• Art Romain

     

     

     

     

     

     

    GEMMA AUGUSTEA.

     

     

     

     

     

    numérisation0004Auguste en dominateur du monde.

    Camée en sardoine à deux couches vers 10 après J.C.

    (Vienne Kunsthistorisches Museum)

     

    Les bas-reliefs monumentaux, tels ceux de l’Ara Pacis ou de l’Arc de Constantin par exemple, avaient pour fonction essentielle de servir la gloire personnelle de l’Empereur par une mise en scène de ses actions et ses vertus, mais ce n’était pas la seule forme d’expression ou le seul support utilisé à cette fin.

    Il existait en effet un autre monde d’images qui exaltait la figure de l’Empereur, sous une perspective différente il est vrai, celle de la cour, mais avec une non moins grande subtilité. Ce monde était celui des pierres semi-précieuses qui renvoyaient elles aussi l’écho de l’imagerie officielle. Les plus importantes d’entre elles étaient les camées, taillées en relief, et les gemmes, travaillées en intailles. Ces pièces extrêmement luxueuses étaient des cadeaux ou des distinctions offertes au sein de la famille Impériale ou à des dignitaires du régime soigneusement choisis. Leur programme iconographique était semblable à celui des bas-reliefs. Il s’agissait en premier lieu de représenter sous une forme essentiellement allégorique, les vertus de l’Empereur : la valeur physique et morale  (Virtus), la piété (pietas), la clémence (clementia), la majesté (maiestas) ou la justice (iustitia). Le message pouvait aussi inclure des thèmes plus complexes : la domination sur le monde répondant à un plan divin, la dignité hors d’atteinte et quasi divine de l’Empereur, qui pouvait s’exprimer de façon explicite et atteindre le panégyrique par toutes sortes d’analogies ou d’associations hautement intellectuelles et des allusions tirées du mythe ou du monde des Dieux. Ce n’était donc pas à la portée du peuple.

    Parmi les chefs-d’œuvre de cet art de cour se trouve la gemma Augustea, une pièce qui appartenait probablement au trésor de la Maison Impériale. L’extraordinaire pouvoir d’Auguste sur terre en est le thème, pouvoir que des victoires militaires lui ont conféré. Le prince est assis à côté de la Déesse Rome casquée. Se détachant ente leur deux têtes, le Capricorne, son signe astral, rappelle le jour faste de sa conception et donc sa prédestination en tant que sauveur de l’humanité. Trois détails additionnés : l’aigle à ses pieds, sa nudité héroïque ainsi que le sceptre qu’il tient dans sa main gauche, l’associent à Jupiter, le plus grand des Dieux de l’Olympe. Derrière Auguste apparaissent Tellus, la terre, accompagnée de deux jeunes enfants, comme sur l’Ara Pacis, et Chronos, le Dieux du Temps Eternel : symboles du pouvoir éternel sur le globe terrestre. Derrière l’Empereur, l’Oekoumene qui représente la terre habitée, le couronne de la corona civica à feuilles de chênes pour le remercier d’avoir sauvé la vie de nombreux romains en mettant fin à la guerre civile. A gauche, dans cette même partie du camée, Tibère, guerrier triomphant et successeur désigné d’Auguste, descend du bige (char à deux chevaux) conduit par la Déesse Victoire. Juste à sa droite, un autre jeune homme se tient debout, à côté de son cheval : il s’agit de Germanicus, un autre prétendant au trône. Dans la moitié inférieure gauche, des soldats romains et deux héros nus érigent un trophée d’armes, un tropaeum, devant un couple de prisonnier barbare assis à leurs pieds. A droite, la femme aux deux javelots et l’homme au chapeau qui tirent par les cheveux deux captifs suppliants sont les Dieux Diane et Mercure. Les barbares sont certainement des représentants de peuples cavaliers que Tibère a vaincus pendant sa campagne militaire en Pannonie. Avec la présence de ce dernier, Auguste illustre sa volonté quand à sa succession. Pour lui, c’est là une question de la plus haute importance, qu’il traduit par un langage allégorique et en l’élevant à un niveau cosmique. Si le paysan vivant au fin fond de sa campagne n’en pouvait comprendre le sens, pour les membres de la cour Impériale, en revanche, rien n’était plus clair.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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