•  

     

     

    Billet

    Les racines de notre langue, se meurent…

     

    A TRADUIRE DU CHARABIA…

     

    Voici un petit jeu d’été (ou de printemps) : traduire le texte suivant en français traditionnel. Ce n’est tout à fait aussi difficile qu’une version latine, mais presque. Je ne songe pas à rivaliser avec les « dictées-cultes » de M. Pivot, et je ne suis point en mesure d’offrir des « dicos d’or » (ou de toc) aux meilleurs traducteurs. Mon ambition n’est rien d’autre que d’apporter un peu de divertissement à des lecteurs qui n’ont pas complètement désarmés devant les barbares.

     

    -Jérémie, vous avez un peu perdu la pêche, m’a dit hier le boss. Vous êtes moins performant. Prenez donc huit jours pour décompresser.

    Disons que depuis quelques mois, je suis anormalement stressé ? Je m’investis trop dans mon job. Ma relation avec Samantha s’en ressent. Samantha Pousselard est ma compagne. Nous habitons un loft dans un ancien squat en cours de réhabilitation, ce qui provoque des nuisances au niveau bruit. Dès le matin, c’est le hit-parade des décibels.

    Bénéficiant d’un créneau dans mon planing surbouqué, je sautai sur cette opportunité pour proposer à ma compagne d’aller nous ressourcer dans un espace vert, loin de la pollution urbaine.

    -Absolument, tout à fait, dit-elle. Quelque part, nous avons vocation à ça.

    En plus de ses T-shirts, de ses baskests et de ses jeans, elle amena avec elle un best-of de short-stories car elle désirait ardemment revisiter Maupassant.

    Nous nous impliquâmes dans notre voyage. Ce fut une relecture de la Bretagne. En roulant, Sam chantait du blues, moi du rap. Le pied, quoi ! A dix-neuf heures trente du soir, nous stoppâmes devant une structure qui faisait partie de la chaîne Merdotel. L’hôtesse, après nous avoir souhaité «Welcome à Margar’Inn » nous mena à la chambre six vingt-trois.

    -Une chambre où vous serez relaxe niveau sommeil, nous dit-elle. Bonne fin de journée, messieurs-dames.

    Il y avait un fast-food dans l’établissement. Après y avoir englouti des hamburgers, des hot-dogs, des milk-shakes et nous être déssoiffés au coke, nous jugeâmes qu’il était temps de positiver côté sexe.

    Le lendemain matin, whaou ! En ouvrant les rideaux, nous découvrîmes une prairie, ou, pour mieux dire une sorte de green où des fleurs plurielles déclinaient toute la gamme de leurs couleurs variées. Un vrai happening !

    Ma compagne s’écria : « c’est génial ! » Je répliquai : « qu’est-ce qu’on dit à son petit concubin chéri ?

    -Tu sais quoi, ronronna-t-elle, je serai si heureuse d’effectuer le parcours initiatique de la mère célibataire ! Cynthia, Vanessa, Sabrina, Jennifer et Ophélie, toutes potesses ont super-bien perçu leur maternité. Je flippe à mort, c’est galère pour moi. La balle est dans ton camp.

    Je lui fermai la bouche d’un french kiss.  Au-dessu de nous la couche d’ozone était normale. Voilà un temps fort dans mon vécu.

    Jean DUTOUR

    Extrait de : A la Recherche du Français Perdu

     

    Je pense que comme moi, habitués à ce charabia à la télé, et dans les « médias écrits », vous avez pu déchiffrer ce petit consommé de mots on ne peut plus « inn » !

    Et cette belle langue qui est la notre perd son latin et son grec, pour passer à l’anglais, mais pas seulement ! C’est un peu inquiétant, quand un grand écrivain français, concentre tout ce pataquès, en quelques lignes, et nous démontre la démolition « programmée » du français…

    Liviaaugustae


    votre commentaire
  •  

     

     

     

    Poème

    La flamme de la jeunesse dure, ce que durent les roses…

     

    Stances à Marquise. 

