extrait du Véritable Messager boiteux de Bâle (1776) : « En même temps l’on déshabilla Pougatchev ; et il y aida lui-même avec beaucoup de présence d’esprit. » Ne dirait-on pas du Mérimée ?

    Il existe très peu de chemins pour aller à la découverte de la France secrète, de la France mystérieuse, de la France des profondeurs. La Bibliothèque bleue en est un, et des plus pittoresques. On ne peut lire les textes choisis par Mme Bollème sans attendrissement ni amusement.

    Avec eux nous touchons à nos ancêtres, nous voyons nos racines, nous découvrons ce qui meublait les têtes de ces bonnes gens qui, en trois cent ans, ont fait obscurément de la France le sel de la terre.

    Jean DUTOUR

    Extrait de : Contre les dégoûts de la vie.

     

    Grâce à Jean Dutour, j’ai appris l’existence de cette Bibliothèque bleue, jamais, au paravent je n’en avais entendu parler.

    Mais sur Wikipédia, (on sait tout, ou presque tout), l’existence de cette bibliothèque-là, était connue ! Et j’en ai profité pour en extraire l’image de cet incunable.

    En lisant, on apprend beaucoup pour pas  cher !

    Liviaaugustae


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