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Les beautés cachées de l'hiver...
Les Parapluies Pierre-Auguste Renoir (1883)
(Londres, National Gallery)
« Rien n’est difficile comme ces petites œuvres léchées, encore faut-il que le coup de langue n’y paraisse pas ».
Colette
Ecoutons marcher sur le cœur qui s’ennuie…
Ecoutons marcher sur le cœur qui s’ennuie les petits pieds froids de la pluie, puisque la pluie est de saison. Ecoutons, sur le rebord du toit, ce jeu léger des ongles impatients qui pianotent avec monotonie. Ce ne sont pas les gens qui s’ennuient, c’est la pluie. […]
Ecoutons pleuvoir. Et la pluie c’est aussi l’éclosion des parapluies et leur effort aussi vain qu’émouvant de vouloir soulever les gens au-dessus d’eux-mêmes, légèrement. Et c’est surtout, mais rares sont ceux qui l’apprécient, le souvenir de ce rêve qu’ont fait les cœurs épris, d’être un jour, tels Mars et Vénus par Vulcain surpris, captés par ce réseau murmurant et qui plie, et d’être prisonniers à jamais de la pluie.
Car si d’aucuns ont souhaité les heures claires, on ne sait quel rayonnement, quelle fanfare, quel plein four et tout le tremblement solaire, et tous les pavés de l’azur sur leur amour, les plus sages appellent la pluie, la douce pluie persistante et mineure. Ils appellent son chuchotement pour combler les terribles minutes de silence, quand chacun se demande tout à coup à quoi pense l’autre, dans quel pays se perd son désir inconnu, quel songe le séduit, le détourne, l’entraîne, et s’il reviendra tout à fait le même et s’il aura la même voix, le même sourire, la même chaleur, les mêmes yeux. Au moins on n’est jamais tout à fait seul quand il pleut.
Germaine BEAUMONT
Extrait de : Si je devais
Je préfère le soleil et son éclat, sa fanfare, le plein four et tout le tremblement solaire et tous les pavés de l’azur…
Cependant la normande qu’est Germaine Beaumont a bien le droit de préférer la pluie qui chante sur les toits dit-elle, mais qui mouille aussi.
Liviaaugustae
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