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    Roseaux chantant...

     

    (imge pixabay)

     

    La flûte

     

    Je n’étais qu’une plante inutile, un roseau.
    Aussi je végétais, si frêle, qu’un oiseau
    En se posant sur moi pouvait briser ma vie.
    Maintenant je suis flûte et l’on me porte envie.
    Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais,
    Un matin en passant m’arracha du marais,
    De mon cœur , qu’il vida, fit un tuyau sonore,
    Le mit sécher un an, puis, le perçant encore,
    Il y fixa la gamme avec huit trous égaux;
    Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux
    Éveille les chansons au creux de mon silence,
    Je tressaille, je vibre, et la note s’élance;
    Le chapelet des sons va s’égrenant dans l’air;
    On dirait le babil d’une source au flot clair;
    Et dans ce flot chantant qu’un vague écho répète
    Je sais noyer le cœur de l’homme et de la bête.

     

    Jean Richepin

     


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    Le noisetier du jardin en hiver...Mais je ne sais pas si ce sont des tourterelles qui sont posées sur les branches.

     

    (ma photo)

     



     

    Pâle matin de Février -

     

    Pâle matin de Février
    Couleur de tourterelle
    Viens, apaise notre querelle,
    Je suis las de crier ;

     



     

    Las d'avoir fait saigner pour elle
    Plus d'un noir encrier...
    Pâle matin de Février
    Couleur de tourterelle.

     

    Paul-Jean Toulet

     


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    Illustration d'André Hellé

     



     

    La colombe et la fourmi

     

    Le long d'un clair ruisseau buvait une Colombe,
    Quand sur l'eau se penchant une Fourmi y tombe.
    Et dans cet océan l'on eût vu la Fourmi
    S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
    La Colombe aussitôt usa de charité :
    Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,
    Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.
    Elle se sauve ; et là-dessus
    Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus.
    Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète.
    Dès qu'il voit l'Oiseau de Vénus
    Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
    Tandis qu'à le tuer mon Villageois s'apprête,
    La Fourmi le pique au talon.
    Le Vilain retourne la tête :
    La Colombe l'entend, part, et tire de long.
    Le soupé du Croquant avec elle s'envole :
    Point de Pigeon pour une obole.

     

    Jean de La Fontaine

     


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    Sous un ciel mi-figue, mi-raisin, nous avons fait une balade sur la Côte Sauvage au Croisic, la mer était grise et bouillonnait en grosses vagues qui se tordaient, roulaient et venaient se briser avec un grand bruit sur les rochers en bas de la falaise, on aurait pu croire qu'elle voulait y grimper.

     

    Heureusement avec prévoyance, nous avions pris des manteaux chauds à capuches car il y avait encore beaucoup de vent, mais cet air iodé à souhait, nous a requinqués et ouvert l'appétit... nous avons été au chaud à la crêperie pour assouvir notre faim...

     

    Livia

     

     

     

    Le souffle de la mer sur la Côte Sauvage au Croisic...

     

    (Photo de ma belle fille)

     

     

     

    La mer

     

     

     

    La mer pousse une vaste plainte,
    Se tord et se roule avec bruit,
    Ainsi qu'une géante enceinte
    Qui des grandes douleurs atteinte,
    Ne pourrait pas donner son fruit ;

    Et sa pleine rondeur se lève
    Et s'abaisse avec désespoir.
    Mais elle a des heures de trêve :
    Alors sous l'azur elle rêve,
    Calme et lisse comme un miroir.

    Ses pieds caressent les empires,
    Ses mains soutiennent les vaisseaux,
    Elle rit aux moindres zéphires,* 
    Et les cordages sont des lyres,
    Et les hunes sont des berceaux.

    Elle dit au marin : « Pardonne
    Si mon tourment te fait mourir ;
    Hélas ! Je sens que je suis bonne,
    Mais je souffre et ne vois personne
    D'assez fort pour me secourir ! »

    Puis elle s'enfle encor, se creuse
    Et gémit dans sa profondeur ;
    Telle, en sa force douloureuse,
    Une grande âme malheureuse
    Qu'isole sa propre grandeur !

     

    Sully Prudhomme

     



     

    *Zéphyr ou Zéphire ? :

     

    L'Académie distingue zéphire et zéphyr, disant que zéphire est le vent d'occident, et zéphyr tout vent doux et agréable. Cette distinction est illusoire ; les auteurs confondent perpétuellement zéphire et zéphyr, et il ne faut y voir qu'une variété d'orthographe.

     



     

     

     

     


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    Il neige sur la mer...

     

    (image pixabay)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Il neige sur la mer

     

    Il neige sur la mer,
    Il neige des étoiles.
    Il neige autour des voiles
    Et sur le quai désert.

     



     

    Il neige depuis l’aube
    Sur le sable doré.
    Il neige sur la robe
    Des dunes étonnées.

     



     

    Il neige, et l’univers
    Semble coupé en deux
    Tout juste en son milieu.
    D’un côté, c’est la mer

     



     

    À la fois bleue et verte
    Et de l’autre, la terre.
    La terre large offerte
    Aux bras blancs de l’hiver.

     



     

    Il neige sur la mer
    Qui s’en moque, éperdue.
    Elle rit, toute nue,
    Le long du quai désert.

     



     

    Et l’on dirait vraiment
    Que ses vagues endorment
    La terre étendue, morne,
    Dans son grand berceau blanc.

     

    Maurice Carême

     


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