AMEDEE ERNEST CHAUSSON.
Compositeur français.
Amédée Ernest Chausson (1885-1899)
Evoluant dans un milieu familial aisé, mais feutré, Ernest Chausson se vit confié à un précepteur, Berthous-Lafargue, qui suscita en lui le goût de l’étude et de la culture (lecture, dessin,
expositions, concerts) et le fit pénétrer dans divers salons littéraires ou musicaux (Mme Jobert, Mme de rayssac). Chausson y côtoya des artistes qui devaient avoir une influence non
négligeable sur son esthétique : Fantin-Latour, Odile Redon, Vincent d’Indy qui le présenta à César Franck. Son caractère grave, méditatif, voire mélancolque, s’en trouva renforcé, comme
sa soif d’absolu qui le fit alors hésiter entre la littérature, le dessin et la musique.
Pour complaire à sa famille, il passa la licence, puis le doctorat en droit. Reçu avocat à la cour d’appel de Paris, il préféra rejoindre au Conservatoire, les cours de Massenet (classe
d’instrumentation) et de Franck (auditeur libre). A ce double enseignement qui imprègne les Mélodies de jeunesse, et le Trio – de forme franckiste « cyclique » -, Chausson
ajouta l’influence de Wagner découvert à Munich.
Dès cette époque, il se montra plus sûr de son langage : Sept mélodies, op 2 ; Viviane, poème symphonique, dédié à sa fiancée, Jeanne Escudier qu’il emmena après son mariage (le 20
juin 1883) en voyage de noces à Bayreuth.
Chausson mena désormais une existence partagée entre famille et musique (composition, animation de la Société nationale de musique SNM). Auprès de sa femme et de ses cinq enfants, il trouva
équilibre et bonheur réel, qui s’expriment bien dans sa Correspondance et dans les œuvres telles que la Nuit, le Réveil, l’Apaisement, Cantique à
l’épouse.
A Paris durant la saison, il recevait, en son salon célèbre du 22 boulevard de Courcelles, toute l’intelligentsia de son temps – de Mallarmé à Régnier, de Tourgueniev à Lalo, des franckistes à
Debussy et Albéniz…
Travailleur infatigable, Chausson s’acharne sur ses partitions, à la fois pour réduire à néant son défaitisme latent et pour ne point passer aux yeux du monde pour un amateur
aisé.
Tout ceci explique que, tard venu dans la musique et mort prématurément d’un accident de bicyclette à 44 ans, alors qu’il travaillait au 3em mouvement de son Quatuor à cordes, Chausson ait
finalement laissé un œuvre important en nombre comme en qualité, et où tous les genres se trouvent pratiquement représentés.
Amédée Ernest Chausson (1897)
Cet œuvre s’étend sur quelque dix-sept années, de 1882 à 1899. Marquées par sa vaste culture littéraire […]
Sous l’influence de son ami Debussy, dont il admirait les œuvres, Chausson, devenu pleinement maître de sa technique, éprouvant le désir dépurer son style et de tendre vers un classicisme fait de
clarté et de concision, à la fois dans l’architecture et le discours, retrouva alors le chemin de la musique de chambre : Quatuor avec piano op.30, œuvre lumineuse,
déridée ;
Ballata d’après Dante, Quelques danses et Paysage pour piano, enfin l’ultime Quatuor à cordes, austère, dépouillé, grandiose, commencé en 1897 mais que la mort l’empêcha
d’achever.
De tempérament intimiste (d’où les nombreuses mélodies), formé à l’école de Massenet, Franck et Wagner, de Beethoven et de Schumann, Chausson sut se dégager très rapidement des influences reçues
pour retrouver le sens de l’architecture classique française et la règle qui corrige l’émotion.
D’une grande probité, généreux autant que délicat (témoin son aide à Debussy ou Albéniz), lié d’amitié avec les plus grands artistes de son époque, il apparaît ainsi comme un témoin et un acteur
privilégié de la sensibilité française de son temps.
Tombe d’Amédée Ernest Chausson au Père Lachaise.
Extrait de : Dictionnaire de la Musique (Larousse)