     

    Marquise, si mon visage 

    A quelques traits un peu vieux

    Souvenez-vous qu’à mon âge

    Vous ne vaudrez guère mieux.

     

    Le temps aux plus belles choses

    Se plaît à faire un affront

    Et saura faner vos roses

    Comme il a ridé mon front.

     

    Le même cours des planètes

    Règle nos jours et nos nuits :

    On m’a vu ce que vous êtes ;

     
     

    Vous serez ce que je suis.

     

    Cependant j’ai quelques charmes

    Qui sont assez éclatants

    Pour n’avoir pas trop d’alarmes

    De ces ravages du temps.

     

    Vous en avez qu’on adore ;

    Mais ceux que vous méprisez

    Pourraient bien durer encore

    Quand ceux-là seront usés.

     

    Ils pourront sauver la gloire

    Des yeux qui me semblent doux,

    Et dans mille ans faire croire

    Ce qui me plaira de vous.

     

    Chez cette race nouvelle

    Où j’aurai quelque crédit

    Vous ne passerez pour belle

    Qu’autant que je l’aurai dit.

     

    Pensez-y belle Marquise :

    Quoi qu’un grison fasse effroi,

    Il vaut bien qu’on le courtise

    Quand il est fait comme moi. »

    PIERRE CORNEILLE


    votre commentaire
  •  

     

     

    Art

    Portrait de Félicie de Fauveau par Ary Scheffer (1829)

    (Musée du Louvre)

     

    FELICIE DE FAUVEAU

    (Femme sculpteur des années romantiques, cette figure du soulèvement vendéen de 1832 était tombée dans l’oubli.)

     

    Félicie de Fauveau naît à Libourne (Italie) le 24 janvier 1801. Son père Alexandre de Fauveau, s’est installé en Italie, peu avant la révolution.

    En 1814, la famille de Fauveau ruinée, rentre en France. Et Félicie fréquente le salon de la Duchesse de Berry, qui a le même âge qu’elle, et décide alors d’être artiste. Elle commence par peindre, en travaillant dans l’atelier de Louis Hersent, puis, sous l’inspiration de Paul Delaroche elle apprend la sculpture en autodidacte avec son frère cadet Hippolyte.

    Peu de femmes émergent dans l’histoire de la sculpture. Félicie, fait partie de ces exceptions qui tapèrent dans l’œil de Stendhal, d’Alexandre Dumas ou d’Alfred de Musset.

    Si les historiens de l’art ainsi que ceux de la Restauration connaissent bien ce nom qui sent autant l’aventure que l’encens, le grand public n’a pas eu l’occasion de découvrir son travail ni d’approcher ce personnage haut en couleur, surnommé l’amazone de la sculpture, monarchiste, catholique, célibataire et féministe.

    Femme de caractère, royaliste légitimiste, revendiquant l’héritage glorieux des chevaliers croisés, Félicie de Fauveau délaisse sa carrière prometteuse de sculptrice pour s’opposer à Louis-Philippe 1er, après l’abdication de Charles X en 1830. Elle entre en résistance aux côtés de la comtesse de La Rochejaquelein qui mène l’insurrection royaliste pour la duchesse de Berry, depuis son château de Landebaudière en Vendée. L’idée est risquée, mais aussi limpide que l’eau de la Boulogne pour ce bataillon de femmes à l’esprit échauffé par les récits de chevalerie. […]

    […] Artiste et mystique, elle brûle d’agir, monte à cheval et tire au pistolet. eLle parcourt le bocage, visite les métairies pour y trouver des alliés, cache des pierres à fusil, « enveloppée de son amazone de drap bleu, comme un général de son manteau de guerre » diront les témoins.[…]

    […] Mais le soulèvement tourne au fiasco… La Duchesse de Berry est arrêtée, et condamnée à la déportation, Félicie de Fauveau gagne clandestinement Paris, puis se réfugie à Florence  où elle s’éteindra le 12 décembre 1886, à l’âge de 80 ans.

     Elle garda la fraîcheur, la ferveur et l’élan de la jeunesse. Ainsi qu’un attachement viscéral pour la Vendée. Sa devise dit : « Vendée, labeur, honneur, douleur ».

     

     

    Art

     

    Le drapeau de l’insurrection (peinture sur soie)

    Durant l’été 1831, Félicie de Fauveau peint une bannière qui doit servir de drapeau de l’insurrection pour la division de Gaubretière tout juste créée. Cette bannière peinte sur soie, pieusement conservée, représente l’archange Saint Michel terrassant le dragon, considéré comme le saint patron du royaume de France jusqu’au vœu de Louis XIII en 1638.

     

     

    Art

    Christ en croix en bois

    Ce magnifique Christ en croix à la mécher mantique fut réalisé en 1857 pour sa chère amie, Madame de La Rochejaquelein. Il était destiné à la Chapelle de Saint-Aubain-de-Baubigné (Deux-Sèvres), et réalisé en souvenir de la malheureuse campagne de la Pénissière en 1832

     

     

    Art

    Lampe de l’archange saint Michel.

    (par Félicie de Fauveau et Jean-Honoré Gognon, fondeur ; bronze patiné, doré, argenté et peint, verre, lapis, 1832)

    C’est l’une des principales œuvres de Félicie avec le Monument de Dante, d’une virtuosité extraordinaire. Toutes deux lui furent commandées par le collectionneur d’antiques et d’objets du Moyen Age et de la Renaissance, le comte Alexandre de Pourtalès-Gorgier. Elle a pour thème la veille et la vigilance par l’inscription :

    « Non dormit qui custodit »

    (« Il ne dort pas celui qui veille »).

    Diane Gautret

    Extrait de : Famille Chrétienne

     

    Pour ceux qui sont sur place et ceux qui pourront s’y rendre, une exposition se tient à Lucs-sur-Boulogne jusqu’au 19 mai à l’Historial de la Vendée. « Félicie de Fauveau, l’amazone de la sculpture »

    Puis du 11 juin au 15 septembre au Musée d’Orsay à Paris.

     


    votre commentaire
  •  

     

     

    Antiquité

    Coffret à bijoux en forme de poule.

    (fin du 1e siècle après J.C.)

     

    COFFRET A BIJOUX EN IVOIRE.

     

    Le coffret est sculpté en ronde bosse, et affecte l’apparence d’une poule, reconnaissable à la petite crête qui surmonte la tête tournée vers sa droite, du côté de la face principale. Couchée, les pattes ramenées sous le corps, l’oiseau semble couver ses œufs. Le détail du plumage est rendu avec beaucoup de réalisme par un fin travail de gravure. Les deux parties de l’objet ont été taillées dans le même morceau d’ivoire, sans doute une défense d’éléphant, dont les dimensions ont contraint l’artiste a adapter l’attitude de l’animal, tout en répondant aux exigences fonctionnelles de l’objet.

    Le boîtier et le couvercle étaient reliés par une charnière maintenue par des tiges de bronze.

    La face principale porte encore sur l’aile une rondelle en argent qui permettait d’en faire manœuvrer le crochet.

    Sans chercher à établir de lointains parallèles avec de semblables objets du Proche Orient, de l’Egypte ou de la Grèce Mycénienne, ni même avec l’Italie, on peut remarquer que cet objet en ivoire démontre la diversité et l’ampleur des échanges dans le monde romain, non seulement autour de la Méditerranée mais sur l’ensemble du territoire selon le réseau des voies commerciales, car ce coffret a été découvert en Ardèche.


    votre commentaire
  •  

     

     

    Billet

    Gardons la lumière allumée…

     

    LE BON USAGE.

