•  

     

     

     

    La maison  au bord de l'eau

     

    (image Pixabay)

     



     

     

    La maison serait blanche et le jardin sonore

     

    La maison serait blanche et le jardin sonore
    De bruits d'eaux vives et d'oiseaux,
    Et le lierre du mur qui regarde l'aurore
    Broderait d'ombres les rideaux

    Du lit tiède où, mêlés comme deux tourterelles,
    Las d'un voluptueux sommeil,
    Nous souririons, heureux de nous sentir des ailes
    Aux premiers rayons du soleil.

    Cette maison n'aurait sous l'auvent qu'un étage
    Au balcon noyé de jasmins.
    Les fleurs, le miel, ô mon amie, et le laitage
    Aromatiseraient tes mains.

    Un fleuve baignerait nos vergers, et sa rive
    Cacherait parmi les roseaux
    Une barque bercée et dont la rame oisive
    Miroite en divisant les eaux.

    Nous resterions longtemps assis sur la terrasse,
    Le soir, lorsqu'entre ciel et champ
    Le piétinant troupeau pressé des brebis passe
    Dans la lumière du couchant ;

    Et nos cœurs répondraient à l'angélus qui sonne
    Avec la foi des cœurs à qui la vie est bonne.

    Plus tard, sur le balcon rempli d'ombre, muets,
    L'oreille ouverte au bruit des trains dans la vallée,
    Goûtant tout ce qu'un sage amour contient de paix,
    Nos âmes se fondraient dans la nuit étoilée.

    Ecoutant nos enfants dormir derrière nous,
    Pâle dans tes cheveux libres où l'air se joue,
    Ta main fraîche liée aux miennes : " Qu'il est doux,
    Qu'il est doux, dirais-tu, les cils contre ma joue,
    Quand on sait où poser la tête, d'être las ! "
    Mes lèvres fermeraient ta paupière endormie.

    Cher asile, jardin, maison rustique... Hélas !
    Car nous rêvons quand il faut vivre, ô mon amie !

     

    Charles Guérin

     


    12 commentaires
  •  

     

     

    Ce poème de Paul-Jean , dans lequel il pleut des fleurs de frangipanier et où se promène le soir des lucioles... me rappelle un peu les nuits de mon île, où flotte parfois la senteur des frangipaniers, tandis que volettent les lucioles (elles sont appelées là-bas « clin-clin bois ») mais heureusement...pas de feulement de tigre chez moi !

    Livia

     

     

    Fleurs de Plumeria-frangipanier...

    (Le genre, à l'origine orthographié plumiera, fut nommé en l'honneur du botaniste français du XVIIe siècle Charles Plumier. Le nom commun « frangipanier » vient de celui d'un marquis italien du XVIe siècle Frangipani, qui avait créé un parfum à base d'amande.)

     

     

    Ainsi, ce chemin de nuage

    Ainsi, ce chemin de nuage,
    Vous ne le prendrez point,
    D'où j'ai vu me sourire au loin
    Votre brillant mirage ?

    Le soir d'or sur les étangs bleus
    D'une étrange savane,
    Où pleut la fleur de frangipane,
    N'éblouira vos yeux ;

    Ni les feux de la luciole
    Dans cette épaisse nuit
    Que tout à coup perce l'ennui
    D'un tigre qui miaule.

    Paul-Jean Toulet

     

     

     

     


    16 commentaires
  •  

     

     



     

    Une hirondelle, a fait ce soir trois tours sur ma maison

     

    Et d'un coup d'aile a fait chanter mon cœur sans raison...

     

     

    Le nid d'hirondelles...

     

    (image pixabay)

     



     

    L'hirondelle

     

    Ô petite hirondelle
    Qui bats de l'aile,
    Et viens contre mon mur,
    Comme abri sûr,
    Bâtir d'un bec agile
    Un nid fragile,
    Dis-moi, pour vivre ainsi
    Sans nul souci,
    Comment fait l'hirondelle
    Qui bat de l'aile ?

    Moi, sous le même toit, je trouve tour à tour
    Trop prompt, trop long, le temps que peut durer un jour.
    J'ai l'heure des regrets et l'heure du sourire,
    J'ai des rêves divers que je ne puis redire ;
    Et, roseau qui se courbe aux caprices du vent,
    L'esprit calme ou troublé, je marche en hésitant.
    Mais, du chemin je prends moins la fleur que l'épine,
    Mon front se lève moins, hélas ! qu'il ne s'incline ;
    Mon cœur, pesant la vie à des poids différents,
    Souffre plus des hivers qu'il ne rit des printemps.

    J'évoque du passé le lointain souvenir ;
    Aux jours qui ne sont plus je voudrais revenir.
    De mes bonheurs enfuis, il me semble au jeune agi
    N'avoir pas à loisir savouré le passage,
    Car la jeunesse croit qu'elle est un long trésor,
    Et, si l'on a reçu, l'on attend plus encor.
    L'avenir nous parait l'espérance éternelle,
    Promettant, et restant aux promesses fidèle ;
    On gaspille des biens que l'on rêve sans fin...
    Mais, qu'on voudrait, le soir, revenir au matin !

    De mes jours les plus doux je crains le lendemain,
    Je pose sur mes yeux une tremblante main.
    L'avenir est pour nous un mensonge, un mystère ;
    N'y jetons pas trop tôt un regard téméraire.
    Quand le soleil est pur, sur les épis fauchés
    Dormons, et reposons longtemps nos fronts penchés ;
    Et ne demandons pas si les moissons futures
    Auront des champs féconds, des gerbes aussi mûres.
    Bornons notre horizon.... Mais l'esprit insoumis
    Repousse et rompt le frein que lui-même avait mis.

    Souvent de mes amis j'imagine l'oubli :
    C'est le soir, au printemps, quand le jour affaibli
    Jette l'ombre en mon cœur ainsi que sur la terre ;
    Emportant avec lui l'espoir et la lumière ;
    Rêveuse, je me dis : « Pourquoi m'aimeraient-ils ?
    De nos affections les invisibles fils
    Se brisent chaque jour au moindre vent qui passe,
    Comme on voit que la brise enlève au loin et casse
    Ces fils blancs de la Vierge, errants au sein des cieux ;
    Tout amour sur la terre est incertain comme eux ! »

    C'est que, petit oiseau, tu voles loin de nous ;
    L'air qu'on respire au ciel est plus pur et plus doux.
    Ce n'est qu'avec regret que ton aile légère,
    Lorsque les cieux sont noirs, vient effleurer la terre.
    Ah ! que ne pouvons-nous, te suivant dans ton vol,
    Oubliant que nos pieds sont attachés au sol,
    Élever notre cœur vers la voûte éternelle,
    Y chercher le printemps comme fait l'hirondelle,
    Détourner nos regards d'un monde malheureux,
    Et, vivant ici-bas, donner notre âme aux cieux !

    Ô petite hirondelle
    Qui bats de l'aile,
    Et viens contre mon mur,
    Comme abri sûr,
    Bâtir d'un bec agile
    Un nid fragile,
    Dis-moi, pour vivre ainsi
    Sans nul souci,
    Comment fait l'hirondelle
    Qui bat de l'aile ?

     

    Sophie d'Arbouville

     



     



     

    Un mot sur la poétesse

     

     

     



     

    Sophie d'Arbouville, née Sophie Lecat de Bazancourt le 28 octobre 1810 à Paris et morte dans la même ville le 22 mars 1850, est une poétesse et nouvelliste française.

     

    Elle habitait au 10 place Vendôme et y tenait un salon où l'on parlait plus de poésie que de politique. Lamartine était un de ses poètes favoris, Sainte-Beuve, son hôte le plus assidu, en fit sa muse, et lui dédia Le Clou d’Or. Elle ne lui céda jamais.

     

     

     

     

     



     


    16 commentaires
  •  

     

    «Il est tard ; que faut-il aimer, que faut-il croire ? »

     

     

    C'est la nuit sur la terre...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    Prière

     

    Seigneur, que Votre étoile à nos yeux Se révèle !
    « Ah ! Seigneur, Dieu des cœurs robustes, répondez !
    Quel est ce temps de doute où l'homme joue aux dés
    ses croyances, l'amour et le rêve et la gloire ?
    Il est tard ; que faut-il aimer, que faut-il croire ?
    Vacillants et plaintifs comme un peuple de joncs,
    sous le ciel triste et nu nous Vous interrogeons ;
    notre âme sèche a soif d'une sève nouvelle.
    Seigneur, que Votre étoile à nos yeux Se révèle !
    Car déjà la nuit morne à l'horizon s'étend :
    voici que le soleil se couche et qu'on entend
    planer sur le sommeil de nations entières
    le grand vent solennel et noir des cimetières.
    Amen. »

     

    Charles Guérin.

     

     

     


    12 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

    Me voici de retour, j'ai passé un merveilleux week-end en famille, il faisait beau heureusement et nous avons pu déjeuner au jardin et pour clore cette jolie parenthèse, je vous offre un poème pour rire avec la nature en fête.

     

     

    Un ruisseau riant tout en fossettes...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    Chanson du rire
    Quand les bois verts rient avec la joie,
    Et que le ruisseau tout en fossettes rit en courant,
    Quand l'air lui-même rit de nos gaies saillies,
    Et que la verte colline rit en écho,

    Quand les prés rient de leur vert étincelant
    Et que la sauterelle rit dans ce joyeux ensemble,
    Quand Marie, Suzanne et Emilie,
    De leurs douces bouches égrènent les notes du rire,

    Quand les oiseaux éclatants rient dans l'ombre
    Où se dresse notre table offrant cerises et noix,
    Viens vivre dans la joie et te joindre à moi,
    Chantant le doux refrain du rire.

     

    William Blake
    ( Chants d'innocence )

     

     

     

     

     

     


    8 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique