Chaque été, on choisit un poète, un écrivain que l'on met à l'honneur durant «Un été avec... »

Le 9 avril dernier nous commémorions l'anniversaire des 200 ans de la naissance de Charles Baudelaire et j'apprends avec plaisir au cours d'une lecture qu'on ne l'oublie pas et que cet été sera : «Un été avec Baudelaire », mais comme dit Henri Quantin, l'auteur de cet article, Baudelaire n'est pas tout à fait un homme pour la lumière du soleil d'été, mais plutôt l'homme des soirs brumeux et des couchers de soleil sanglants dans la douleur...

Goûtons donc le plaisir de relire Baudelaire durant cet « été avec lui » :

Baudelaire par lui-même

Comme beaucoup d'artistes de cette époque, il avait plusieurs flèches à son arc.

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire

Les ajoncs de l'Anse de Mancel

(photo de mon fils)

Je pars dans le Morbihan aujourd'hui pour les vacances.

Mon blog sera en pause pour quelques jours.

Je vous retrouve début août

Livia

Et comme c'est «l'été avec Baudelaire », je pars avec lui pour aborder un rivage où il semble bon vivre :

Extrait de : Déjà.

«Cent fois déjà le soleil avait jailli, radieux ou attristé, de cette cuve immense de la mer dont les bords ne se laissent qu’à peine apercevoir ; cent fois il s’était replongé, étincelant ou morose, dans son immense bain du soir. Depuis nombre de jours, nous pouvions contempler l’autre côté du firmament et déchiffrer l’alphabet céleste des antipodes. [...]

Enfin un rivage fut signalé ; et nous vîmes, en approchant, que c’était une terre magnifique, éblouissante. Il semblait que les musiques de la vie s’en détachaient en un vague murmure, et que de ces côtes, riches en verdures de toute sorte, s’exhalait, jusqu’à plusieurs lieues, une délicieuse odeur de fleurs et de fruits. [... ] »