Domitien (Musée du Capitole).

« Domitien avait la taille haute, un visage modeste et rougissant, de grands yeux, mais une vue assez faible ; de plus, il était beau, bien proportionné, surtout pendant sa jeunesse, et dans toute sa personne, si ce n’est qu’il avait les doigts de pieds trop court ; plus tard, il fut enlaidi par la chute de ses cheveux, par son obésité, et par la maigreur de ses jambes, qui s’était encore accrue à la suite d’une longue maladie.

Il se rendait compte que sa mine pudique prévenait en sa faveur, si bien qu’il s’en vanta un jour, en ces termes, devant le Sénat : « jusqu’ici du moins, vous avez approuvé mes sentiments aussi bien que mon visage. » Il était si fâché d’être chauve, qu’il croyait à une injure personnelle lorsqu’il entendait reprocher ce défaut à un autre par plaisanterie ou dans une dispute ; toutefois, dans un opuscule sur l’entretien de la chevelure, qu’il dédia à l’un de ses amis, il alla jusqu’à écrire pour leur commune consolation : « ne vois-tu pas combien je suis beau et grand, moi aussi. Pourtant, le même sort est réservé à ma chevelure, et je supporte avec courage de la voir vieillir en pleine jeunesse. Sache qu’il n’y a rien de plus agréable que la beauté, mais rien de plus éphémère. »

(Extrait de « la vie des douze Césars).  

(Suétone regarde souvent par le petit bout de la lorgnette).

Domitien (Musée des Offices).