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    Antiquité

     

     

    Voie romaines, traversant la Sierra de Gredos en Espagne.

     

    LE GENIE ROMAIN.

     

    La construction des voies romaines est un travail de romain.

    Après avoir été jalonné par des arpenteurs (gromatici), le tracé de la voie était matérialisé tantôt par deux sillons, qui étaient ensuite recouvert par la chaussée, tantôt par un seul au milieu de celle-ci.

    Les ingénieurs romains utilisaient au mieux la nature du terrain et l’environnement.

    Contrairement aux Grecs, les romains ne contournaient pas les obstacles, ils les domestiquaient.

    Le bois était utilisé dans les zones marécageuses (qui n’arrêtaient pas les romains) pour renforcer la voie par des claies et fascines. On en a retrouvées en Germanie et dans des provinces gauloises, comme la Sologne.

    Les romains creusaient à la pelle et à la pioche le tracé de la voie jusqu’au sol naturel : le roc si possible ou du moins jusqu’à un terrain suffisamment solide pour être pilonné.

    La route était fréquemment surélevée pour satisfaire au drainage ou prévoir les risques d’un enneigement qui la rendrait invisible.

    Dans certaines sections dangereuses (montagnes ou pentes), des ornières étaient creusées pour éviter aux véhicules de déraper ou de verser. Dans le cas des zones humides ou marécageuses, les levées étaient parfois si solides et si conséquentes qu’elles sont encore utilisées de nos jours pour la retenue de certains étangs actuels.

    Parmi les voies romaines les plus célèbres citons la fameuse voie Appia, et la voie Domitia, qui quittant Rome, remontait vers la Narbonnaise (Gaule), pour se rendre en Espagne.

    Mais les routes ne constituaient pas les seuls exploits accomplis par le génie romain. Indissociables d’itinéraires qui faisaient fi des obstacles, les ouvrages d’art se sont multipliés partout dans l’Empire romain. Sans doute, parce que plus spectaculaires, les ponts sont fréquemment mentionnés dans la littérature antique et dans la littérature plus récente, comme chez Montesquieu. Il est vrai que sur ce point encore, les romains accomplirent des prodiges, comme le pont construit sur le Danube, par Apollodore de Damas pour l’Empereur Trajan, lors des guerres Daciques, près de Dobeta (il fut longtemps le plus long pont du monde, 1135 mètres). En Gaule le pont le plus célèbre étant : le Pont du Gard.

    Tout aussi remarquable par leur audace technique, sont les tunnels et les passages taillés dans la pierre. La montagne en effet n’arrêtait pas les romains. Le plus impressionnant des tunnels se trouve en Italie : la Crypta Néapolitana, longue de sept cent mètres. Un autre tunnel célèbre : la Crypte de Cocceius.

     

     

     

     

    Antiquité

     

    La crypte de Cocceius, l’un des vestiges antiques de Cuma, près de Naples qui servit à l’origine de tunnel routier.

     

     

    J’avais préparé ce texte, il y a quelques semaines déjà, après avoir vu, ce soir, « des Racines et des Ailes », qui nous enseignent comment, avec des outils rudimentaires, nos ancêtres romains bâtissaient et emmenaient à Arles l’eau des Alpilles, par un aqueduc, de 40 km, j’ai trouvé opportun de vous livrer mon article sur ces bâtisseurs infatigables et prestigieux.

    Liviaaugustae

     


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    Apogthème

     

     

    Vestiges du Forum Romanum, avec au premier plan les colonnes du Temple des Dioscures (1742)

    (Image Wikipédia)

     

     

    « Le droit du sol est l’absurdité qui consiste à dire qu’un cheval est une vache parce qu’il est né dans une étable. »

     

     

    « La ville, déchirée, ne forma plus un tout ensemble, et, comme on n’en était citoyen que par une espèce de fiction, qu’on n’avait plus les mêmes magistrats, les mêmes murailles, les mêmes dieux, les mêmes temples, les mêmes sépultures, on ne vit plus Rome des mêmes yeux, on n’eut plus le même amour pour la patrie, et les sentiments romains ne furent plus. Les ambitieux firent venir à Rome des villes et des nations entières pour troubler les suffrages ou se les faire donner ;  les assemblées furent de véritables conjurations ; on appela comices une troupe de quelques séditieux ; l’autorité du peuple, ses lois, lui-même, devinrent des choses chimériques, et l’anarchie fut telle qu’on ne put plus savoir si le peuple avait fait une ordonnance, ou s’il ne l’avait point faite. » 

     

    MONTESQUIEU

     

    Et chaque français pourrait dire de l’Elysée ce que Corneille faisait dire à Sertorius de Rome à l’époque de Pompée :

     

    «Ces murs, dont le destin fut autrefois si beau

    N’en sont que la prison, ou plutôt le tombeau

    Mais revivre ailleurs dans sa première force

    Avec de faux romains elle a fait plein divorce

    Et comme autour de moi j’ai tous ses vrais appuis

    Rome n’est plus dans Rome, elle est où je suis. »

    Pierre Corneille 


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    Notre-Dame, Pierres vivantes (Suite et fin)

     

     

     

     

     

    Patrimoine

     

    Vue de la façade occidentale de la cathédrale Notre-Dame de Paris, école française, lithographie en couleur, ver 1840.

    (Paris Bibliothèque des Arts décoratifs)

     

     

    LES HABITS NEUFS DE NOTRE-DAME…

     

    L’impact de Victor Hugo sur l’image de la cathédrale est tel que les autorités prennent la décision de restaurer le monument : travaux menés par Viollet-le-Duc entre 1845 et 1864. Les textes des auteurs de l’époque témoignent de sa métamorphose. Ainsi, Gérard de Nerval la voyait-il avant sa restauration, comme une « ruine austère », tandis que Paul Verlaine, en 1892, la décrit irradiante de lumière : « C’est la suprême joie, et l’extrême lumière/ Concentrée aux rais de la seule Vérité ». Le poète Jules Laforgue s’émerveille de sa « grande rosace octogone » qui « plus douloureusement rayonne/ D’adoration et d’amour ». Dans « Son excellence Eugène Rougon », Emile Zola, envoûté par ses « voûtes d’un bleu tendre », « semées d’étoiles », raconte comment face à « la grand-porte, ouverte à deux battants », « l’église se creusait, immense, dans une histoire surhumaine de tabernacle ». Et dans « l’œuvre», il décrit avec finesse son architecture extérieure : « plus haut, plus encore, par-dessus les tours jumelles de Notre-Dame, d’un ton vieil or, deux flèches s’élançaient, en arrière la flèche de la cathédrale, sur la gauche la flèche de la Sainte-Chapelle, d’une élégance si fine, qu’elles semblaient frémir à la brise »…

    Le 25 décembre 1886, l’une des plus célèbres conversions de la littérature : celle de l’écrivain Paul Claudel, alors âgé de 18 ans. « J’étais moi-même dans la foule, près du  second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’évènement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. […] J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. »

    Le mystique Péguy, y  puise  l’inspiration de nombre de ses poèmes. Celui, par exemple, où il donne la parole à Dieu : « J’ai vu ces coteaux de la Meuse et ces églises qui sont mes propres maisons. / Et Paris et Reims et Rouen et des cathédrales qui sont mes propres palais et mes propres châteaux ». Ou encore cette ballade posthume : «du cœur qui a tant battu », évoquant « Notre-Dame de France/ en Parisis/ Nourrice d’espérance/ En Paradis. »

    Notre-Dame, désormais, relève du paysage littéraire autant que de celui de la capitale.

     

    Et Gérard de Nerval, visionnaire, avait vu juste, aujourd’hui, des gens venus des quatre coins du monde, se presse pour admirer ce chef-d’œuvre, qu’est Notre-Dame de Paris.

    Liviaugustae

     


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    Patrimoine

     

     

    Quasimodo sonnant la cloche. Gravure sur bois de Laisné d’après un dessin de Louis Charles Steinheil (1814-1885),  édition de 1844.

     

     

    De François Villon à Paul Claudel, en passant par Victor Hugo, les plus grandes plumes de la langue française ont élevé face à la cathédrale un monument littéraire.

     

    « Il a bâtit, à côté de la vieille cathédrale, une cathédrale de poésie, aussi ferme que les fondements de l’autre, aussi haute que ses tours. » C’est ainsi que l’historien Jules Michelet évoque, en 1833, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo…

    En apercevant de loin les tours de Notre-Dame, nous croyons entendre ses cloches sonnées par Quasimodo. Sur le parvis, nous cherchons la silhouette dansante d’Esméralda. Derrière un pilier, nous croyons voir disparaître l’ombre de Frollo – cette archidiacre profondément épris de la gitane. Mais si la plume de Victor Hugo est la plus célèbre de celles qui ont glorifié la cathédrale, elle n’est pas la seule. Au point que l’édifice de pierre peut, parfois, paraître s’estomper devant celui, fait de mots, que poètes et écrivains bâtissent depuis le Moyen Age…

    Celui qui a posé la première pierre de ce monument lyrique ? François Villon, en 1461. […] Avec une ironie mordante, l’auteur de la ballade des pendus, Villon, imagine ses funérailles au son des cloches de la prestigieuse Notre-Dame : Item, « je veux qu’on sonne à branle/ Le gros beffroi, qui est de verre », écrit-il, évoquant cette cloche nommée Jacqueline, connue pour sa fragilité, qui lui donnait une résonnance particulière.

    Les bourdons de la cathédrale, on les retrouve encore, au XVIe siècle, sous la plume de Rabelais. Car si l’esthétique harmonieuse de la Renaissance, a supplanté le goût « gothique », Notre-Dame, elle, continue de fasciner. Ainsi, dans la « Vie sentimental du grand Gargantua, père de Pantagruel, celui-ci raconte comment son héros, le géant Gargantua, s’assoit sur les tours de la cathédrale pour se reposer et « considère les grosses cloches qui étaient dans les tours. » En les secouant, « lui vient en pensée qu’elles serviraient de campagnes (grelots) au cou de sa jument » […]

    Il faudra attendre le XIXe siècle pour entendre à nouveau sonner, entre les pages d’un livre, ces bourdons à pleine volée. Leur sonneur : Quasimodo, le bossu sorti du cerveau de Victor Hugo. […]

    François-René de Chateaubriand, dans son « Génie du Christianisme », publié en 1802, est l’un des premiers à s’inquiéter de l’état de la cathédrale : « On aura beau bâtir des temples grecs bien élégants, bien éclairés, (…) le bon peuple regrettera toujours ces Notre-Dame de Reims et de Paris, ces basiliques toutes moussues, toutes remplies des générations des décédés et des âmes de ses pères. » […]

    Hugo confère en quelque sorte à Notre-Dame une âme : Quasimodo, « ce monstrueux escargot dont Notre-Dame est la coquille » comme l’écrit Théophile Gauthier, fait battre le cœur de ses pierres. « La présence de cet être extraordinaire faisait circuler dans toute la cathédrale je ne sais quel souffle de vie » […]

    Sourd et muet, cet être difforme s’exprime à travers les cloches, qu’il fait sonner tantôt avec passion tantôt avec désespoir et, qui deviennent sa voix. « Cependant la tour vacillait : lui, criait, et grinçait des dents, ses cheveux roux se hérissaient, sa poitrine faisait le bruit d’un soufflet de forge, son œil jetait des flammes, la cloche monstrueuse hennissait toute haletante sous lui ; et alors ce n’était plus le bourdon de Notre-Dame ni Quasimodo : c’était un rêve, un tourbillon, une tempête ; le vertige à cheval sur le bruit : un esprit cramponné à une croupe volante : un étrange centaure moitié homme, moitié cloche », lance ainsi Hugo. Notre-Dame prend vie.

    Après ce chef-d’œuvre, plus jamais on ne regardera  la cathédrale de la même façon. Poètes et écrivains, quand ils célèbrent Notre-Dame de Paris, évoquent souvent aussi bien la cathédrale que le roman. Théophile Gautier ne manque pas de dédier à Hugo son poème : Soleil couchant, où il décrit le soleil se couchant derrière Notre-Dame avec  ses « tours au fronton orné de dentelles de pierres » et ses « pignons tailladés que surmontent des anges/ Aux corps roides et longs, aux figures étranges ». Et Gérard de Nerval, dans ses vers mélancoliques sur Notre-Dame, va jusqu’à mentionner le prénom de l’écrivain : « Bien des hommes de toute les pays de la terre / Viendront pour contempler cette ruine austère/ Rêveurs, et relisant le livre de Victor… »


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    Des Saisons et des jours

     

     

    LA SYMPHONIE DES SAISONS

     

    Une à une, les saisons s’enroulent

    Le long du temps.

    Le vieil hiver drape la nature

    Dans le coton de ses nuages gris,

    La recouvre d’un édredon blanc.

    La bise s’infiltre sous les portes,

    Tout près du manteau protecteur des cheminées

    L’homme transi se blottit…

     

    Le printemps, tout joyeux, ramène, les beaux jours,

    Peint le ciel en bleu,

    Et fait chanter les oiseaux,

    La mésange, le rouge-gorge, la grive,

    Avec  ardeur, préparent leurs nids.

    Tandis que bois et prairies, se couvrent de fleurs

    Les jardins pleins de roses, embaument le soir,

    Les jeunes filles,  rêvent à la croisée…

     

    Voici enfin l’été, couvert de feuilles,

    L’air embué de chaleur.

    Des sources chantent au creux des bois,

    Trilles joyeuses des pinsons ivres d’azur,

    Sur le pas des portes les vieilles gens,

    Se chauffent au soleil sur des bancs,

    Le chat de la maison, ronronne, à leur côté

    Derrière, dans la cour, le chien  gémit en rêvant …

     

    Et puis, un soir, les femmes ramènent leurs châles

    Sur leurs épaules, et frissonnent,

    Un petit vent frais,  venu on ne sait d’où,

    Froisse les feuilles,  les éparpille, les fais danser.

    Il joue une  sonate d’automne, de toutes les couleurs,

    Flavescentes, rubis, cuivre, safranée.

    Des écharpes de brumes traînent sur les bois,

    Dans le ciel  pâle, courent des nuages pleins de pluie… 

     

    Liviaaugustae


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