• Papotages d'oiseaux...

     

     

     

     

     

    Papotages d'oiseaux...

    Hirondelles rustiques sur des fils téléphoniques avant d’entamer la migration…

    (Image wikipédia)

     

    Ce que disent les hirondelles

     

    Déjà plus d’une feuille sèche

    Parsème les gazons jaunis ;

    Soir et matin, la brise est fraîche ;

    Hélas ! Les beaux jours sont finis !

     

    On voit s’ouvrir les fleurs que garde

    Le jardin, pour dernier trésor :

    Le dahlia met sa cocarde

    Et le souci sa toque d’or.

     

    La pluie au bassin fait des bulles ;

    Les hirondelles sur les toits

    Tiennent des conciliabules

    Voici l’hiver, voici le froid !

     

    Elles s’assemblent par centaines,

    Se concertant pour le départ.

    L’une dit : « oh ! que dans Athènes

    Il fait bon sur le vieux rempart !

     

    Tous les ans j’y vais et je niche

    Aux métopes du Parthénon.

    Mon nid bouche dans la corniche

    Le trou d’un boulet de canon. »

     

    L’autre : « J’ai ma petite chambre

    A Smyrne au plafond d’un café.

    Les Hadjis comptent leurs grains d’ambre

    Sur le seuil d’un rayon chauffé.

     

    J’entre et je sors, accoutumée

    Aux blondes vapeurs des chibouks,

    Et parmi les flots de fumée

    Je rase turbans et tarbouchs.

     

    Celle-ci : « j’habite un triglyphe

    Au fronton d’un temple, à Balbeck

    Je m’y suspends avec ma griffe

    Sur mes petits au large bec. »

     

    Celle-là ! : « Voici mon adresse :

    Rhodes, palais des chevaliers ;

    Chaque hiver ma tente s’y dresse

    Au chapiteau des noirs piliers.

     

    La cinquième : « Je ferai halte,

    Car l’âge m’alourdit un peu,

    Aux blanches terrasses de Malte,

    Entre l’eau bleue et le ciel bleu. »

     

    La sixième : « Qu’on est à l’aise

    Au Caire, en haut des minarets !

    J’empâte un ornement de glaise

    Et mes quartiers d’hiver sont prêts. »

     

    « A la seconde cataracte,

     fait la dernière, j’ai mon nid :

    J’en ai noté la place exacte,

    Dans le pschent d’un roi de granit. »

     

    Toutes : « Demain combien de lieues

    Auront filé sous notre essaim,

    Plaines brunes, pics blancs, mers bleues

    Brodant d’écumes leur bassin ! »

     

    Avec cris et battements d’’ailes,

    Sur la moulure aux bords étroits,

    Ainsi jasent les hirondelles

    Voyant venir la rouille aux bois. 

     

    Je comprends tout ce qu’elles disent,

    Car le poète est un oiseau ;

    Mais captif, ses élans se brisent

    Contre un invisible réseau !

     

    Des ailes ! Des ailes ! Des ailes !

    Comme dans le chant de Ruckert,

    Pour voler, là-bas avec elles

    Au soleil d’or, au printemps vert !

    Théophile Gautier

     

    Petit lexique, pour nous permettre de mieux comprendre le but du voyage des hirondelles !

    Métope : intervalle séparant deux triglyphes…

    Triglyphe : ornement de la frise dorique…

    Hadji : Musulman qui a fait le pèlerinage à La Mecque…

    Chibouck : Pipe turc à long tuyau…

    Pschent : Coiffure des pharaons, double couronne symbolisant  la souveraineté sur la Basse et la Haute Egypte…

    Liviaaugustae


  • Commentaires

    1
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 06:32

    n'écouteraient-elles pas nos conversations....happy...belle journée

    2
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 07:42
    Cigalette 106

    Bonjour et merci pour ce merveilleux poème, bonne journée

    3
    gazou
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 08:58

    ce joli poème rappelle bien des souvenirs mais je n'en connaissais qu'une partie

    4
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 10:02
    ÔvÔ lili ÔvÔ

    En lisant ce poème plein d'images merveilleuses apparaissent !  merci Chantal

    Bisous bisous et bonne journée de la gentillesse  smile

    5
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 10:24

    Bonjour moqueplet,

    Si les hirondelles n'écoutent pas nos conversations, Théophile, lui, les a écoutées...passe une belle journée

    6
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 10:26

    Bonjour Cigalette,

    Un magnifique poème en effet, mais avec TH. Gauthier on n'est jamais déçue! Bonne journée Cigalette

    7
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 10:27

    Bonjour gazou,

    Je ne le connaissais pas, je l'ai découvert juste avant-hier, j'adore TH. Gauthier

    8
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 10:28

    Bonjour lili,

    Tu as raison, il nous fait voyager au-dessus de la Méditerranée et nous poser dans ces pays qui autrefois faisaient rêver!!!

    Bisous bisous et bonne journée de la gentillesse, (je ne le savais pas)

    9
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 12:02

    Bonjour

    Très bel article!

    Se pourrait-il qu'elles aient appris le langage des hommes?

    Bisous

    10
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 17:44

    Bonsoir Wolfe,

    Les hirondelles n'ont pas appris le langage des hommes, mais le poète oui!

    Boisous

    11
    Pascal
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 21:36

    Bonsoir Livia,

    Voila un très beau poème qui nous fait voyager avec nos amies les hirondelles. Je n'ai jamais été en Egypte mais au travers de ce poème j'en ressens toute la chaleur, et aussi la légèreté de ces petits oiseaux qui nous sont si familiers.

    Le poète sait bien transcrire ce que doivent penser et se dire les hirondelles, c'est beau.

    Bonne soirée Livia

    12
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 22:06
    erato:

    Ce poème est  magnifique , l'imagination est parfaite .J'aime beaucoup Théophile Gauthier .

    Merci Livia pour ce beau partage.

    Belle soirée, bisous

    13
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 22:32

    Bonsoir Pascal,

    Un voyage à tire d'aile avec les hirondelles...

    Gauthier est vraiment un merveilleux poète, c'est un brodeur de mots!

    Bonne soirée Pascal

    14
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 22:34

    Bonsoir erato,

    Gauthier a une imagination très fertile et une grande connaissance des pays de la Méditerranée, avec lui on fait un beau voyage sur les ailes des hirondelles.

    Belle soirée à toi aussi, bisous

    15
    Samedi 15 Novembre 2014 à 10:16

    C'est sympa de nous avoir mis les explications de ces termes que je ne connaissais pas. Je suivrais bien les hirondelles jusqu'à Athènes, Rhodes ou Smyrne-Izmir en Turquie. Bisous

    16
    Samedi 15 Novembre 2014 à 10:45

    Bonjour Brigitte,

    Si j'ai mis les explications, c'est que ne connaissant pas ces mots, j'ai été les demander   à Mr Larousse. Je vous en fait part, en me disant que peut-être il y en avait parmi mes lecteurs, des personnes qui comme moi, ne les connaissaient pas. Bisous

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :