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    Poème

    « Chant de printemps » de Waterhouse (1913)

    (Collection particulière)

     

    LES ROSES DE SAADI

    J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
    Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
    Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.

    Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
    Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
    Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

    La vague en a paru rouge et comme enflammée.
    Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
    Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

    Marceline DESBORDES-VALMORE

     

     

    Je connaissais vaguement Marceline Desbordes-Valmore,  un petit poème par ci, un petit poème par là ! Et j’avais lu et entendu, à son propos qu’elle  était un poète mineur !

    Elle n’est pas en odeur de sainteté, chez les prêts à penser…

    J’ai eu le grand plaisir de recevoir un petit recueil de ses poèmes, certains m’ont bouleversés, d’autres m’ont enchantés, comme : les Roses de Saadi, ci-dessus.

    Liviaaugustae


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    Fable

    Illustré par Grandville.

     

    LE GEAI PARE DES PLUMES DU PAON.

     

    Un Paon muait : un Geai prit son plumage ;

    Puis après se l’accomoda :

    Puis, parmi d’autres Paons tout fier se parada,

    Croyant être un beau personnage.

    Quelqu’un le reconnut : il se vit bafoué,

    Berné, sifflé, moqué, joué ;

    Et par Messieurs les Paons plumé d’étrange sorte :

    Même par ses pareils s’étant réfugié,

    Il fut par eux mis à la porte.

    Il est assez de Geais à deux pieds comme lui,

    Qui se parent souvent des dépouilles d‘autrui,

    Et que l’on nomme Plagiaires.

    Je me tais, et ne veux leur causer nul ennui :

    Ce ne sont pas là mes affaires.

    Jean de La Fontaine.

     

     

    GEAIS D’AUJOURD’HUI

    Il y a de nos jours beaucoup de Geais,

    Ils s’accommodent de Plumes qui ne leur sieds guère.

    Têtus, ils gardent ces Plumes là,

    Se cachent en des châteaux,

    Ne sortent en belles calèches

    Qu’entourés de gardes

    Aux épées acérées.

    Le quolibet, le sifflet,

    Peu leur chaut,

    Ne sont-ils pas les maîtres du moment ?

    Un jour, pourtant,

    On leur demandera raison,

    Il faudra qu’ils rendre ces habits-là,

    Si peu fait pour des Geais bedonnants,

    Liviaaugustae


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    Fable

     

    LE RENARD ET LA CIGOGNE.

     

    Compère le Renard se mit un jour en frais,

    Et retint à dîner commère la Cigogne.

    Le régal fût petit, et sans beaucoup d’apprêts.

    Le galant, pour toute besogne,

    Avait un brouet clair, (il vivait chichement)

    Ce brouet fut par lui servi sur une assiette.

    La Cigogne au long bec n’en pu attraper une miette ;

    Et le drôle eut lapé le tout en un moment.

    Pour se venger de cette tromperie,

    A quelque temps de là, la Cigogne le prie.

    Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis

    Je ne fais point de cérémonie.

    A l’heure dite, il courut au logis

    De la Cigogne son hôtesse,

    Loua très fort sa politesse,

    Trouva le dîner cuit à point.

    Bon appétit surtout, Renards n’en manquent point :

    Il se réjouissait à l’odeur de la viande

    Mise en menus morceaux, et qu’il croyait friande.

    On servit, pour l’embarrasser,

    En un vase à long col, et d’étroite embouchure.

    Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer,

    Mais le museau du Sire était d’autre mesure,

    Il lui fallut à jeun retourner au logis,

    Honteux comme un Renard qu’une Poule aurait pris,

    Serrant la queue, et portant bas l’oreille.

     

    Trompeur, c’est pour vous que j’écris,

    Attendez-vous à la pareille.

    Jean de La Fontaine


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    Poème

    Girouette traditionnelle.

    (Image Wikipédia)

     

    Chantecler, le Coq chante :

     

    Je t’adore, soleil ! ô toi dont la lumière,

    Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,

    Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,

    Se divise  et demeure entière

    Ainsi que l’amour maternel !

     

    Tu fais tourner les tournesols du presbytère,

    Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher,

    Et quand par les tilleuls tu viens avec mystère,

    Tu fais bouger les ronds par terre

    Si beaux qu’on n’ose plus marcher !

     

    Tu changes en émail le vernis de la cruche ;

    Tu fais un étendard en léchant le torchon ;

    La meule a, grâce à toi, de l’or sur sa capuche,

    Et sa petite sœur la ruche

    A de l’or sur son capuchon ! […]

     

    C’est toi qui, découpant la sœur jumelle et sombre

    Qui se couche et s’allonge au pied de ce qui luit,

    De tout ce qui nous charme a su doubler le nombre.

    A chaque objet donnant une ombre

    Souvent plus charmante que lui !

     

    Je t’adore, soleil, tu mets dans l’air des roses,

    Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !

    Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses.

    O Soleil ! Toi sans qui les choses

    Ne seraient que ce qu’elles sont !

    Edmond ROSTAND

     

    Las ! Nous chantons le printemps, et le soleil… Mais seraient-ils seulement dans nos désirs ?

    Le soleil est rare et pingre, il distribue parcimonieusement ses rayons, aujourd’hui, il fait gris, uniformément gris, les oiseaux chantent timidement, de peur, sans doute, que le « le ciel ne leur tombe sur la tête » !

    Que c’est triste un printemps gris !

    Liviaaugustae


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    Poème

    La flamme de la jeunesse dure, ce que durent les roses…

     

    Stances à Marquise. 

     

    Marquise, si mon visage 

    A quelques traits un peu vieux

    Souvenez-vous qu’à mon âge

    Vous ne vaudrez guère mieux.

     

    Le temps aux plus belles choses

    Se plaît à faire un affront

    Et saura faner vos roses

    Comme il a ridé mon front.

     

    Le même cours des planètes

    Règle nos jours et nos nuits :

    On m’a vu ce que vous êtes ;

     
     

    Vous serez ce que je suis.

     

    Cependant j’ai quelques charmes

    Qui sont assez éclatants

    Pour n’avoir pas trop d’alarmes

    De ces ravages du temps.

     

    Vous en avez qu’on adore ;

    Mais ceux que vous méprisez

    Pourraient bien durer encore

    Quand ceux-là seront usés.

     

    Ils pourront sauver la gloire

    Des yeux qui me semblent doux,

    Et dans mille ans faire croire

    Ce qui me plaira de vous.

     

    Chez cette race nouvelle

    Où j’aurai quelque crédit

    Vous ne passerez pour belle

    Qu’autant que je l’aurai dit.

     

    Pensez-y belle Marquise :

    Quoi qu’un grison fasse effroi,

    Il vaut bien qu’on le courtise

    Quand il est fait comme moi. »

    PIERRE CORNEILLE


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