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Par Liviaaugustae le 16 Septembre 2010 à 14:14
Le calendrier nous donne avec précision, la date, (23 septembre) et même l’heure, (3h09) où l’automne, devrait faire son apparition, mais la nature n’en a cure.
Déjà, les arbres du boulevard se parent d’or, et le marronnier au fond du jardin, a déjà revêtu son habit de lumière avant de se retrouver nu quand l’hiver sera venu !
Paul Géraldy, a chanté l’automne avec son élégance et son charme habituels.
TE REVOILA, LEGER…
Te revoilà, léger, délicat, salutaire,
Avec ton air de conte bleu,
Ton goût de châtaigne et de terre, automne !
Eh quoi, déjà ! On redoutait un peu ton retour, rameneur des manteaux et des châles.
On trouvait qu’à la grille et sur la pergola
La vigne roussissait trop vite… Et te revoilà,
Avec tes jours trop courts et tes soleils trop pâles,
Et, tout de même on est content que tu sois là.
Il n’y a pas longtemps que l’on sait ta présence.
Un soir, il nous sembla que l’air était plus doux
Et que la promenade avait plus d’importance.
C’est toi qui revenais, fidèle au rendez-vous,
Et te laissais glisser mollement des branchages.
Et la vie est déjà différente. On comprend plus de chose.
Les yeux des femmes sont plus grands.
Elles ont beau rester penchées sur leur ouvrage,
Leur application n’est pas franche.
On dirait que leurs yeux attentifs cachent des cœurs distraits.
Etre silencieux n’est pas être plus sage.
Oui, toutes, vous avez des regards plus profonds.
Vous devenez observatrices.
Vous nous dites le nom d’un arbre au bruit que font ses hautes feuilles qui s’agitent.
Suzanne a relevé son aiguille.
Elle suit d’une oreille attentive et pourtant un peu lasse
le nostalgique bruit qui raie au loin la nuit
et dit, soudain rêveuse et lointaine, à voix basse :
« Ah ! Le train vient d’enter sous le tunnel. » Des bruits
Qu’on ne remarquait pas envahissent l’espace
Et résonnent en nous mystérieusement…
Automne, tu es là, léger. Tu nous assiste.
Tu es là, fraternel, exorable et charmant.
Nous allons donc pouvoir à notre aise être triste.
On n’est pas très heureux, tu sais bien.
Le beau temps, l’étude, le travail, l’amitié, l’art, les livres,
L’action, l’intérêt ne comble pas le cœur.
Quand à ce pauvre amour, sans qui l’on ne peut vivre,
On n’est jamais bien sûr que ce soit le bonheur.
Jusqu’à présent, honteux, on cachait sous des rires,
Sous des mots, sous un bruit factice de gaieté,
Ce cœur insatisfait qu’on eut tant aimé dire
Et qu’on ne disait pas par pudeur, par fierté.
Mais depuis ton retour on se cherche, on s’accueille.
On laisse s’évader de soi tous ses secrets.
On écoute bouger l’oiseau, trembler la feuille.
On regarde tomber la feuille qui tremblait.
On sent que tout s’en va vers une fin légère.
On voudrait s’arrêter et goûter cette fin,
Retenir cet instant, fixer cette lumière,
Etre soi-même un peu cette heure et ce jardin…
Le soir descend. Le monde est bleu. Les roses roses sont des lueurs.
Un si grand calme se dépose
Qu’il grise un peu. On sent son cœur à chaque bruit.
Suzanne, toute songe, et qui défend qu’on cause frissonne.
Une fraîcheur qui sent déjà la nuit
La fait serrer contre elle et rehausser son voile.
Une étoile parait… Encore un jour qui fuit…
N’est-ce pas qu’il faut vivre avec douceur, étoile !
JE PARS. IL A PLU HIER…
Je pars. Il a plu hier. Les soirées sont chagrines.
Le vieux noyer répand ses feuilles sur le toit.
L’automne passe par l’auvent, dans la cuisine.
Les Dames du château sont parties. Il fait froid.
Adieu. La voiture est prête au bas du perron.
Le jardinier porte la malle avec la bonne.
Le cheval attelé se secoue, et s’étonne,
Piaffe, et creuse le sol avec son sabot rond.
Je sais un raccourci pour aller à la gare,
A travers bois. C’est le chemin de mes cousines.
On suit l’Airelle, on tourne à gauche, après les mares.
On va par Egriselle et la Haie-Pélerine.
Adieu. Vous baisserez la capote. La porte
Tourne à grand peine sur ses gonds rouillés.
Les roues ont fait des raies sur le gravier mouillé…
Vous balaierez les feuilles mortes !
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Par Liviaaugustae le 22 Août 2010 à 19:27
LES PETITS VIEUX
Il à neigé des ans sur leurs têtes qui branlent.
La vie a buriné des sillons sur leurs fronts.
Leurs gestes sont maladroits,
Et leurs mains qui s’avancent ;
Tremblent de ne pas rencontrer ; une autre main amie.
Ils s’en vont deux par deux,
L’un soutenant l’autre,
D’un pas qui hésite, et qui n’en finit pas,
Qui a peur d’arriver, ou finissent les pas.
Ce monde ne leur donne rien,
Que la peur d’exister.
Ils vont les petits vieux, isolés deux par deux.
Sur la dernière route,
La plus dure de toute !
Anonyme
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Par Liviaaugustae le 22 Juillet 2010 à 16:52
Près de DROGHEDA MELLIFONT, ruines de l’Abbaye Cistercienne consacrée en 1157 (Irlande)
VŒUX ROMPUS
Tard hier soir,
Le chien parlait de toi.
La bécasse parlait de toi au cœur du marais.
Car tu es l’oiseau solitaire à travers bois.
Et puisses-tu demeurer sans compagnon…
Jusqu’à ce que tu m’ais trouvé.
Tu m’as promis,
Et tu m’as menti.
Tu as dis que tu m’apparaitrais, quand s’assemblerait le troupeau de moutons.
J’ai sifflé, j’ai crié trois cent fois vers toi.
Et je n’ai rien trouvé… Qu’un agneau bêlant.
Tu m’as promis une chose qui était difficile à trouver.
Une nef d’or sous un mât d’argent.
Douze villes, avec chacune un marché.
Et un beau palais blanc sur le rivage de la mer.
Tu m’as promis une chose qui n’était pas possible.
Que tu me donnerais des gants faits de la peau d’un poisson.
Que tu me donnerais des souliers de peau d’oiseaux.
Et un habit de la plus coûteuse soie d’Irlande.
Ma mère m’a dit de ne pas te parler.
Aujourd’hui, ni demain, ni dimanche.
Elle a mal choisit son moment pour me le dire.
C’était fermer sa porte, après le cambriolage.
Tu m’as pris l’Est.
Tu m’as pris l’Ouest.
Tu m’as pris ce qui était devant moi, et ce qui était derrière moi.
Tu m’as pris la lune.
Tu m’as pris le soleil.
Et j’ai grand peur, que tu ne m’ais pris DIEU !
POEME GAELIQUE DE LADY GREGORY
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Par Liviaaugustae le 30 Juin 2010 à 21:16
Portrait de Joséphine Tascher de la Pagerie par P.P. PURD'HON (musée du Louvre). Née en 1763 aux Tois-Ilets Martinique (France)
A UNE DAME CREOLE
Au pays parfumé que le soleil caresse,
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmier d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés ;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d’orner les manoirs,
Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites,
Germer mille sonnets dans le cœur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
Charles BAUDELAIRE
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Par Liviaaugustae le 29 Juin 2010 à 13:01
Paul GERALDY
(Pseudonyme de Paul LEFEVRE). Ecrivain français. Né le 06 mars 1885 à Paris, mort à Neuilly en 1983. Il se destine à la carrière littéraire. Il publie en 1913 un recueil de poèmes, « Toi et Moi » auquel fera écho près de cinquante ans plus tard, « Vous et Moi ».
Il écrit aussi des pièces et des essais.
Sous le charme d’une écriture légère se dessinent une imagination mélancolique et des sentiments nostalgiques qui sont propres à émouvoir, sans tristesse excessive. (Voici ce que dit de lui le nouveau dictionnaire des Auteurs, bouquins)
Il est tombé de nos jours dans un oubli complet.
C’est de « Toi et Moi » que je veux aujourd’hui parler…
Puisque nous sommes en été, voici quelques poèmes sur cette saison.
LE BEAU TEMPS RIT…
Le beau temps rit ainsi qu’un refrain de chanson.
Le village est si plein de soleil, de pinsons et de roses,
Que je revois ces paysages dans une majuscule,
Au début des romans,
Quand tout est calme encor, quand des évènements
N’ont pas encor troublé la paix des personnages.
Et c’est le décor frais, convenable, verni,
D’une histoire contée au passé défini.
Je vais sortir. Le ciel abonde à ma fenêtre.
Je songe à ce petit passant que je vais être
Parmi tout cet azur, et je m’attarde exprès à l’évoquer.
J’attends, pour la voir de plus près, la cycliste, là-bas, brusquement
Apparue devant l’église et qui remonte la grand-rue.
Elle s’approche, avec un bruit d’ailes léger.
Sa robe autour des roues a l’air de voltiger.
Je peux suivre le jeu nerveux de ses chevilles qui montent, alternées.
C’est une jeune fille en robe de printemps, qui vient de la forêt.
Et je songe : «Petite inconnue, je voudrais vous mettre dans mes vers
Pour vous revoir encore.
Mais quoi ! Fixer vos yeux avec des métaphores !
Horreur ! Et puis quels mots assez simples diraient la douceur d’être
Ainsi, par ce matin sonore de feuillées et d’oiseaux, dans ce village frais, la jeune fille en blanc qui vient de la forêt ? »
Une pédale haute, elle saute, s’arrête.
Son visage, ses yeux, doivent être fleuris de parfums emmêlés par
La course. Elle rit d’être arrivée, reprend sa machine, époussette le
Soleil aux plis de ses jupes, me voit…
Rougit un peu, remet sous son béret, d’un doigt, ses cheveux envolés.
Ils retombent… N’importe !
Elle entre vite. Un bruit rouillé ferme la porte.
La sonnette grelotte et grelotte sans fin…
Et je n’ai plus envie de sortir, ce matin.
IL FAIT BEAU…
Il fait beau. Le fouillis des feuilles endormies mélange une ombre tiède au jour chaud. Mes amies ont mis leurs beaux bras nus au frais dans leur corsage.
L’enfant court à travers les pelouses et rit.
Il va mouiller ses doigts tendus aux arrosages, les retire, se sauve avec de petits cris et vit si fort dans le grand calme qu’il encombre le bel après-midi de son petit bonheur.
Nous sommes tous baignés de ciel. Il touche aux fleurs, à l’herbe.
Il envahit même notre coin d’ombre.
L’air lumineux et tendre a l’éclat du matin et la douceur du soir.
Et le temps brille et passe, mûr, chaud, doré, gonflé de soleil et d’espace.
Tout le bonheur du monde est au fond du jardin.
On voudrait n’en rien perdre et l’on tourne la tête.
On tâche en vain de le mesurer. On répète, comme pour en jouir d’avantage : « Il fait beau… »
Et puis on le répète encore. On dit des mots, de pauvres mots insuffisants et misérables.
On se trouve un cœur humble et des regards étroits.
On sent qu’un tel bonheur est trop considérable pour le pouvoir goûter tout entier à la fois.
On a la tête libre et les membres pleins d’aise.
On a laissé, comme en un bain charmant et doux, les corps beats se délier au fond des chaises.
On écoute… Il y a du silence partout…
Mais un silence heureux, peuplé, vivant, immense, plein d’un frémissement d’arbres et de rameaux, car les sons éternels sont encore des silences, et rien ne se tait mieux qu’un bruit de feuilles ou d’eau.
LE JARDIN CHAUD…
Le jardin chaud, repu de soleil, accablé de trop de jour, s’affaisse.
Et les roses, en touffes, manquant d’air, à l’étroit dans leurs parfums, étouffent.
UN rosier feu met des carmins acidulés dans le grenat béat des pivoines bourgeoises.
Là sont les roses-thé qui sentent la framboise.
Et voici, dominant les couleurs, les odeurs, la rose-rose, belle avec tant de splendeur, qu’auprès d’elle on se sent l’âme plus roturière.
L’arrosoir sec fait regretter le jardinier.
Aveuglé par tout ce tapage de lumière on voudrait s’abriter du ciel et des rosiers…
Mais déjà Marthe a préparé, dans la cuisine, où les carreaux lavés à grande eau sont mouillés, des fraises frais cueillies, du lait et des tartines… et mis à égoutter sur les claies les caillés.
LE COUVERT AU JARDIN…
Le couvert au jardin luit comme un reposoir.
L’air se détend comme une robe qu’on dégrafe.
Entre les feux croisés des cristaux les carafes ont l’air de blocs de jour oubliés par le soir.
Sur la nappe jonchée de roses luxueuses, les coupes d’émail blanc luisent sous les beaux fruits.
Mais, comme doucement sur ces choses heureuses achève de tomber la nuit, tandis que se rendort la nature épuisée sous la fraîcheur nocturne et les parfums flottants, dans les chambres, là-haut, claires et reposées, les femmes en retard s’habillent, et j’attends qu’au jardin bleu, prés des lumières tamisées, éclate cet autre printemps.
PROMENADE TROP LONGUE…
Promenade trop longue et soleil éprouvant.
Retour muet… Mais ce bonheur en arrivant :
Trouver le couvert mis sous la tonnelle fraîche,
Refuser son potage et mordre dans les pêches !
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