•  

     

     

     

     

    Champs de blé pour le pain des hommes...

    (image pixabay)

     

     

    Panem Nostrum

     

    Il faut, dans la tiédeur estival des jours,

    Aimer le blé nouveau sorti des bons labours

    Dont les épis égaux penchent leurs têtes mûres.

    Houle ou repos ; silence ou concert des murmures ;

    Marée où disparaît la motte et le lopin,

    Autour de qui le vent fleure déjà le pain,

    De par la floraison en masse des fécules,

    Sous les ciels envahis du sang des crépuscules,

    Des gris troubles de l'aube ou du bleu des midis ;

    Puis aimer l'homme, prêtre auguste, tandis

    Qu'il courbe jusqu'au sol son échine asservie.

    Et mêle sa besogne au grand cercle de vie

    Dans l'étreinte du geste intime qui l'unit

    A pleins bras, à pleins corps, à ce froment béni

    A cette toison d'or dont frissonne la plaine,

    D'où naît pour assouvir l'immense faim humaine

    Refaire chastement et saintement la chair,

    Le pain quotidien qu'enseigna le Pater.

    Lucie Delarue-Mardrus

     


    12 commentaires
  •  

    Je n'en connais pas personnellement, mais je pense qu'il existe encore de nos jours ce genre de personnage, paresseux de nature, qui voudrais gagner de l'argent , mais...surtout sans rien faire de leur dix doigts !

    Livia

     

    Caricature

    Joshua Reynolds

     

    Le jeune homme et le vieillard

    « De grâce, apprenez-moi comment l'on fait fortune,

    Demandait à son père un jeune ambitieux.

    - Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux :

    C'est de se rendre utile à la cause commune,

    De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,

    Au service de la patrie.

    - Oh ! trop pénible est cette vie ;

    Je veux des moyens moins brillants.

    - Il en est de plus sûrs, l'intrigue... - Elle est trop vile ;

    Sans vice et sans travail je voudrais m'enrichir.

    - Eh bien ! sois un simple imbécile,

    J'en ai vu beaucoup réussir. »

    Jean-Pierre Claris de Florian. (1755-1794)

     

     

    Un mot sur le poète

     

    Buste de Jean-pierre Claris de Florian

    Jacob Mango

     

    Jean-Pierre Claris de Florian, né le 6 mars 1755 à Sauve et mort le 13 septembre 1794 à Sceaux, est un dramaturge, romancier, poète et fabuliste français.

    Issu d'une famille noble il est voué à la carrière des armes. En 1768, il devient page au service du duc de Penthièvre puis entre, quelques années plus tard, à l'école royale d'artillerie de Bapaime. À sa sortie, il sert quelque temps comme officier dans le régiment des dragons de Penthièvre. La vie de garnison ne lui convenant pas, il sollicite et obtient une dérogation qui lui conserve son grade dans l'armée, mais lui permet de suivre le duc de Penthièvre à Anet et à Paris (un petit appartement lui était réservé à l'hôtel de Toulouse) et de s'adonner entièrement à la poésie. Le duc de Penthièvre, resta sa vie durant son ami et son protecteur.

     

     

     


    18 commentaires
  •  

    Ce soir, une lune pleine et toute ronde va nous taquiner pour perturber notre sommeil...

     

    Les délires de la lune...

    La lune nous espionne cachée dans le feuillage

    (vu de ma fenêtre)

     

     

    Les délires de la lune

    Pleine lune qui fait les beaux minuits d'argent,

    Glabre qu'aime le soir toute une pauvre gent,

    Oh ! Voyageuse taciturne !

     

    Rôdant sur la grisaille immense des cités,

    Pour, face à face, y luire aux songeurs attristés,

    Le front à leurs vitres nocturnes.

     

    Lune des parcs, des eaux, des fleurs, des chênes tors,

    Donne une illusion d'air libre et de dehors,

    A ceux qui pleurent dans la campagne.

     

    Viens, amante pâlotte au regard singulier,

    Côte à côte et sans bruit partager l'oreiller,

    De ceux qui n'ont pas de compagne...

     

    Sois une illusion aux galettes des rois,

    Et la coupe de vin qui tremble dans tes doigts,

    De ceux qui n'ont manger ni boire.

     

    Vêts du voile des noces issus de ta clarté,

    Celles qui n'auront pas leur part de volupté,

    Et que tente la robe blanche...

     

    Brille pour les petits apeurés dans leurs lits,

    Et dont les rideaux ont des bêtes plein leurs plis,

    Comme font les bonnes veilleuses.

     

    Puis offres l'hostie *alme et lumineuse à ceux,

    A ceux qui gardèrent l'espoir de paradis fameux,

    Tout au fond de leur âme pie !

     

    Et lorsque, visitant ces veilleurs du désir,

    Tu leur auras ainsi versé de ton plaisir,

    A même la ville assoupie,

     

    Ô lune ! Gardes un rayon pour le toit,

    Où les chats miauleurs ouvrants, claire comme toi,

    Leurs yeux ronds vers ta plénitude,

     

    Dans l'équilibre sûr de leurs pas de velours,

    Te prennent à témoin de leurs folles amours,

    Et sanglotent leur lassitude.

     

    Lucie Delarue-Mardrus

     

    *alme : Du latin almus (nourrissant, nourricier, bienfaisant) considéré comme désuet par Malherbe, à été repris par les poètes du XIXe siècle.

     

     


    16 commentaires
  •  

     

     

     

     

    Pan est mort...

    Haut-relief du dieu Pan (probablement un télamon), connu sous le nom de satyre della Valle, découvert près du théâtre de Pompée, sur le Champs de Mars à Rome, probablement de la fin de l'époque hellénistique.

    D'après l'Hymne homérique qui lui est consacré, il est le fils d'Hermès et d'une « fille de Dryops » qui n'est pas nommée. Il naît sur le mont Cyllène en Arcadie. Il est si laid, avec ses cornes, sa barbe, sa queue et ses pattes de bouc, que sa mère, effrayée, l'abandonne et s’enfuit. Hermès le recueille et l'emmène sur le Mont Olympe où tous les dieux l'accueillent. Selon l'auteur, ce serait l'origine de son nom : « tous » (pan) les dieux sont réjouis.

    (d'après wikipédia)

     

    Pan est mort

    Flore et le chaud Phébus revenaient sur la terre
    Toujours les flots grondants se brisaient sur Cythère
    Et la blonde Vénus adorée en ces lieux,
    Dans son temple écoutait le chant des hymnes pieux.
    
    L'Olympe s'emplissait ; le Maître du tonnerre
    Mandait tous ses enfants qui venaient vers leur père :
    Quelque chose d'étrange était alors au cieux,
    Les puissants immortels étaient devenus vieux.
    
    Mais tout à coup le ciel s'abîme dans l'espace,
    Et la race divine en un instant trépasse.
    Une voix fendant l'air crie au monde confus :
    
    "Jésus va naître enfin et son règne commence
    "Il naît pauvre à Bethléem, son pouvoir est immense
    "Pan, le grand Pan est mort et les dieux ne sont plus !" 
    W de K
    Guillaume Apollinaire

    (Pan est mort est un poème de jeunesse de Guillaume Apollinaire. Composé en langue française, il est écrit en juillet 1895, alors que celui que l'on appelle encore Wilhelm de Kostrowitzky et qui signe ici « W. de K. » va entrer en classe de troisième au collège Saint-Charles de Monaco. Sonnet mettant en scène la fin du panthéisme avec l'avènement du Christ, il est dédié à Charles Tamburini, qui avait accueilli l'auteur au sein d'une congrégation religieuse).



    Mais aujourd'hui, je pense que Pan est ressuscité avec tous les autres dieux et Jésus est à nouveau condamné à mort ainsi que ses disciples, tandis que brûlent nos églises dans une grande indifférence et dans un silence tonitruant.

    Livia

     


    12 commentaires
  •  

     

     

     

    Coucher de soleil un soir de juin à Saint-Avé

     

    (photo prise avec mon portable)

     



     



     

    Couchant.
    
    Des taches de couchant tombent à travers bois
    Comme des larmes d'or sur les troncs; et les voix
    D'eau claire des oiseaux se taisent goutte à goutte,
    Cependant qu'on entend s'éloigner sur la route
    Un dernier pas humain, un dernier bruit d'essieux
    Et que, traînant encor des cloches dans les cieux
    Comme des oraisons lointaines et des plaintes,
    L'existence s'endort au fond des demi-teintes...
    
    
    O! la dévotion profonde, la grandeur
    Du rêve qui nous monte alors du fond du cœur ,
    Comme si notre soif allait boire le monde,
    Ou comme si, perdant pendant une seconde
    Conscience du temps, de l'espace, du lieu,
    Notre raison humaine allait comprendre Dieu!

    Lucie Delarue-Mardrus

     


    12 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique