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Par Liviaaugustae le 2 Août 2012 à 16:28CARYATIDES ET TONDO DU FORUM D’AUGUSTEReconstitution du Forum d’Auguste vers 1890, gravure sur bois.D’après un dessin de Georg Rehlender.Lors des fouilles entreprises sur le Forum, on a découvert des fragments de copies exactes des corés de l’ancien temple d’Erectheion situé sur l’Acropole d’Athènes : une chance exceptionnelle puisque nous avons à notre disposition des modèles et des reproductions d’une même œuvre d’art. A l’origine, il devait y avoir plus de cinquante copies érigées à l’étage attique des porches latéraux et qui, comme c’était le cas dans d’autres temples, s’intégraient harmonieusement dans leur contexte architectonique. Les espaces entre les caryatides étaient décorés de tondi sculptés de divers modèles de têtes de Zeus Ammon par exemple. D’après les fragments trouvés sur le Forum nous savons que les corés portaient des bracelets spiralés en forme de serpent et tenaient à la main une coupe d’offrandes dont le fond était décoré de glands de chêne.Le forum compte parmi les monuments les plus importants qu’Auguste ait fait ériger dans le cadre de sa politique de construction et d’embellissement de Rome. Le programme iconographique du Forum est pour ainsi dire un manifeste qui nous éclaire sur l’idéologie du principat et de l’art public. Le répertoire des formes décoratives du Forum d’Auguste confirme une fois encore l’influence de l’art grec classique sur le développement du langage stylistique officiel au début du principat. Une immense muraille, dont la hauteur dépassait 30 mètres à certains endroits, isolait l’ensemble des quartiers populaires voisins et le protégeait contre les nombreux incendies qui les ravageaient. Le Temple de Mars vengeur, qui s’élevait sur un podium contrairement aux temples grecs, était encadré de portiques et de deux exèdres où Auguste avait réunit dans une mise en scène dramatisée une série de statues : les personnages Dieux, Héros, Romains exemplaires, étaient reliés dans une chaîne historique et mythique dont le sujet était l’irrésistible ascension de Rome et celle de sa famille.
Caryatides et tondo du Forum d’Auguste. 2 avant J.C.
(Rome Antiquario dei cavalieri di Rodi)
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Par Liviaaugustae le 20 Juillet 2012 à 17:10
PORTRAIT D’AUGUSTE
(Dit de Méroé)
Auguste 27 avant J.C.
(Londres British Museum)
Ce sont les yeux qui fascinent avant tout, car il très rare de retrouver les incrustations des yeux sur les statues en bronze de l’antiquité. Les yeux étaient généralement façonnés dans d’autres matériaux que celui de la statue proprement dite. Ici, les globes sont en marbre blanc, les iris en pâte de verre vert et les pupilles en pâte de verre sombre. Les cils sont cassés, expliquant pourquoi les yeux paraissent exorbités.
Cette tête fut découverte en 1910 à Méroé, la capitale des éthiopiens (antiques). Elle avait été intentionnellement enterrée sous le seuil d’un édifice érigé probablement à la suite d’une campagne victorieuse contre l’Egypte romaine, après avoir été séparée du corps de la statue (peut-être l’Empereur en toge ou en cuirasse) qu’elle couronnait et qui faisait partie du butin.
Ce bronze d’Auguste appartient au type de Prima Porta, dont le prototype a sans doute été créé en l’an 27 avant J.C., lorsque le Sénat romain décerne le surnom d’Augustus à Octave qui a démissionné de toutes ses fonctions quelques jours avant. Auguste possède désormais un pouvoir quasiment absolu grâce au cumul à vie des plus hautes fonctions de la République. Avec ce type de statue, Auguste et ses conseillers politiques ont construit du prince une image idéale qui sera reprise pendant un siècle environ par ses successeurs.
Le modèle esthétique de la statue est à l’évidence, grec : la conception figurative de la tête avec la coiffure très ordonnée et la fameuse pince au-dessus de l’œil dextre rappelle celle des statues du sculpteur grec Polyclete. Auguste s’éloigne ainsi de ses portraits précédents qui s’inspiraient encore de l’idéal du souverain hellénistique et de la vision du chef militaire auréolé de gloire par ses victoires et qui se voyait en successeur d’Alexandre Le Grand. En recourant aux canons classiques, Auguste et son entourage réussirent à traduire les valeurs romaines sous les traits idéaux de l’Empereur. De son image émanait l’autorité intangible (auctoritas), la dignité (gravitas), mais aussi la pureté (sanctitas).
Le modèle du portrait officiel approuvé, il était aussitôt diffusé à travers l’Empire, parce que le prince devait se montrer omniprésent, sans discontinuer et dans chaque province. On ignore si l’Empereur posait, ou quelle étude préparatoire ou esquisse était utilisé pour créer le modèle. Ce qu’on peut supposer en revanche, c’est que plusieurs copies de l’original étaient réalisées dans les ateliers de Rome pour le compte de l’Empereur avant d’être livrées à des ateliers locaux à des fins de reproduction. Pour diffuser rapidement le portrait impérial, on recourait en outre aux moulages en plâtre, parce que faciles à transporter. Le temps que mettaient les représentations du type de Prima Porta ainsi que les statues des époques suivantes pour atteindre les régions les plus reculées de l’Empire peu s’évaluer avec ce portrait dit de Méroé. Il fut réalisé aux environs de 25 avant J.C. étant donné que la campagne des éthiopiens contre l’Egypte romaine eut lieu dans ces années-là.
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Par Liviaaugustae le 6 Juillet 2012 à 18:06STATUE EQUESTRE D’AUGUSTE.Bronze Ier siècle avant J.C.(Musée Archéologique d’Athènes)La statue, récupérée dans l‘Egée en 1979 occupe une place importante parmi les bronzes qui représentent l’Empereur. Cette extraordinaire découverte a restitué l’une des statue antique de bronze les mieux conservées, en plus d’être le seul monument équestre d’Auguste qui nous soit parvenu jusqu’à présent.La statue, dont il n’a pas été possible de récupérer la partie inférieure ni le cheval, est d’une qualité exceptionnelle, comme en atteste le faible pourcentage de plomb présent dans les soudures. Elle faisait sans doute partie de la cargaison d’un navire qui, sur ordre de l’Empereur Constantin, transportait de Rome à Constantinople des statues des Empereurs les plus célèbres afin d’en orner la nouvelle capitale de l’Empire.Auguste, la tête légèrement tournée vers la droite, est représenté avec le bras droit levé dans le geste caractéristique des empereurs, celui du silentium manu facere : l4empereur salue en même temps qu’il impose silence à la foule, s’apprêtant à parler. De la main gauche, il devait tenir les rênes relâchés du cheval arrêté ou au pas, comme le suggèrent la position du corps et l’expression du visage d’Auguste. L’Empereur présenté à un âge mûr, porte la tunique courte ceinturée à la taille. Drapé autour de son corps maigre, un manteau est fermé sur l’épaule droite, laissée libre, avec une fibule circulaire. Sous les plis du drapé pointe l’épée décorée d’une palmette.
Le visage émacié, de forme triangulaire, possède un front large aux muscles faciaux apparents. Les tempes sont enfoncées ; les pommettes prononcées ; les yeux, dont les inserts d’un autre matériau ont été perdus, sont profondément enfoncés et donnent l’impression d’un regard sévère et pénétrant ; les joues sont décharnées ; le nez est long et légèrement courbé ; la petite bouche a des lèvres minces ; les cheveux, gravés avec une grande finesse sont en désordre et les boucles présentent le motif « en queue d’aronde » sur le front, et en « tenaille » sur la tempe droite.
La tunique est ornée sur les cotés de deux fins bandeaux de couleur rosâtre, du à l’application d’une soudure avec un métal différent. Sur le bord terminé par une riche frange, le manteau présente aussi un motif ornemental sinueux, toujours réalisé avec la même technique.
A l’annulaire de la main gauche, l’Empereur porte un anneau à chaton elliptique sur lequel est gravé un lituus, symbole des prêtres. Nous savons que l’anneau d’Auguste portait dans un premier temps l’image d’un sphinx, puis la tête d’Alexandre Le Grand, et enfin son propre portrait. La représentation du lituus est à mettre en relation avec la proclamation de Pontifex Maximus, la plus haute charge religieuse de Rome, accordée à Auguste en 12 avant J.C. C’est donc après cette date que la statue du Musée d’Athènes a été réalisée.
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Par Liviaaugustae le 5 Juillet 2012 à 19:17
PAYSAGES IDEAUX
Le cubiculum (chambre à coucher) de la villa de Boscoréale, construite sur une des pentes du Vésuve, nous offre une vue en profondeur, au sens propre comme au sens figuré, de l’évolution de la peinture murale dite du second style.
Le propriétaire, un certain P. Fannius Synistor, fut assez fortuné pour agrémenter l’intérieur de sa villa avec des décors somptueux. L’abolition des parois par le procédé du trompe-l’œil et les ouvertures sur des paysages idéaux, où apparaissent Temples, grottes, bancs et autres éléments d’origine architecturale ou champêtre, de même que des scènes naturalistes constituées de motifs végétaux et animaliers, tout cela fait preuve d’une grande maîtrise de conception et de réalisation.
Décoration murale en stuc peint deuxième moitié du premier siècle avant J.C.
(Metropolitan Museum of Art New York)
Alors que les parois longitudinales représentent diverses architectures d’une complexité étonnante, découvrant des cloisons fictives, des petits sanctuaires et des constructions étagées, le mur du fond offre un paysage de jardin. Entre des poutres que soutiennent des pilastres couronnés de chapiteaux corinthiens s’ouvre une baie, et cette baie donne sur un paysage idyllique : la magnifique représentation d’une grotte dans un jardin. Dans le rocher abrupt une fontaine est aménagée, avec des oiseaux qui viennent se rafraîchir dans l’eau de ses vasques ; à l’arrière plan on aperçoit une statuette dorée ; peut-être est-elle là pour signifier le caractère sacré de la fontaine ; des branches de lierre grimpent à l’entrée de la grotte où se délassent les oiseaux. Plus haut, sur le fond bleu du ciel se découpe une pergola couverte de vigne. On croirait entendre le gazouillis des oiseaux et sentir l’air suave de la campagne. A gauche, une coupe de fruits repose sur une sorte d’étagère, comme à portée de main. Autour de la colonne d’un rouge pompéien qui semble avancer au premier plan monte des volutes en bronze filigrané.
Juste à côté, un paysage urbain est peint dans des tons de pastel ocre. Cette représentation est traitée en monochromie, un genre de peinture que l’on utilisait volontiers pour créer un contraste optique avec les motifs vivement colorés. Le tableau représente une ville construite au-dessus d’une rivière, à flanc de coteaux. Les maisons et les temples sont peints en quelques coups de pinceau nets et précis. De tels motifs apparaissent pour la première fois dans la peinture pariétale romaine.
Peinture murale en trompe-l’œil villa de Boscoreale deuxième moitié du premier siècle avant J.C.
(Metropolitan Museum of Art New York)
Un peu d’imagination suffit pour voir ce qui se cachait derrière ces architectures feintes : qui sait si la terrasse ne donnait pas sur un vaste jardin agrémenté de jeux d’eau, de plates-bandes, de promenoirs couverts, et de bien d’autres choses encore qui rendent la vie si plaisante. Et au milieu de ces décors élégants se dressaient des répliques ou des adaptations de célèbres œuvres grecques de l’époque classique. De quoi satisfaire et réjouir l’œil des connaisseurs et peut-être aussi les entraîner dans de savantes discutions.
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Par Liviaaugustae le 28 Juin 2012 à 11:13LE JARDIN DE LA VILLA DE LIVIE A PRIMA PORTAPeinture murale, longueur 11,70m, hauteur 2,72mDernier tiers du Ier siècle avant J.C.(Musée des Thermes)
Volière remplie d’oiseaux, que l’on croit entendre gazouiller…
Dans la fraîcheur du jardin de Livie, l’invité pouvait se délasser et oublier la chaleur étouffante de l’été. Ce splendide jardin n’était pourtant qu’une illusion de jardin, une pièce de réception souterraine, protégée de la chaleur et de l’humidité, qui se trouvait dans une demeure impériale, celle de Livie, l’épouse d’Auguste. Livie possédait à Prima Porta, aux portes de Rome, une villa construite dans un paysage de collines, à proximité de la Via Flaminia.
On imagine facilement ce que les convives ressentaient en pénétrant dans cette pièce tout en longueur, au plafond voûté, tel celui d’une grotte et cerné par le ciel azur. Ils découvraient un jardin arboré et dense, émaillé de fleurs, de fruits et d’oiseaux, un jardin dont l’extrémité se perdait dans le mystère de ses verts nuancés et subtils. Afin d’éloigner plus encore le spectateur de la lisière du jardin et de repousser celle-ci jusqu’aux confins de l’horizon, un chemin en fait le tour, qui coure entre une murette de marbre et une petite grille en bronze. Chaque niche pratiquée dans le muret s’agrémente d’un conifère. Dans ce jardin poussent des grenadiers et des cognassiers, mais d’autres variétés d’arbres s’y reconnaissent aussi, parmi lesquels des épicéas, des lauriers, des pins, des cyprès, des buis ou des lauriers roses. On a pu également identifier des fleurs telles que des roses, des chrysanthèmes ou des pavots couleurs lavande. Trente espèces d’oiseaux ont été répertoriées, des oiseaux qui sont juchés çà et là sur des branches, sur la balustrade ou qui virevoltent dans les airs.
Sur les murs : oiseaux, fleurs, fruits gazouillis, parfums, couleurs…
Le convive allongé sur un des lits de ce triclinium souterrain pouvait se croire en pleine nature, dans un paysage d’une beauté éblouissante et finir par oublier le monde extérieur si plein de soucis et de laideurs. Peut-être même étaient-ils gagnés par la sensation de sentir le parfum des fleurs et d’entendre le gazouillis des oiseaux. Le décor idyllique qui l’entourait était en tout cas assez suggestif pour lui en donner l’illusion.
Détails du jardin imaginaire…
Détails du jardin imaginaire…
« Quelle pénétrante fraîcheur émane de l’herbe tout humide de rosée, des arbres, des fleurs ! Que les fruits scintillent ! Des grenades comme Renoir les peignait. Le gazouillis des oiseaux charme l’oreille. L’horizon demeure impénétrable, magique. »
Bernard BERENSON (1950)
Note de livaiaugustae : Si vous passez par Rome, et qu’une promenade au jardin de Livie vous tente, rendez-vous au Musée des Thermes, où il est merveilleusement reconstitué, pour notre plus grand bonheur. Cela vaut le détour !
Comme Bernard Berenson, j’en suis tombée amoureuse…
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