     

    Vers 1855, Napoléon III créa une commission chargée de publier la correspondance complète de Napoléon 1er.  La première séance se passa à discuter si l’on inclurait dans le recueil les lettres à Joséphine. Mérimée qui était membre de la commission dit à l’Empereur qui la présidait : « Sire, si nous mettons ces lettres dans notre édition, le public apprendra que votre oncle déposait des baisers sur des mots qui ne sont pas dans le dictionnaire. »

    Tous les lexicographes devraient avoir cette anecdote présente à l’esprit. Il y a en effet des mots qui, comme dit Littré, « appartiennent au plus bas langage » et qu’il est inutile d’enseigner aux enfants. Ceux-ci les apprennent bien assez tôt tout seuls dans la cour de récréations des écoles. De même je ne vois pas la nécessité de recueillir les diverses scories du langage que chaque époque charrie avec elle. Certains vocables inédits sont à la mode six mois ou un an, après quoi tout le monde les oublie.

    Enfin il me semble qu’il faudrait montrer la plus grande circonspection avec les mots étrangers. Le fait de figurer au dictionnaire leur confère une importance sociale, voire politique, qu’ils n’ont pas. La mission du lexicographe n’est pas de donner des instantanés successifs à la langue comme si elle était un kaléidoscope dont les combinaisons changeraient constamment, mais d’offrir aux hommes l’inventaire traditionnel de la vie. Les dictionnaires doivent se modifier lentement, évoluer avec précaution comme tout organisme vivant, et non rechercher à tout prix l’actualité qui est par essence éphémère. Bref, ils doivent enseigner à bien parler et non à mal parler.

    Chaque année, quand arrive le « Nouveau Petit Larousse », les gazettes s’amusent à en recenser les « entrées ». Cette année-ci, à ce qu’il paraît nous pouvons y voir « zapper », « biper », « zoomer », « ecstasy », « hard », « hooliganisme », « soft », « resto » pour restaurant, « quadra » pour quadragénaire, etc.  A mon avis, ces mots dévoilent l’humilité des rédacteurs, qui bornent leur rôle à être des sortes de journalistes du langage, mettant leur point d’honneur à attraper les nuances les plus fugaces du bavardage contemporain.

    Je suis un lexicographe moi-même, étant appelé à participer tous les jeudis au dictionnaire de l’Académie française, dont la principale préoccupation est de codifier « le bon usage ». On peut définir par bon usage ce qui n’est pas contraire au génie de la langue, ce qui n’en fait pas grincer les ressorts, c’est-à-dire ce qui vient du peuple : non pas ce qui vient de la publicité, de la télévision ou du jargon prétendu scientifique des pédanteries universitaires.

    Pour donner à un mot l’accès au dictionnaire, il faudrait attendre vingt ou trente ans après son apparition. S’il a tenu le coup, c’est qu’il était nécessaire.

    Jean DUTOUR

    Extrait de : Le siècle des lumières éteintes. (10 septembre 1994)

     

    Que dirait ce même Jean Dutour, aujourd’hui, s’il était encore de ce monde ?

    Quand le ministre de l’éducation nationale (lui-même professeur), fiche en l’air ; des pans entiers de l’histoire de France, des morceaux de l’hexagone, des langues (dites mortes) qui sont pourtant les racines du français, et chose encore plus extravagante « fait raconter aux petits enfants, de la « petite école », (la maternelle devrait être expurgée bientôt du vocabulaire),  qu’ils ne sont pas vraiment des garçons et des filles, mais des « êtres » tout simplement.

    La théorie du « gender » apprise dès le plus jeune âge ! Il y aura de quoi décérébrer plus d’un !

    Que réservera l’avenir à ces enfants, si à la maison, on ne leur remet pas les points sur les i ! On va en faire une génération de détraqués, et d’idiots !

    Liviaaugustae


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires