•  

     

     

     

    Poème

     

     

    Le crépuscule est triste doux…

     

    Le crépuscule est triste et doux comme un adieu.

    A l’orient déjà, dans le ciel sombre et bleu

    Où lentement la nuit qui monte étend ses voiles,

    De timides clartés, vagues espoirs d’étoiles,

    Contemplent l’occident clair encore, y cherchant

    Le rose souvenir d’un beau soleil couchant

    Le vent du soir se tait. Nulle feuille ne tremble,

    Même dans le frisson harmonieux du tremble ;

    Et l’immobilité se fait dans les roseaux

    Que l’étang réfléchit au miroir des eaux.

    En un parfum ému chaque fleur s’évapore

    Pure, et les rossignols ne chante pas encore

     

    Pour échanger tout bas nos éternels aveux,

    Chère, nous choisirons cette heure, si tu veux.

    Nous prendrons le chemin tournant de la colline.

    Mon front se penchera vers ton front qui s’incline ;

    Et nos baisers feront des concerts infinis,

    Si doux que les oiseaux, réveillés dans leurs nids,

    Trouveront la musique, à cette heure, indiscrète

    Et se demanderont quelle bergeronnette

    Ou quel chardonneret est assez débauché

    Pour faire l’amour quand le soleil s’est couché.

    François Coppée

    (Extrait de : Intimités)


    votre commentaire
  •  

     

     

     

    Poème et Biographie

     

     

    La Belle Rosamonde (1916)

    J.W. Waterhouse

    (Collection particulière)

     

     

    Fantaisie…

     

    Il est un air pour qui je donnerais

    Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

    Un air très vieux, languissant et funèbre,

    Qui pour moi seul à des charmes secrets.

     

    Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

    De deux cents ans mon âme rajeunie :

    C’est sous Louis XIII… et je crois voir s’étendre

    Un coteau vert que le couchant jaunit ;

     

    Puis un château de brique à coins de pierre,

    Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

    Ceint de grands parcs, avec une rivière

    Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs.

     

    Puis une dame, à sa haute fenêtre,

    Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens…

    Que, dans une autre existence, peut-être,

    J’ai déjà vue et dont je me souviens !

    G. DE NERVAL

     

     

     

    Poème et Biographie

     

     

    Gérard de Nerval, par Nadar.

     

    GERARD DE NERVAL.

    (Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, Paris 1808-1855)

     

    Ecrivain français, (Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, Paris 1808-1855). Privé tôt de sa mère, il fut élevé parmi les paysages mélancoliques et les récits légendaires du Valois. Il se lia à Paris avec Théophile Gautier et mena une vie insouciante qu’il évoqua dans « Les Petits Châteaux de Bohême » et « La Bohême galante ».

    Fasciné par l’Allemagne, il fit une traduction célèbre du Faust de Goethe et composa des contes (La Main de gloire) inspiré d’Hoffmann, mais déjà, dans des poèmes délicats comme « Fantaisie », apparaissait la première incarnation du mythe féminin qu’il poursuivit toute sa vie, la blonde Adrienne qui mourut au couvent. De 1836 à 1841, une passion malheureuse pour l’actrice Jenny Colon (dans son langage onirique, Aurélie et Aurélia) accentua cet « épanchement du songe dans la vie réelle » : Adrienne et Jenny sont dès lors les deux incarnations (la « Sainte » et la »Fée ») de son éternel féminin, qui se confond bientôt avec l’âme de la nature (Isis ou Cybèle), puis avec la Vierge Marie, ou sa propre mère qui intercède pour sa rédemption. Ce syncrétisme religieux est d’ailleurs l’aboutissement des recherches ésotériques sur les mythologies et les cultes antiques, effectuées par Nerval lors de son voyage en Orient […]

    Sujet désormais au délire, il transcrivit cependant les principaux épisodes de son aventure spirituelle dans « les Filles du feu », Aurélia ou Pandora, comme dans les sonnets des « Chimères ». On le retrouva pendu,  près du Chatelet.  Aurélia ou le Rêve et la Vie inachevé…  est caractéristique de la quête de Nerval : par une sorte de « descente aux enfers », le poète tente de rechercher le « fantôme rose et blond » d’Adrienne, qui a revêtue les apparences d’Aurélia. […]

    […] « Faisant référence à Apulée, Dante, et Swedenborg, Nerval est convaincu que le songe aide à « percer ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible ». Relation émouvante d’une expérience dramatique intimement vécue, l’œuvre de Nerval (en prose comme en vers) est une incantation à la fois précise et mystérieuse qui établit des correspondances entre le rêve et la vie, préfigurant en cela l’œuvre de Baudelaire ou celle de Mallarmé, aussi bien que les tentatives des surréalistes. Mais cet aspect essentiel  de son œuvre ne saurait faire oublier l’esprit, la gaieté et les sens artistique raffiné du prosateur de la première période, et du voyageur érudit.

    Extrait de : Dictionnaire Robert des noms propres.

     


    4 commentaires
  •  

     

     

     

    Derrière la grille…

     

     

     

    Poème

    Derrière cette grille,

    Qui ne s’ouvre jamais,

    La vie s’écoule,  lentement,

    Comme une fleur blessée.

    Mon cœur fatigué,

    Court sans relâche,

    Après des songes perdus,

    Emprisonnés à jamais,

    Derrière cette grille

    Qui ne s’ouvre jamais !

    Liviaaugustae

     

    Image Wikipédia.

     


    2 commentaires
  •  

     

    Poème

    Haïti le Port en janvier 2010

     

    Une leçon, Nature, apprends-moi

    Une leçon que chaque vent me portera

    Une leçon de deux devoirs en un réunis

    Bien que le monde, haut et fort, répète leur inimitié

    Du labeur allié à la Sérénité

    Du travail, dont le progrès régulier surpasse

    Des projets plus bruyants, accompli dans le repos

    Trop grand pour la hâte, trop élevé pour la rivalité.

    Oui ; tandis que mille discordes éclatent sur terre

    Le tumulte insensé de l’homme se mêlant à son ouvrage,

    Tes ministres, inlassables, poursuivent leurs œuvres

    Accomplissant leurs tâches glorieuses en silence :

    Toujours au travail, toujours blâmant notre vaine agitation

    Ces travailleurs ne failliront point, quand l’homme ne sera plus.

    Matthew ARNOLD

     

    Les dinosaures sont morts, il n’en reste que des os calcifiés, les premiers hommes sont morts, nous allons visiter leurs cavernes, et voir avec curiosité leurs progrès, en art, en cuisine, en sculpture…

    Qu’adviendra-t-il de nous ? Les suivants sur terre retrouveront-ils nos traces ? Nos gadgets ?

    Mais si la terre s’en va dans un grand souffle de bombe !

    Il ne restera  rien ! Les orgueilleux immeubles de cent cinquante étages, ne seront qu’un amas calciné de verre et de béton…

    Cela me rappelle : La Tour de Babel !

    Liviaaugustae


    4 commentaires
  •  

     

     

    Poème

    Portrait de François Coppée, par Paul Chabas (1895).

     

    BIOGRAPHIE DE FRANCOIS COPPEE

    François Coppée est né à Paris en 1842 et c'est là qu'il est mort en 1908.

    Le premier recueil de Coppée, Le Reliquaire (1866) est parnassien, mais avec ses Intimités (1868) il se tourne vers une poésie du quotidien où des sujets comme le souvenir d'une première encontre amoureuse (Septembre, au ciel léger...), la nostalgie d'une autre existence (Je suis un pâle enfant du vieux Paris...) ou la beauté du crépuscule (Le crépuscule est triste et doux...) sont exprimés avec les mots de tous les jours.

    Si sa poésie, jugée trop prosaïque, est rarement lue de nos jours, il faut savoir qu'à la fin du dix-neuvième siècle, les vers, les contes et les drames de Coppée étaient tout autant appréciés des critiques que du public.

    Image et texte de Wikipédia.

     

     

     

    Poème

    Flaming June (1805) huile par Frédéric Leighton

    (Museo de Arte Ponce, Porto Rico)

     

    Septembre au ciel léger…

    Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants

    Est favorable à la flânerie à pas lents,

    Par la rue, en sortant de chez la femme aimée,

    Après un tendre adieu dont l’âme est parfumée.

    Pour moi, je crois toujours l’aimer mieux et bien plus

    Dans ce mois-ci, car c’est l’époque où je lui plu.

    L’après-midi, je vais souvent la voir en fraude ;

    Et, quand j’ai dû quitter la chambre étroite et chaude

    Après avoir promis de bientôt revenir,

    Je m’en vais devant moi, distrait. Le souvenir

    Me fait monter au cœur ses effluves heureuses ;

    Et de mes vêtements et de mes mains fiévreuses

    Se dégage un arôme exquis et capiteux,

    Dont je suis à la fois trop fier et trop honteux

    Pour en bien définir la volupté profonde,

    Quelque chose comme une odeur qui serait blonde.

    François Coppée

    (Extrait de : Intimités)

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique