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    «Il est tard ; que faut-il aimer, que faut-il croire ? »

     

     

    C'est la nuit sur la terre...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    Prière

     

    Seigneur, que Votre étoile à nos yeux Se révèle !
    « Ah ! Seigneur, Dieu des cœurs robustes, répondez !
    Quel est ce temps de doute où l'homme joue aux dés
    ses croyances, l'amour et le rêve et la gloire ?
    Il est tard ; que faut-il aimer, que faut-il croire ?
    Vacillants et plaintifs comme un peuple de joncs,
    sous le ciel triste et nu nous Vous interrogeons ;
    notre âme sèche a soif d'une sève nouvelle.
    Seigneur, que Votre étoile à nos yeux Se révèle !
    Car déjà la nuit morne à l'horizon s'étend :
    voici que le soleil se couche et qu'on entend
    planer sur le sommeil de nations entières
    le grand vent solennel et noir des cimetières.
    Amen. »

     

    Charles Guérin.

     

     

     


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    Me voici de retour, j'ai passé un merveilleux week-end en famille, il faisait beau heureusement et nous avons pu déjeuner au jardin et pour clore cette jolie parenthèse, je vous offre un poème pour rire avec la nature en fête.

     

     

    Un ruisseau riant tout en fossettes...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    Chanson du rire
    Quand les bois verts rient avec la joie,
    Et que le ruisseau tout en fossettes rit en courant,
    Quand l'air lui-même rit de nos gaies saillies,
    Et que la verte colline rit en écho,

    Quand les prés rient de leur vert étincelant
    Et que la sauterelle rit dans ce joyeux ensemble,
    Quand Marie, Suzanne et Emilie,
    De leurs douces bouches égrènent les notes du rire,

    Quand les oiseaux éclatants rient dans l'ombre
    Où se dresse notre table offrant cerises et noix,
    Viens vivre dans la joie et te joindre à moi,
    Chantant le doux refrain du rire.

     

    William Blake
    ( Chants d'innocence )

     

     

     

     

     

     


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    Le coucou gris sur sa branche...

     

    (image wikipédia)

     

     

     

     

     

    Le coucou chante

     

    Le coucou chante au bois qui dort.
    L'aurore est rouge encore,
    Et le vieux paon qu'Iris décore
    Jette au loin son cri d'or.

    Les colombes de ma cousine
    Pleurent comme une enfant.
    Le dindon roue en s'esclaffant :
    Il court à la cuisine.

     

    Paul-Jean Toulet

     


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    Le soir descend doucement sur le jardin endormi...
    (Photo de ma petite fille, lors de vacances en Dordogne)
    
    Nuit de Mai.
    Sous le ciel nuageux qui luit,
    les arbres noirs, ombres énormes,
    Sans détails ne sont que des formes.
    Les grillons remplissent la nuit.
    
    Leur craquement tient tout l'espace,
    Racontant ce qu'on ne voit pas,
    Les boutons d'or dans l'herbe grasse,
    Le trèfle, les derniers lilas,
    
    Racontant le mai qui s'exalte,
    Enivré dans son bain d'or vert,
    Le bouton de rose entr'ouvert,
    La sève qui monte sans halte.
    
    Ainsi tout ce qu'on ne peut voir
    Emprunte aux grillons leur romance...
    O grillons, petit bruit immense
    De la nuit, printemps blanc et noir!
    Lucie Delarue Mardrus

     


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    Embarquement pour Cythère (détail)

     

    Antoine Watteau

     

     

     

    Sur un marbre brisé

     

    La mousse fut pieuse en fermant ses yeux mornes ;
    Car, dans ce bois inculte, il chercherait en vain
    La Vierge qui versait le lait pur et le vin
    Sur la terre au beau nom dont il marqua les bornes.

    Aujourd'hui le houblon, le lierre et les viornes
    Qui s'enroulent autour de ce débris divin,
    Ignorant s'il fut Pan, Faune, Hermès ou Silvain,
    A son front mutilé tordent leurs vertes cornes.

    Vois. L'oblique rayon, le caressant encor,
    Dans sa face camuse a mis deux orbes d'or ;
    La vigne folle y rit comme une lèvre rouge ;

    Et, prestige mobile, un murmure du vent,
    Les feuilles, l'ombre errante et le soleil qui bouge,
    De ce marbre en ruine ont fait un Dieu vivant.

     

    José-Maria de Hérédia

     


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