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    François Coppée a dédie ce poème à deux grands hommes français : Napoléon 1er et Victor Hugo, tous deux exilés de France sur deux îles.

     

     

    Île de Guernesey

     

    (image internet)

     

     

     

    À deux îles.

     

    Ô siècle ! ceux qui sont trop grands, tu les exiles !
    Et tes deux meilleurs fils échoués dans deux îles
    Y vivent, sans se plaindre et sans un mot amer,
    Seuls avec leur passé, leur génie et la mer.
    L'Histoire, un jour, voyant se dresser leurs deux ombres,
    L'une sur les flots bleus, l'autre sur les flots sombres,
    Et songeant à ce qu'ils ont fait pour l'univers,
    L'un avec son épée et l'autre avec ses vers,
    A pu te demander, émue et stupéfaite
    « Où donc est ton soldat ! Où donc est ton poète ! »
    Et ce jour-là, l'œil terne et le front obscurci,
    Tu n'as pu que répondre : « Ils ne sont pas ici ! »
    Du moins ceux de qui l'âme épouse les grands rêves
    Souvent laissent aller leurs vœux vers ces deux grèves
    Où le soldat sublime et l'immense penseur
    Regardent, les yeux pleins d'une triste douceur,
    Sur la mer ondoyante ainsi qu'un champ de seigles,
    S'éloigner les vaisseaux et s'envoler les aigles ;
    Et, bien qu'ayant le cœur, hélas ! voilé de deuil,
    Tous, nous sentons alors un confiant orgueil
    De songer que ce temps a vu de grandes choses
    Et peut encore, au fond des nuages moroses
    D'un lointain ténébreux, mais qui s'éclairera,
    Voir Guernesey tendant la main à Caprera.

     

    François Coppée

     

     

     


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    Les Pyrénées

     

    (Vacances 2020, photo de ma petite fille)

     



     



     

    L'ingénue

     

    D’une amitié passionnée
    Vous me parlez encor,
    Azur, aérien décor,
    · · Montagne Pyrénées,
    ·
    Où me trompa si tendrement
    Cette ardente ingénue
    Qui mentait, fût-ce toute nue,

     

    Sans rougir seulement,
    ·
    Au lieu que toi, sublime enceinte,
    Tu es couleur du temps :
    Neige en Mars ; roses du printemps...
    Août, sombre hyacinthe.

     

    Paul-Jean Toulet

     


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    Madrigal d'hiver...

     

    L'hiver artiste, dessine sur les vitres...

     

    (image pixabay)

     

     

     

     

     

    Madrigal d'hiver.

     

    Il neige à nos vitres glacées ;
    Mais viens ! Durant les mauvais mois,
    Les âmes des fleurs trépassées
    Habitent encore dans les bois.

    L'air s'imprègne d'odeurs plus douces.
    Voici le lilas et voici,
    Avec la silène des mousses,
    La fleur dolente du souci.

    Et de toutes ces fleurs ensemble,
    Par je ne sais quels lents accords,
    Émane un parfum qui ressemble
    Au parfum secret de ton corps.

     

    Charles Le Goffic (Recueil Amour breton)

     

    Madrigal d'hiver...

     

    Les doudous de ma petite fille...

     



     

    Blog en pause

     

    Je pars quelques jours chez mon fils pour de petites vacances en famille.

     

    A bientôt

     

    Livia

     

     

     


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    C'est la pleine lune ce soir !

     

    Mais nous ne la verrons pas, car le temps est très couvert, la brume a envahi le ciel et enveloppe la ville dans son manteau cotonneux depuis trois jours déjà.

     

     

     

    Tous les mois, quand Séléné commence son ascension dans le ciel et jusqu'à son apogée, je reste éveillée de longues heures, car Morphée sans doute attiré par sa clarté préfère rêver d'elle en dormant et oublie de verser aux dormeurs le filtre du sommeil qui leur apporterait le repos...

     

    Je vous offre une belle ode à la lune, signé par Charles Baudelaire.

     

    Livia

     

    Pleine lune...

     

    Morphée dormant

     

    Jean-Bernard Restout

     

    Pleine lune...

     

    Séléné rêve sur des coussins de nuages un soir de pleine lune...

     

    ( vue de ma fenêtre)

     

     

     

    Tristesses de la lune

     

    Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
    Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
    Qui d'une main distraite et légère caresse
    Avant de s'endormir le contour de ses seins,

    Sur le dos satiné des molles avalanches,
    Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
    Et promène ses yeux sur les visions blanches
    Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

    Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
    Elle laisse filer une larme furtive,
    Un poète pieux, ennemi du sommeil,

    Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
    Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
    Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.

     

    Charles Baudelaire

     

     

     

     

     

     


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    Le rêve de Noël...

     

    Le cœur de Noël dans mon sapin...

     

    Rêve de Noël

    Ainsi qu’ils le font chaque année,
    En papillotes, les pieds nus,
    Devant la grande cheminée
    Les petits enfants sont venus.


    Tremblants dans leur longue chemise,
    Ils sont là… Car le vieux Noël,
    Habillé de neige qui frise,
    A minuit descendra du ciel.


    Quittant la guirlande des anges,
    Le Jésus de cire et les Rois,
    Transportant des paquets étranges,
    Titubant sur le bords des toits,


    Le vieux bonhomme va descendre …
    Et, de crainte d’être oubliés,
    Les enfants roses, dans la cendre,
    Ont mis tous leurs petits souliers.


    Ils ont même, contre une bûche
    Qui venait de rouler du feu,
    Rangé leurs pantoufles à ruche
    Et leurs bottes de vernis bleu.


    Puis, après quelque phrase brève,
    Ils s’endormirent en riant
    Et firent un si joli rêve
    Qu’ils riaient encore en dormant.


    Ils rêvaient d’un pays magique
    Où l’alphabet fut interdit ;
    Les ruisseaux étaient d’angélique,
    Les maisons de sucre candi ;


    Et dans des forêts un peu folles,
    Tous les arbres, au bord du ciel,
    Pleins de brillantes girandoles,
    Étaient des arbres de Noël.


    Dans ce pays tendre et fidèle,
    Les animaux parlent encore,
    L’Oiseau Bleu vient quand on l’appelle ;
    La Poule a toujours des œufs d’or.


    Mais comme venait d’apparaître
    Peau d’Âne en un manteau de fleurs,
    Le jour entrant par la fenêtre
    A réveillé tous les dormeurs.


    C’est un talon qu’on voit descendre !
    C’est un pied nu sur le parquet !
    Les mains s’enfoncent dans la cendre,
    Comme un bourdon dans un bouquet !


    «Une armure avec une épée !
    - Un navire ! Un cheval de bois !
    - Oh ! la merveilleuse poupée
    Et qui parle avec une voix !


    - Que la bergerie est légère !
    - Et comme le troupeau est blanc !
    - Le loup ! – le berger ! – la bergère ! »
    Tout tremble au bord du cœur tremblant…


    Oh ! Bonheur ! Noël de la vie,
    Laisse-nous quelques fois, le soir
    Aux cendres de mélancolie,
    Mettre un petit soulier d’espoir !
    Rosemonde Gérard Rostand

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