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    Parfums d'autrefois...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    Les parfums

     

    Mon cœur est un palais plein de parfums flottants
    Qui s’endorment parfois aux plis de ma mémoire,
    Et le brusque réveil de leurs bouquets latents
    – Sachets glissés au coin de la profonde armoire –
    Soulève le linceul de mes plaisirs défunts
    Et délie en pleurant leurs tristes bandelettes…
    Puissance exquise, dieux évocateurs, parfums,
    Laissez fumer vers moi vos riches cassolettes!
    Parfum des fleurs d’avril, senteur des fenaisons,
    Odeur du premier feu dans les chambres humides,
    Arômes épandus dans les vieilles maisons
    Et pâmés au velours des tentures rigides;
    Apaisante saveur qui s’échappe du four,
    Parfum qui s’alanguit aux sombres reliures,
    Souvenir effacé de notre jeune amour
    Qui s’éveille et soupire au goût des chevelures;
    Fumet du vin qui pousse au blasphème brutal,
    Douceur du grain d’encens qui fait qu’on s’humilie,
    Arôme jubilant de l’azur matinal,
    Parfums exaspérés de la terre amollie;
    Souffle des mers chargés de varech et de sel,
    Tiède enveloppement de la grange bondée,
    Torpeur claustrale éparse aux pages du missel,
    Acre ferment du sol qui fume après l’ondée;
    Odeur des bois à l’aube et des chauds espaliers,
    Enivrante fraîcheur qui coule des lessives,
    Baumes vivifiants aux parfums familiers,
    Vapeur du thé qui chante en montant aux solives!
    – J’ai dans mon cœur un parc où s’égarent mes maux,
    Des vases transparents où le lilas se fane,
    Un scapulaire où dort le buis des saints rameaux,
    Des flacons de poison et d’essence profane.
    Des fruits trop tôt cueillis mûrissent lentement
    En un coin retiré sur des nattes de paille,
    Et l’arôme subtil de leur avortement
    Se dégage au travers d’une invisible entaille…
    – Et mon fixe regard qui veille dans la nuit
    Sait un caveau secret que la myrrhe parfume,
    Où mon passé plaintif, pâlissant et réduit,
    Est un amas de cendre encor chaude qui fume.
    – Je vais buvant l’haleine et les fluidités
    Des odorants frissons que le vent éparpille,
    Et j’ai fait de mon cœur, aux pieds des voluptés,
    Un vase d’Orient où brûle une pastille.

     

    Anna de Noailles

     


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    Je vous ai parlé de la naissance des jeux floraux qui récompensent tous les ans poètes et écrivains.

     

    Ce petit *poème en prose, écrit quand j'avais une douzaine d'années, fut récompensé par les jeux floraux de la Guadeloupe – je n'ai reçu aucune fleur ou en or argent – juste un petit diplôme de papier... du haut de mes douze ans, j'en avais quand même tiré une grande fierté à l'époque...

     

     

    Le ruisseau saute sur des galets en murmurant...

     

    (photo de ma petite fille lors de vacances en Ariège)

     

     

     

    Le ruisseau

     

    Sous la voûte azurée inondée de soleil

     

    Le ruisseau murmure son éternelle romance,
    Allongé dans les roseaux, le poète amoureux,

     

    Ecoute et supplie tout bas,

     

    «Donnes moi la clé de ton mystère,

     

    Donnes-là moi ! »

     

    Mais le ruisseau insensible, avec un rire léger,

     

    Saute sur un galet,

     

    Et s'enfuit vers la rivière.

     

    Livia

     

     

     

    *Le poème en prose est une forme poétique qui n’utilise pas les techniques de rimes, de versification et de disposition du texte traditionnellement utilisées en poésie. Il utilise plutôt des figures de style, en particulier les tropes (jeux sur le sens des mots), les effets sonores et rythmiques ou les ruptures de construction. Il se présente comme un discours aux effets poétiques.

     

     

     

     


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    La chouette sur un arbre perchée...
    (image pixabay)
    
    Uululement 
    La chouette crie,
    Féérie,
    Triste conte bleu,
    Un peu
    Monotone,
    De la grande automne.
    
    Ce cri de soi, on croit,
    Quand on est poète
    Et bête.
    Pourtant ce n'est rien,
    Je suis bien,
    
    Qu'un oiseau qui passe
    Et chasse
    Et qui ne sait pas
    Son glas identique
    Au cœur romantique
    Lucie Delarue-Mardrus

     


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    Que l'on est bien le soir devant la cheminée à regarder le feu !

     

    C'est un spectacle merveilleux, un chant dans la nuit...

    Sans savoir que le bois gémissait.
    Livia

     

     

    Un beau feu dans la cheminée...

    (image pixabay)

     

     

    La plainte du bois

    Dans l'âtre flamboyant le feu siffle et détone,
    Et le vieux bois gémit d'une voix monotone.

    Il dit qu'il était né pour vivre dans l'air pur,
    Pour se nourrir de terre et s'abreuver d'azur,
    Pour grandir lentement et pousser chaque année
    Plus haut, toujours plus haut, sa tête couronnée,
    Pour parfumer avril de ses grappes de fleurs,
    Pour abriter les nids et les oiseaux siffleurs,
    Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses,
    Pour vêtir tour à tour ses robes merveilleuses,
    Son manteau de printemps de fins bourgeons couvert,
    Et la pourpre en automne, et l'hermine en hiver.
    Il dit que l'homme est dur, avare et sans entrailles,
    D'avoir à coups de hache et par d'âpres entailles
    Tué l'arbre ; car l'arbre est un être vivant.
    Il dit comme il fut bon pour l'homme bien souvent,
    Qu'à nos jeunes amours et nos baisers sans nombre
    Il a prêté l'alcôve obscure de son ombre,
    Qu'il nous couvrait le jour de ses frais parasols
    Et nous berçait la nuit aux chants des rossignols,
    Et qu'ingrats, oubliant notre amour, notre enfance,
    Nous coupons sans pitié le géant sans défense.

    Et dans l'âtre en brasier le bois geint et se tord.

    Ô bois, tu n'es pas sage et tu te plains à tort.
    Nos mains en te coupant ne sont pas assassines.
    Enchaîné, subissant l'entrave des racines,
    Tu végétais au même endroit, sans mouvement,
    Et conjoint à la terre inséparablement.
    Toi qui veux être libre et qui proclames l'arbre
    Vivant, tu demeurais planté là comme un marbre,
    Captif en ton écorce ainsi qu'en un réseau,
    Et tu ne devinais l'essor que par l'oiseau.
    Nous t'avons délivré du sol où tu te rives,
    Et te voilà flottant sur l'eau, voyant des rives
    Avec leurs bateliers, leurs maisons, leurs chevaux.
    Ô les cieux différents ! les horizons nouveaux !
    Que de biens inconnus tu vas enfin connaître !
    Quel souffle d'aventure étrange te pénètre !
    Mais tout cela n'est rien. Car tu rampes encor.
    Qu'on le fende et le brûle, et qu'il prenne l'essor !
    Et le feu furieux te dévore la fibre.
    Ah ! tu vis maintenant, tu vis, te voilà libre !
    Plus haut que les parfums printaniers de tes fleurs,
    Plus haut que les chansons de tes oiseaux siffleurs,
    Plus haut que tes soupirs, plus haut que mes paroles,
    Dans la nue et l'espace infini tu t'envoles !
    Vers ces roses vapeurs où le soleil du soir
    S'éteint comme une braise au fond d'un encensoir,
    Vers ce firmament bleu dont la gloire allumée
    Absorbe avec amour ton âme de fumée,
    Vers ce mystérieux et sublime lointain
    Où viendra s'éveiller demain le frais matin,
    Où luiront cette nuit les splendeurs sidérales,
    Monte, monte toujours, déroule tes spirales,
    Monte, évanouis-toi, fuis, disparais ! Voici
    Que ton dernier flocon flotte seul, aminci,
    Et se fond, se dissout, s'en va. Tu perds ton être ;
    Aucun œil à présent ne peut te reconnaître ;
    Et toi qui regrettais le grand ciel et l'air pur,
    Ô vieux bois, tu deviens un morceau de l'azur.

    Jean Richepin

     


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    Pour oublier, l'espace d'un instant, novembre et ses pluies intempestives, accompagnées de crues et ses tempêtes, je vous offre le petit poème, que j'ai écrit devant ma fenêtre au printemps dernier, c'était un soir éblouissant de beauté et de lumière...

     

     

    Le ciel ce soir-là...

     

    (vu de ma fenêtre)

     

     

     

    Crépuscule de printemps

     

    Les bruits s’apaisent, et la ville toute alanguie,

     

    S’installe pour la nuit.

     

    Le ciel, est encore clair, il prend dans le couchant,

     

    Des teintes de bonbons.

     

    Des morceaux de soleil y traînent encore,

     

    Accrochant des reflets d’or, aux crépis des maisons

     

    Un souffle léger, balance une branche fleurie,

     

    Et emporte avec lui de petits pétales blancs.

     

    Des chants d’oiseaux, traversent par instant, le silence;

     

    Penchée, sur le jardin, aux coins déjà pleins d’ombres,

     

    Je rêve à ma fenêtre, en attendant la nuit.

     

    Mais la voilà qui arrive toute bleue du fond de l'horizon...

     

    Livia

     

     

    La nuit arrive toute bleue, alors qu'à l'horizon s'accroche un reste de jour...

     


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