Et
puis, on allume le feu,
Le
four chauffe doucement.
On y
enfourne les grosses boules de farine…
Qui
deviendront : le pain…
C.F.
LE PAIN
« A
la maison, c’est toujours toi qui fais le pain,
O ma
Mère, et te je vois, blanche de farine,
Remuer
la pâte souple, qu’un levain
Doit
féconder. Voici le four qui s’illumine ;
Les
flammes blondes ont jailli du creux béant
Où
crépite un fagot sec de ramilles
Bouleau
roux, coudrier fin ou charmille
Et
l’on dirait la bouche énorme d’un géant.
Le
fourgon ramène en hâte les braises
Eblouissantes
sur le seuil de la fournaise
Où le
feu multicolore est tapi ;
Mais
bientôt la voûte basse a blanchi ;
Sur
la pelle de bois large on retourne
Les
pains gonflés qu’on démaillote et qu’on enfourne.
Les
voici tout blonds et côte à côte allongés,
Comme
des marmots qu’on a couchés tout en larmes,
Et
qui se sont pris tout gentiment dans l’ombre à songer !
Tout
pénétrés du charme ardant des vives flammes,
Ils
ressortent, tentateurs, comme des fruits
Ronds
et dorés. Au milieu d’eux la tarte luit,
Que
déjà les gourmandises convoitent.
O ma
Mère, je te vois les tempes moites :
Comme
ce labeur, quoique béni, te deviens lourd !
Ah !
C’est une œuvre de tendresse et d’amour
Que
tu veux jusqu’à la fin, sans défaillance,
Accomplir.
C’est l’œuvre sainte d’espérance,
Tu
apaises parmi nous une double faim :
Quelque
chose de ton cœur, à travers le pain,
Se
distribue à la famille et la réconforte ;
Quelque
chose de ton âme qui est forte
Nourrit
la nôtre et la féconde et la soutient.
PHILEAS
LEBESQUE.