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Coupe de Boscoreale : Auguste recevant la soumission des barbares entouré de licteurs.
(Argent, 1er siècle après J.C.Musée du Louvre)
Cette coupe emprunte sa forme aux skyphoÏ de l’orfèvrerie hellénistique et développe une iconographie historique, reflétant des événements contemporains : en campagne militaire, assis dur un tabouret au milieu de son armée et de sept licteurs, l’Empereur accueille une délégation de chefs barbares venus se jeter à ses pieds pour placer leur jeune fils sous sa protection. Déjà attestée sur des monnaies en argent cette scène de supplication et d’allégeance envers un prince romain, puise son inspiration dans l’une des campagnes menée en Rhétie au-delà du Rhin par Auguste en IX avant J.C.
Cependant, elle semble illustrer avant tout l’une des principales vertus augustéenne, cette clémentia nourrit de philosophie stoïciennes qui consistent à pardonner aux vaincus et à les placer sous la protection du peuple romain.
Coupe de Boscoreale, triomphe de Tibère.
(argent début du 1er siècle après J.C. Musée du Louvre)
Plus homogène que la première, la seconde coupe décrit le cortège triomphal de Tibère représenté en toge debout dans son quadrige orné d’une victoire, tenant un sceptre et un rameau de laurier. Derrière lui, un esclave brandit une couronne au-dessus de sa tête, selon un rituel bien connu tendant à rappeler le caractère fragile et éphémère de toute gloire.
Conçus l’un par rapport à l’autre, les deux gobelets forment une véritable paire que leur propriétaire exposai avec fierté sur un dressoir pour les offrir à l’admiration de ses hôtes lors de banquets.
L’Empereur offrait volontiers des pièces d’argenterie à des fins de propagande officielles ou privée. Ces coupes véhiculaient les vertus de l’idéologie impériale, véritable instrument au service du pouvoir.
Profondément originaux les deux coupes dans leur tentative si précoce de représenter l’empereur dans un contexte réaliste, tout en parlant un langage esthétique des plus raffinés. Capable d’ordonner avec une réelle maîtrise de l’espace ses compositions l’auteur de ces reliefs était un grand artiste du temps de Tibère, hélas anonyme, comme demeure inconnu pour nous le propriétaire et commanditaire du trésor de Boscoreale…
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La Résurrection…
Le cierge Pascal, allumé le soir de la Veillée Pascale, représente la Lumière du Christ. Et restera allumé jusqu’à l’Ascension. Je vous propose durant ce temps Pascal : cette Résurrection gothique d’une grande beauté…
Résurrection du Christ (1350)
Par le Maître de Vyssi Brod
Le plus grand peintre tchèque du Moyen Âge, le Maître de Vyssi Brod peignit cette Résurrection sur bois, conservé au couvent Sainte-Agnès à Prague.
Jésus, vêtu d’une toge éblouissante aux reflets bleutés sur une robe d’or, sort avec force majesté du tombeau, tenant sa croix devenue une croix de procession en or. Le couvercle du sépulcre est arraché, la Vie a vaincu la mort.
Il bénit de la main droite et regarde le spectateur dans les yeux. Un ange aux ailes de lapis-lazulli, aux cheveux et diadème d’or, un sceptre d’or en main, est assis gracieusement sur le tombeau et montre aux trois Marie le linceul vide, les invitant à être les apôtres des Apôtres.
Nul n’avait osé représenter la Résurrection avant le XIVe siècle. On peignait, comme les orthodoxes, la Descente aux enfers. Puis les artistes s’enhardirent à montrer le Christ sortant du tombeau. Un des soldats dort, visage enfoui dans ses bras croisés : les autres regardent avec effroi. Cette scène est inspirée du théâtre religieux de l’époque.
Vyssi Brod est au sud de la Bohème en République tchèque, près de l’Autriche.
La Résurrection est l’un des neuf panneaux sur la vie du Christ peints à la demande du seigneur Pierre de Rozmberk pour un prieuré cistercien.
Le raffinement de l’or et des drapés, les couleurs chatoyantes, le graphisme incisif rattachent les œuvres de ce Maître à l’élégance du style gothique.
Marie-Gabrielle LEBLANC
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POUR LE TABLEAU DU SAMEDI
Tout à commencé dans les années 1892-1894, Claude Monet s’installe à Rouen et invente la sérialité en peinture : plus de trente toiles de la façade de la cathédrale, à toutes les heures du jour et par tous les temps : au petit matin en bleu ombré de brouillard, à l’aube blême, à l’aurore rosissante,, en plein soleil, au crépuscule rougeoyant, par temps de pluie… L’idée de l’exposition « Cathédrales 1789-1814, un mythe moderne », trouve son origine dans cette série impressionniste. En cette année de centenaire de la Grande Guerre, Cologne et Rouen, deux villes qui possèdent chacune une cathédrale gothique prestigieuse et un musée d’égale importance, l’ont conçue ensemble. Une façon de célébrer la réconciliation franco-allemande, puisque la cathédrale de Reims fut bombardée par les allemands en 1914, et celle de Cologne par les français en 1945.
Cent quatre-vingts chefs-d’œuvre de Monet à Chagall, de Corot à Rodin, de Friedrich à Sisley.
Outre les œuvres provenant de Rouen et Cologne, on peut découvrir les trésors prêtées par les musées de Londres, de Munich, Leipzig, New-York, Chicago, Zurich et Stockholm. Deux musées parisiens, les Arts décoratifs et Orsay, ont été particulièrement généreux.
Vous pourrez voir cette exposition jusqu’à fin août à Rouen, l’exposition rejoindra ensuite Cologne du 26 septembre 2014 au 18 janvier 2015.
Anges voyageurs de Gustave Moreau (1826-1898)
Chef de file du symbolisme français, G. Moreau, a peint plusieurs toiles et gouaches sur ce thème. Un ange gardien se repose sur une des tours de Notre-Dame avant de repartir pour sa mission. Très loin, la Seine déroule ses méandres sous ses ponts.
Intérieur de la cathédrale de Chartres.
Cette aquarelle (1832) de James Roberts montre les voûtes du déambulatoire et la clôture du chœur sculptée au début du XVIe siècle, ainsi que les pieuses personnes assistant à une messe de semaine.
Lumière, panneau central d’un triptyque (1910) d’auguste Morizot. Ce peintre décorateur Art Nouveau revint au catholicisme lors d’un Noël au Venezuela, puis lors d’un séjour à Rome. Pour lui, l’art participe de la rédemption de l’homme.
Cette baie gothique est baignée d’une lumière mystique et surnaturelle.
La cathédrale de Salisbury peint par John Constable en 1825, tableau célébrissime en Angleterre. Le paysage paisible et idyllique, dominé par la silhouette tutélaire du haut clocher gothique, a inspiré d’innombrables auteurs anglais de cartes de vœux de Noël. Ou de Pâques.
La Tonnelle de jardin par Caspar David Friedrich (1818).
Un couple, en costumes de la Renaissance, tournant le dos au spectateur et, depuis une tonnelle de verdure, contemple la cathédrale gothique de Saint-Nicolas de Greifswald. Cette ville au nord de l’Allemagne, se signale par la hauteur de sa cathédrale, visible à des kilomètres à la ronde.
La Cathédrale de Rouen, le portail vu de face, harmonie brune.
Il s’agit de la première (1892) des trente toiles de la série de Monet. Ce n’est ni la plus chatoyante ni la plus séduisante mais, pour le peintre impressionniste, c’est le point de départ d’un travail sur la cathédrale, qu’il déclinera ensuite en rose, en orange, gris, jaune d’or, rouge flamboyant, violet et sous d’autres angles.
Marie-Gabrielle LEBLANC
Je trouve ces œuvres époustouflantes, elles sont toutes baignées, comme le souligne Madame Leblanc, par une lumière mystique presqu’irréelle, ou alors flottent entre ciel et terre, dans un joli cadre de verdure.
Si j’habitais près de Rouen, je me précipiterai à cette exposition.
Liviaaugustae
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Pour accompagner cette belle nuit, cliquer sur le lien ci-dessous :
http://www.youtube.com/watch?v=Ce8p0VcTbuA
Ischia : château Aragonnais…
(Image wikipédia)
Ischia
Le soleil va porter le jour à d’autres mondes :
Dans l’horizon désert Phébé monte sans bruit,
Et jette, en pénétrant les ténèbres profondes,
Un voile transparent sur le front de la nuit.
Voyez du haut des monts ses clartés ondoyantes
Comme un fleuve de flamme inonder les coteaux,
Dormir dans les vallons, ou glisser sur les pentes,
Ou rejaillir au loin du sein brillant des eaux.
La douteuse lueur, dans l’ombre répandue,
Teint d’un jour azuré la pâle obscurité,
Et fait nager au loin dans la vague étendue.
Les horizons baignés par sa mobile clarté !
L’Océan amoureux de ces rives tranquilles
Calme, en baisant leurs pieds, ses orageux transports,
Et pressants dans ses bras ces golfes et ces îles,
De son humide haleine en rafraîchit les bords.
Du flot qui tour à tour s’avance et se retire
L’œil aime à suivre au loin le flexible contour
On dirait un amant qui presse en son délire
La vierge qui résiste, et cède tour à tour !
Doux comme le soupir de l’enfant qui sommeille,
Un son vague et plaintif se répand dans les airs
Est-ce un écho du ciel qui charme notre oreille ?
Est-ce un soupir d’amour de la terre à la mer ?
Il s’élève, il retombe, il renaît, il expire,
Comme un cœur oppressé d’un poids de volupté,
Il semble qu’en ces nuits la nature respire,
Et se plaint comme nous de sa félicité !
Mortel, ouvre ton âme à ces torrents de vie !
Reçois par tous les sens les charmes de la nuit,
A t’enivrer d’amour son ombre te convie ;
Son astre dans le ciel se lève, et te conduit. […}
Sous ce ciel où la vie, ou le bonheur abonde,
Sur ces rives que l’œil se plaît à parcourir,
Nous avons respiré cet air d’un autre monde,
Elysée !... et cependant on dit qu’il faut mourir !
A. De Lamartine
C’est un poème merveilleux, empli d’amour dans cette nuit d’Ischia, pleine du murmure de l’océan et du vent de la nuit.
Malheureusement j’ai du couper, la mort dans l’âme, (c’est presque un crime), mais il était si long, si long, comme savaient écrire les poètes en ces temps-là : Hugo, Baudelaire, Gauthier et bien sûr Lamartine.
Liviaaugustae
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Sait-on où conduit ce chemin dans la garigue ?
Sait-on ce que l’on cherche ?
Sait-on ce que l’on a quitté, et ce que l’on va trouver ?
« Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est.
En ce sens, le passé est la rampe de lancement vers l’avenir ».
Otto de Habsbourg-Lorraine
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