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Par Liviaaugustae le 10 Mars 2013 à 13:37
LES PLEURS DU DRAPEAU…
J'ai longuement flotté sur les champs de bataille,
Résistant bravement aux coups de la mitraille
Maintes fois ma voilure épongea dans le vent
Le sang des soldats morts, les pleurs des survivants.
Au sommet du pays je dressais mes couleurs,
Témoignage vibrant de la Foi, de l’Honneur
Les anciens devant moi soulevaient leur chapeau,
Qui-y-a-t-il de plus beau que l'amour d'un drapeau ?
Ma hampe fut brisée par des mains étrangères.
Lacérés, mes beaux plis sanglotaient en silence
En voyant que ces doigts s'attaquaient à la France.
Devant la foule haineuse, on me jeta à terre.
Un instant je pensais : « nous sommes donc en guerre ! »
Ici nul n'accourut pour calmer ma douleur !
Les uniformes bleus trépignaient de colère,
Mais leur chef, tout là-haut, préservant sa carrière,
Me laissa sans mot dire aux mains de mes bourreaux :
Je mourus sans qu'une arme quitte son fourreau.
Ce soir je regrettais de porter ces couleurs,
Car une part de la France est morte dans mes pleurs.
Quand mon pays me laisse ainsi succomber, seul,
Je ne suis plus drapeau, mais je deviens linceul.
Anonyme
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Par Liviaaugustae le 7 Mars 2013 à 15:19
Germaine Beaumont en 1930.
SI JE DEVAIS…
Si je devais partir, ne me cherchez pas
Dans le souvenir de ce que j’ai fait ou dit.
Ne me cherchez pas dans le temple interdit
Des pensées qui ne se livrèrent pas.
Ne me cherchez pas dans l’étroite mesure
Que limite l’anneau quotidien des jours.
Ne me cherchez pas dans l’aventure
Inscrite entre les jamais et les toujours.
Ne me cherchez pas dans le témoignage
Incertain de ceux qui m’ont connue.
Ne me cherchez pas dans les voyages
Que fait l’esprit sans cesse, hors des chemins battus.
Ne me cherchez pas dans les lignes de l’écriture
Et ne me cherchez pas dans la forme et dans les signes
Ni dans les hiéroglyphes de l’écriture,
Nis dans le labyrinthe des lignes de la main,
Nis dans celui des pas tracés sur les chemins
Où l’empreinte parfois s’enfonce, et dure
En dépit de la pluie, des saisons et du vent.
Ne me cherchez pas lisant, rêvant
Telle que m’ont fixée d’inexactes images.
Ne me cherchez pas d’après les gages
Que peut laisser de soi un être qui s’en va.
Ne me cherchez pas, même en pleurant
A la place que j’occupai dans le silence.
Ne me cherchez pas dans mon absence
Comme on cherche quelqu’un dans une maison vide.
Ne me cherchez pas dans les pages du livre
Que j’ai plus aimé et le plus souvent lu.
Ne me cherchez pas là où je m’étais plu
Selon le miroir déformant des apparences.
Ne me cherchez pas dans ma souffrance,
Je l’ai laissé au sol comme un manteau tombé ;
Ni dans ma joie, ni même dans l’espérance
Qui marchait à mon ombre et dormait à mes pieds.
Ne me cherchez pas dans l’aire immense
Où mes regards humains auraient pu se poser.
Ne me cherchez pas près de l’eau qui sommeille
Et ne me cherchez pas sous l’arbre que j’aimai.
Ne me cherchez pas dans le chant des abeilles
Ni dans l’hiver qui meurt, ni dans l’été qui naît.
Ne me cherchez pas près de ces roses,
Bien que j’aie plus que tout chéri les fleurs,
Ni dans ce vert jardin où le passé repose
Insensible au présent.
Non plus qu’ailleurs sur la plage
Où le vent fronce les sables,
Où la sirène jongle avec les coquillages,
Où les tritons joueurs soufflent dans les roseaux.
Les ressacs détachaient du sable cette barque
Et son lent mouvement m’était comme un berceau.
Je vous aimai, statice au mauve mortuaire…
Cependant, ne me cherchez pas dans l’estuaire.
Si je devais partir, ô ne me cherchez pas
Là où quittant ces lieux je ne puis être.
Ne me cherchez pas près de fenêtres,
Comme quand j’attendais quelqu’un qui ne vint pas.
Et ne me cherchez pas près de la lampe douce,
J’ai si longtemps tourné en rond dans sa clarté ;
Et ne me cherchez pas auprès de la beauté
Endormie dans la paix du feuillage et des mousses…
S’il se peut que l’on dure à l’instant où l’on meurt,
Et que l’on survive en son propre trépas,
S’il se peut qu’après moi quelque chose demeure,
Vous ne le trouverez qu’en ne le cherchant pas.
Germaine BEAUMONT
Extrait de : si je devais…
Germaine Beaumont, de son vrai nom Germaine Battendier, est une journaliste et une romancière française, née à Petite-Couronne (Seine-Maritime) le 31 octobre 1890, et décédée à Montfort-Lamaury Yvelines le 21 mars 1983, et repose au cimetière de Montfort-Lamaury.
Elle fut une grande amie de Colette.
« C’est une féministe « individuelle », elle fut pourtant mariée deux fois, et divorcée deux fois, et eut une liaison…
Mais c’est finalement à la littérature que Germaine Beaumont consacre sa vie, sans mari, sans enfant. Aussi faut-il la croire quand elle affirme : « Partout où il y a de quoi écrire avec un peu de silence autour, j’entre dans un paradis dont les portes se referment aussitôt sur moi.Et je m’accommode aussi bien de ses serpents que de ses pommes. »
Texte Wikipédia
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Par Liviaaugustae le 5 Mars 2013 à 00:23
Germaine Beaumont en 1930.
SI JE DEVAIS…
Si je devais partir, ne me cherchez pas
Dans le souvenir de ce que j’ai fait ou dit.
Ne me cherchez pas dans le temple interdit
Des pensées qui ne se livrèrent pas.
Ne me cherchez pas dans l’étroite mesure
Que limite l’anneau quotidien des jours.
Ne me cherchez pas dans l’aventure
Inscrite entre les jamais et les toujours.
Ne me cherchez pas dans le témoignage
Incertain de ceux qui m’ont connue.
Ne me cherchez pas dans les voyages
Que fait l’esprit sans cesse, hors des chemins battus.
Ne me cherchez pas dans les lignes de l’écriture
Et ne me cherchez pas dans la forme et dans les signes
Ni dans les hiéroglyphes de l’écriture,
Nis dans le labyrinthe des lignes de la main,
Nis dans celui des pas tracés sur les chemins
Où l’empreinte parfois s’enfonce, et dure
En dépit de la pluie, des saisons et du vent.
Ne me cherchez pas lisant, rêvant
Telle que m’ont fixée d’inexactes images.
Ne me cherchez pas d’après les gages
Que peut laisser de soi un être qui s’en va.
Ne me cherchez pas, même en pleurant
A la place que j’occupai dans le silence.
Ne me cherchez pas dans mon absence
Comme on cherche quelqu’un dans une maison vide.
Ne me cherchez pas dans les pages du livre
Que j’ai plus aimé et le plus souvent lu.
Ne me cherchez pas là où je m’étais plu
Selon le miroir déformant des apparences.
Ne me cherchez pas dans ma souffrance,
Je l’ai laissé au sol comme un manteau tombé ;
Ni dans ma joie, ni même dans l’espérance
Qui marchait à mon ombre et dormait à mes pieds.
Ne me cherchez pas dans l’aire immense
Où mes regards humains auraient pu se poser.
Ne me cherchez pas près de l’eau qui sommeille
Et ne me cherchez pas sous l’arbre que j’aimai.
Ne me cherchez pas dans le chant des abeilles
Ni dans l’hiver qui meurt, ni dans l’été qui naît.
Ne me cherchez pas près de ces roses,
Bien que j’aie plus que tout chéri les fleurs,
Ni dans ce vert jardin où le passé repose
Insensible au présent.
Non plus qu’ailleurs sur la plage
Où le vent fronce les sables,
Où la sirène jongle avec les coquillages,
Où les tritons joueurs soufflent dans les roseaux.
Les ressacs détachaient du sable cette barque
Et son lent mouvement m’était comme un berceau.
Je vous aimai, statice au mauve mortuaire…
Cependant, ne me cherchez pas dans l’estuaire.
Si je devais partir, ô ne me cherchez pas
Là où quittant ces lieux je ne puis être.
Ne me cherchez pas près de fenêtres,
Comme quand j’attendais quelqu’un qui ne vint pas.
Et ne me cherchez pas près de la lampe douce,
J’ai si longtemps tourné en rond dans sa clarté ;
Et ne me cherchez pas auprès de la beauté
Endormie dans la paix du feuillage et des mousses…
S’il se peut que l’on dure à l’instant où l’on meurt,
Et que l’on survive en son propre trépas,
S’il se peut qu’après moi quelque chose demeure,
Vous ne le trouverez qu’en ne le cherchant pas.
Germaine BEAUMONT
Extrait de : si je devais…
Germaine Beaumont, de son vrai nom Germaine Battendier, est une journaliste et une romancière française, née à Petite-Couronne (Seine-Maritime) le 31 octobre 1890, et décédée à Montfort-Lamaury Yvelines le 21 mars 1983, et repose au cimetière de Montfort-Lamaury.
Elle fut une grande amie de Colette.
« C’est une féministe « individuelle », elle fut pourtant mariée deux fois, et divorcée deux fois, et eut une liaison…
Mais c’est finalement à la littérature que Germaine Beaumont consacre sa vie, sans mari, sans enfant. Aussi faut-il la croire quand elle affirme : « Partout où il y a de quoi écrire avec un peu de silence autour, j’entre dans un paradis dont les portes se referment aussitôt sur moi.Et je m’accommode aussi bien de ses serpents que de ses pommes. »
Texte Wikipédia
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Par Liviaaugustae le 2 Mars 2013 à 09:44
La bise se rue à travers
Les buissons tout noirs et tout verts,
Glaçant la neige éparpillée
Dans la campagne ensoleillée.
L’odeur est aigre près des bois,
L’horizon chante avec les voix,
Les coqs des clochers des villages
Luisent crûment sur les nuages.
C’est délicieux de marcher
A travers ce brouillard léger
Qu’un vent taquin parfois retrousse.
Ah ! fi de mon vieux feu qui tousse !
J’ai des fourmis dans les talons
Debout, mon âme, vite, allons !
C’est le printemps sévère encore,
Mais qui par instants s’édulcore
D’un souffle tiède, juste assez
Pour mieux sentir les froids passés
Et penser au Dieu de clémence…
Va, mon âme, à l’espoir immense !
VERLAINE
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Par Liviaaugustae le 28 Février 2013 à 10:27
La Rosace de Notre-Dame
QUE T’IMPORTE MON CŒUR
Que t'importe, mon cœur, ces naissances de rois,
Ces victoires qui font éclater à la fois
Cloches et canons en volées,
Et louer le Seigneur en pompeux appareil,
Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil,
Monter des gerbes étoilées ?Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté.
Rien ici-bas qui n'ait en soi sa vanité ;
La gloire fuit à tire-d'aile ;
Couronnes, mitres d'or, brillent, mais durent peu.
Elles ne valent pas le brin d'herbe que Dieu
Fait pour le nid de l'hirondelle !Hélas ! plus de grandeur contient plus de néant.
La bombe atteint plutôt l'obélisque géant
Que la tourelle des colombes.
C'est toujours par la mort que Dieu s'unit aux rois.
Leur couronne dorée a pour faîte sa croix,
Son temple est pavé de leurs tombes.Quoi ! hauteur de nos tours, splendeur de nos palais,
Napoléon, César, Mahomet, Périclès,
Rien qui ne tombe et ne s'efface !
Mystérieux abîme où l'esprit se confond !
A quelques pieds sous terre un silence profond,
Et tant de bruit à la surface !Victor HUGO
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