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    A LA RECHERCHE DU FRANÇAIS PERDU…
     
     
     
     
     
     
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    Notre-Dame de Paris

     
     
    La langue française est belle parce qu’elle est vieille. Vieille comme Notre-Dame, vieille comme Versailles, comme la maison de Jacques Cœur, comme le portrait de d’Agnès Sorel par Fouquet. Chaque mot a été roulé par les âges, il est devenu beau par l’usure, l’érosion, les souvenirs qui s’attachent à sa forme, l’étymologie qui raconte sa vie séculaire. On pourrait quasiment poser en principe que lorsqu’un mot est laid, c’est qu’il est superflu. Il n’est que de comparer un dictionnaire du XIXe siècle, le Littré ou le Darmesteter, aux dictionnaires que l’on publie aujourd’hui. Ces derniers sont pleins de discordances bien propres à désespérer les écrivains, les lettrés et le peuple s’il les feuillette. On voit là en plein les ravages de la néologie : quand apparaît un vocable inédit, au sens indécis, à consonance étrangère ou scientifique, il a vite fait de se substituer aux termes anciens qui étaient non seulement esthétiques mais encore adéquats ; il les mange comme un loup ou un bacille.
     
    Jean DUTOUR :
     
    Extrait de « A la recherche du français perdu »
     

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    LE GOUT DES MOTS.
     
     
    DU PAIN ET DES JEUX…
    Distribution destinée à s’assurer le soutien d’un peuple apathique ; l’absence d’intérêt des gens pour la politique.
     
     
    La satiriste romain Juvénal, écrivant autour de l’année 100, inventa l’expression « du pain et des jeux » comme une indication accablante de l’état des romains de cette ère.
    Tandis que les citoyens de la République (qui commençait à s’effondrer un siècle et demi avant que Juvénal ne commence à écrire) avaient exercé leur droit de vote avec fierté, choisi solennellement les magistrats et les généraux qui allaient les gouverner, la population de la Rome moderne élirait quiconque la soudoierait le plus efficacement.
    Les romains, se plaignait Juvénal, ne se souciaient plus que de deux choses : le pain (c’est-à-dire la ration qui était offerte aux pauvres de la cité) et les jeux (les spectacles donnés par les gladiateurs et d’autres réjouissances qui étaient offertes par tous les candidats politiques sérieux).
    Depuis lors, les élites politiques ont utilisé cette phrase pour exprimer un désespoir prétentieux envers la folie des électeurs ordinaires. D’un autre côté, certains diront que les électeurs ordinaires qui aiment le pain et les jeux étaient ceux qui avaient tout compris.
    Du temps de Juvénal, la plupart des romains avaient saisi que, qui que soient ceux qu’ils éliraient, l’empereur resterait le seul à décider.
    Etait-il cynique, ou simplement logique, de penser que la meilleur chose qu’ils pourraient obtenir de toute la procédure du vote serait un peu d’amusement gratuit ?
     
     
     
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    Ferdie ADDIS
     
     
     
     
     
    Aujourd’hui, le pain manque déjà à certain ;
     
    Le travail fait défaut.
     
    On avait promis de tout changer,
     
     Et de faire rêver le peuple…
     
    Ce peuple, n’a plus envie de rire,
     
    L’hiver qui arrive,
     
    S’annonce dur, très, très dur…
     
    Pour ceux qui n’ont pu fuir !
     
    C.F.
     

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    A LA RECHERCHE DU FRANÇAIS PERDU…
     
     
     
     
     
    numérisation0005Une double page de la Bible de Saint Louis Roi de France.
     
    « Le passé c’est ce qui empêche  l’avenir d’être n’importe quoi. »
     
    (Jean d’Ormesson)
     
     
     
    Le sophisme courant des gens qui ont adopté le baragouin contemporain et s’en font les prosélytes est qu’une langue ne peut que « s’enrichir », comme ils disent, des apports extérieurs. Certes, mais à condition que ces apports soient peu nombreux, afin que la langue ainsi nourrit les digère à loisir, non pas si on les déverse par tombereaux. La langue, comme la nature selon Leibniz, ne saurait faire de saut, « non facit saltus ». Elle ignore les mutations brusques et les métamorphoses. Tout en elle se modifie lentement, selon de vieux processus génétiques ; sinon les monstres ne tardent pas à apparaître. Les lexicographes, jadis, étaient de sourcilleux gardiens : à tant faire qu’ils admissent un mot nouveau, celui-ci devait prouver quarante ans d’ancienneté pour le moins ; maintenant, ils mettent un point d’honneur à n’être que les journalistes du langage : c’est à qui attrapera le premier la moindre scie américaine ou argotique fraîchement éclose dans la publicité ou les plus anodins échanges de propos, et qui la consacrera dans ses colonnes, sous couleurs qu’il est essentiel de suivre pas à pas « l’évolution de la langue ». Il est étrange que personne ne songe à réfuter ces niaiseries, ce qui serait pourtant facile.
     
    Jean DUTOUR :
     
    Extrait de « A la recherche du français perdu »
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    A LA RECHERCHE DU FRANÇAIS PERDU…
     
     
     
     
     
    numérisation0005Une double page de la Bible de Saint Louis Roi de France.
     
    « Le passé c’est ce qui empêche l’avenir d’être n’importe quoi. »
     
    (Jean d’Ormesson)
     
     
     
    Est-ce le philosophe Alain qui enseigne qu’il faut « persévérer dans son être» ? Cette heureuse expression signifie que l’homme doit être fidèle à l’âme qu’il a, à ses aspirations, ses préférences, son instinct, son caractère, et non pas forcer, sous l’emprise d’un entraînement éphémère ou d’une mode, à être autre chose que ce qu’il est intrinsèquement. Le monde actuel, avec son goût pour les grands ensembles humains animés d’idées simplistes et gouvernés par la télévision, est peu propice à cette persévérance. On répugne à voir là un complot ; cependant c’en est bien un, dont les nations sont les victimes, sans qu’on sache quels sont les organisateurs. Il s’agit de rendre les hommes identiques d’un continent à l’autre. Travail de longue haleine, qui commence par imposer un patois commun, le reste découlant de cette première violence. Mais est-ce une violence seulement ? Les pays sont consentants. Rien ne leur semble plus élégant que de se transformer en colonie et de parler… (censuré) !
     
    (Si j’ai censuré ce dernier mot, c’est qu’il est banni de notre vocabulaire ! Jean Dutour, pouvait encore le dire encore en 1999… Il ne le pourrait plus aujourd’hui !)
     
    Jean DUTOUR :
     
    Extrait de « A la recherche du français perdu »
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    A LA RECHERCHE DU FRANÇAIS PERDU…
     
     
     
     
    numérisation0005Une double page de la Bible de Saint Louis Roi de France.
     
    « Le passé c’est ce qui empêche  à l’avenir d’être n’importe quoi. »
     
    (Jean d’Ormesson)
     
     
     
     Le langage conditionne tout, il est la charpente et le ciment des  civilisations. Notre charpente est en chêne, et toujours solide, mais elle est très ancienne ; le ciment a eu le temps de sécher depuis Philippe Auguste, si ce n’est, par plaques, de s’effriter, malgré les restaurations de siècle en siècle. La conservation de ce vénérable édifice requiert quelques précautions. Submerger la langue  sous un afflux de mots étrangers et de néologismes hâtifs fabriqués par des techniciens ou des marchands finit par détruire non seulement la langue elle-même mais encore le passé, l’histoire, les coutumes, les traditions, les métiers, les vieilles recettes et surtout cette chose si charmante qu’est le génie national, par la vertu duquel les hommes sont différents les uns des autres et le monde agréable par sa variété.
     
    Jean DUTOUR :
     
    Extrait de « A la recherche du français perdu »
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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