• Billet

     
     
     
     
     
     
    AUX ORIGINES DE L’UTOPIE PEDAGOGISTE.
    LA NOUVELLE ECOLE
     
    Dans un essai lumineux et très accessible, Jean de Viguerie présente les principaux penseurs de la pédagogie qui a envahi nos écoles. Leur utopie annonce la « réussite de tous » et produit des illettrés à la chaîne…
     
     
    Pourquoi l’école officielle est-elle en si mauvais état ? Pour l’historien Jean de Viguerie, un de nos meilleurs connaisseurs de l’Histoire de l’éducation, on ne peut comprendre la situation actuelle de l’enseignement sans s’intéresser aux pédagogues, « ceux qui enseignent aux maîtres à enseigner ».
     La plupart, constate-t-il, sont des utopistes. Or l’utopie, prévient-il, citant la sociologue Monica Papazu, « nie ce qui est pour affirmer ce qui n’est pas ».
    Ses effets sur l’école seront catastrophiques.
    En quoi consiste cette utopie ? D’abord, elle nie l’intelligence innée de l’enfant.
     
     
     
     
    numérisation0004Erasme (1469-1536)
     
    Précurseur des dérives de la pédagogie moderne.
     
     
     
    Le philosophe Erasme, au XVIe siècle, affirme ainsi que, sans instruction, l’être humain n’existe pas. Alors que les arbres et que les chevaux naissent chevaux, affirme-t-il, « les hommes ne naissent point tels, ils sont faits tels ».
     
    Qu’est-ce qui les fabrique ? L’instruction. Sans elle, l’homme n’est pas un homme, seulement « une masse de chair mal dégrossie ».
     
    L’enfant poursuit Erasme, est malléable, il est comme de la cire ou une argile, que l’éducateur modèle à sa guise. A condition toutefois que l’on s’y prenne le plus tôt possible…
     
    Conception très réductrice, s’étonne Jean de Viguerie : bien sûr, l’enfant a besoin d’une bonne instruction, mais il est loin d’être une masse inerte. Il a, comme le remarque Saint Thomas d’Aquin, une intelligence innée, tendant naturellement au savoir.
     

     

     

     

     

     

    numérisation0001Jean-Jacques Rousseau. (1712-1778)

    Herborisant à Ermenonville, aquarelle du XVIIIe siècle

    (Musée Carnavalet)

    Au XVIIIe siècle, Rousseau, qui mit ses cinq enfants à l’asile pour écrire en paix « Emile ou de l’éducation », reprendra cette théorie du modelage par l’éducation. « On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l’éducation », écrit-il. Et on leur fera croire qu’ils sont libres : »Qu’il croie toujours être le maître, et que ce soit vous qui le soyez. Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même ».

    La malléabilité de l’enfant dont l’éducateur fait ce qu’il veut : c’est la deuxième grande idée de l’utopie pédagogiste. Comment l’enfant apprend-il alors que son intelligence, on l’a vu, est supposée être passive ? Pour Erasme, l’enfant apprend par les mots, pas par les idées. Selon Coménius, pasteur tchèque du XVIIe siècle, l’esprit de l’enfant est un vase que le professeur remplit se son savoir. Rousseau, pour qui les idées découlent des sensations, affirme de son côté que l’enfant n’apprend que par intérêt.

    Réductionnisme, là encore. Ces philosophes semblent ignorer que l’intelligence est l’acte de « saisir les principes », selon l’expression d’Aristote, pour qui les « vertus intellectuelles » permettent à « l’âme d’énoncer la vérité ».

    Le savoir, dans ces conditions, perd de sa dignité. Il devient un moyen, on ne le recherche plus pour lui-même. Les mathématiques et la physique passent encore, mais la littérature, l’Histoire ?

    L’Histoire clame Pierre Nicole, pédagogue français de la fin du Grand Siècle, c’est un « amas confus de faits ».

    Le couronnement de cette pédagogie, ce sera «l’éducation nouvelle ». Pas si nouvelle d’ailleurs puisqu’elle puise largement chez Rousseau.

    Sa grande idée ? « L’école active ». Une école sans silence ni obéissance, lesquels « empêchent les enfants de révéler leur vraie nature », selon Dewey (1859-1962). Une école où, pour Célestin Freinet (1896-1966), l’enfant s’éduque lui-même, aidé des enseignants. Le comble de la duperie, s’insurge l’auteur : on attribue à l’enfant « un pouvoir qu’il n’aura jamais et dont, même s’il le possédait, il ne pourrait se servir, privé qu’il est d’intelligence active ».

    Ces idées inspireront un Philippe Meirieu, le père des IUFM, et, devenue doctrine d’Etat, seront appliquées méthodiquement en France et dans bien d’autres pays après la Seconde Guerre mondiale.

    Un constat guère réjouissant…  Rien n’est désespéré pour autant, car, remarque Jean de Viguerie, « Il existe aujourd’hui dans le monde des écoles soustraites à l’emprise de l’utopie. Ces écoles sont encore peu nombreuses, mais si la vérité est faite, elles se multiplieront »

    Charles-Henri d’Andigné

    Extrait de : Famille Chrétienne.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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