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Par Liviaaugustae le 29 Mai 2013 à 13:49
« Chant de printemps » de Waterhouse (1913)
(Collection particulière)
LES ROSES DE SAADI
J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.Marceline DESBORDES-VALMORE
Je connaissais vaguement Marceline Desbordes-Valmore, un petit poème par ci, un petit poème par là ! Et j’avais lu et entendu, à son propos qu’elle était un poète mineur !
Elle n’est pas en odeur de sainteté, chez les prêts à penser…
J’ai eu le grand plaisir de recevoir un petit recueil de ses poèmes, certains m’ont bouleversés, d’autres m’ont enchantés, comme : les Roses de Saadi, ci-dessus.
Liviaaugustae
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Par Liviaaugustae le 22 Mai 2013 à 11:39
Illustré par Grandville.
LE GEAI PARE DES PLUMES DU PAON.
Un Paon muait : un Geai prit son plumage ;
Puis après se l’accomoda :
Puis, parmi d’autres Paons tout fier se parada,
Croyant être un beau personnage.
Quelqu’un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué ;
Et par Messieurs les Paons plumé d’étrange sorte :
Même par ses pareils s’étant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.
Il est assez de Geais à deux pieds comme lui,
Qui se parent souvent des dépouilles d‘autrui,
Et que l’on nomme Plagiaires.
Je me tais, et ne veux leur causer nul ennui :
Ce ne sont pas là mes affaires.
Jean de La Fontaine.
GEAIS D’AUJOURD’HUI
Il y a de nos jours beaucoup de Geais,
Ils s’accommodent de Plumes qui ne leur sieds guère.
Têtus, ils gardent ces Plumes là,
Se cachent en des châteaux,
Ne sortent en belles calèches
Qu’entourés de gardes
Aux épées acérées.
Le quolibet, le sifflet,
Peu leur chaut,
Ne sont-ils pas les maîtres du moment ?
Un jour, pourtant,
On leur demandera raison,
Il faudra qu’ils rendre ces habits-là,
Si peu fait pour des Geais bedonnants,
Liviaaugustae
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Par Liviaaugustae le 17 Mai 2013 à 11:06
LE RENARD ET LA CIGOGNE.
Compère le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la Cigogne.
Le régal fût petit, et sans beaucoup d’apprêts.
Le galant, pour toute besogne,
Avait un brouet clair, (il vivait chichement)
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette.
La Cigogne au long bec n’en pu attraper une miette ;
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la Cigogne le prie.
Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis
Je ne fais point de cérémonie.
A l’heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse,
Loua très fort sa politesse,
Trouva le dîner cuit à point.
Bon appétit surtout, Renards n’en manquent point :
Il se réjouissait à l’odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu’il croyait friande.
On servit, pour l’embarrasser,
En un vase à long col, et d’étroite embouchure.
Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer,
Mais le museau du Sire était d’autre mesure,
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un Renard qu’une Poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l’oreille.
Trompeur, c’est pour vous que j’écris,
Attendez-vous à la pareille.
Jean de La Fontaine
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Par Liviaaugustae le 10 Mai 2013 à 10:44
Girouette traditionnelle.
(Image Wikipédia)
Chantecler, le Coq chante :
Je t’adore, soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l’amour maternel !
Tu fais tourner les tournesols du presbytère,
Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher,
Et quand par les tilleuls tu viens avec mystère,
Tu fais bouger les ronds par terre
Si beaux qu’on n’ose plus marcher !
Tu changes en émail le vernis de la cruche ;
Tu fais un étendard en léchant le torchon ;
La meule a, grâce à toi, de l’or sur sa capuche,
Et sa petite sœur la ruche
A de l’or sur son capuchon ! […]
C’est toi qui, découpant la sœur jumelle et sombre
Qui se couche et s’allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme a su doubler le nombre.
A chaque objet donnant une ombre
Souvent plus charmante que lui !
Je t’adore, soleil, tu mets dans l’air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses.
O Soleil ! Toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu’elles sont !
Edmond ROSTAND
Las ! Nous chantons le printemps, et le soleil… Mais seraient-ils seulement dans nos désirs ?
Le soleil est rare et pingre, il distribue parcimonieusement ses rayons, aujourd’hui, il fait gris, uniformément gris, les oiseaux chantent timidement, de peur, sans doute, que le « le ciel ne leur tombe sur la tête » !
Que c’est triste un printemps gris !
Liviaaugustae
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Par Liviaaugustae le 29 Avril 2013 à 10:33
La flamme de la jeunesse dure, ce que durent les roses…
Stances à Marquise.
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux
Souvenez-vous qu’à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m’a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.
Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu’on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qui me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle
Où j’aurai quelque crédit
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.
Pensez-y belle Marquise :
Quoi qu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise
Quand il est fait comme moi. »
PIERRE CORNEILLE
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