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    Une de mes grandes amies s'en est allée, c'est une page de ma vie qui s'est tournée... le départ de cette amie m'a fait repenser à tous ceux que j'ai aimés et qui ne sont plus.

     

    Quand on arrive à un âge certain, nombre de chaises vides nous accompagnent, celles des parents, des amis...

     

    Mais quand celui qui vous a accompagné la vie durant s'en va, c'est un séisme dont on se remet difficilement, aujourd'hui pour éviter le syndrome de la chaise vide autour de la table familiale, mon fils occupe la place de son père.

     

    Livia

     

    La chaise vide...

     

    La chaise vide...

    (image pixabay)

     

    Le dernier adieu

    Quand l'être cher vient d'expirer,
    On sent obscurément la perte,
    On ne peut pas encor pleurer :
    La mort présente déconcerte ;

    Et ni le lugubre drap noir,
    Ni le dies irae farouche,
    Ne donnent forme au désespoir :
    La stupeur clôt l'âme et la bouche.

    Incrédule à son propre deuil,
    On regarde au fond de la tombe,
    Sans rien comprendre à ce cercueil
    Sonnant sous la terre qui tombe.

    C'est aux premiers regards portés,
    En famille, autour de la table,
    Sur les sièges plus écartés,
    Que se fait l'adieu véritable.

    Sully Prudhomme

     


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    La plume vivante...

     

    (image pixabay)

     

     

     

    La plume de Satan

     

    La plume, seul débris qui restât des deux ailes
    De l'archange englouti dans les nuits éternelles,
    Était toujours au bord du gouffre ténébreux.
    Les morts laissent,ainsi quelquefois derrière eux
    Quelque chose d'eux-même au seuil de la nuit triste,
    Sorte de lueur vague et sombre, qui persiste.

    Cette plume avait-elle une âme ? qui le sait ?
    Elle avait un aspect étrange ; elle gisait
    Et rayonnait ; c'était de la clarté tombée.

    Les anges la venaient voir à la dérobée.
    Elle leur rappelait le grand Porte-Flambeau ;
    Ils l'admiraient, pensant à cet être si beau
    Plus hideux maintenant que l'hydre et le crotale ;
    Ils songeaient à Satan dont la blancheur fatale,
    D'abord ravissement, puis terreur du ciel bleu,
    Fut monstrueuse au point de s'égaler à Dieu.
    Cette plume faisait revivre l'envergure
    De l'Ange, colossale et hautaine figure ;
    Elle couvrait d'éclairs splendides le rocher ;
    Parfois les séraphins, effarés d'approcher
    De ces bas-fonds où l'âme en dragon se transforme,
    Reculaient, aveuglés par sa lumière énorme ;
    Une flamme semblait flotter dans son duvet ;
    On sentait, à la voir frissonner, qu'elle avait
    Fait partie autrefois d'une aile révoltée ;
    Le jour, la nuit, la foi tendre, l'audace athée,
    La curiosité des gouffres, les essors
    Démesurés, bravant les hasards et les sorts,
    L'onde et l'air, la sagesse auguste, la démence,
    Palpitaient vaguement dans cette plume immense ;
    Mais dans son ineffable et sourd frémissement,
    Au souffle de l'abîme, au vent du firmament,
    On sentait plus d'amour encor que de tempête.

    Et sans cesse, tandis que sur l'éternel faîte
    Celui qui songe à tous pensait dans sa bonté,
    La plume du plus grand des anges, rejeté
    Hors de la conscience et hors de l'harmonie,
    Frissonnait, près du puits de la chute infinie,
    Entre l'abîme plein de noirceur et les cieux.

    Tout à coup un rayon de l'œil prodigieux
    Qui fit le monde avec du jour, tomba sur elle.
    Sous ce rayon, lueur douce et surnaturelle,
    La plume tressaillit, brilla, vibra, grandit,
    Prit une forme et fut vivante, et l'on eût dit
    Un éblouissement qui devient une femme.
    Avec le glissement mystérieux d'une âme,
    Elle se souleva debout, et, se dressant,
    Éclaira l'infini d'un sourire innocent.
    Et les anges tremblants d'amour la regardèrent.
    Les chérubins jumeaux qui l'un à l'autre adhèrent,
    Les groupes constellés du matin et du soir,
    Les Vertus, les Esprits, se penchèrent pour voir
    Cette sœur de l'enfer et du paradis naître.
    Jamais le ciel sacré n'avait contemplé d'être
    Plus sublime au milieu des souffles et des voix.
    En la voyant si fière et si pure à la fois,
    La pensée hésitait entre l'aigle et la vierge;
    Sa face, défiant le gouffre qui submerge,
    Mêlant l'embrasement et le rayonnement,
    Flamboyait, et c'était, sous, un sourcil charmant,
    Le regard de la foudre avec l'œil de l'aurore.
    L'archange du soleil, qu'un feu céleste dore,
    Dit : - De quel nom faut-il nommer cet ange, ô Dieu ?

    Alors, dans l'absolu que l'Être a pour milieu,
    On entendit sortir des profondeurs du Verbe
    Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe
    Encor vague et flottant dans la vaste clarté,
    Fit tout à coup éclore un astre : - Liberté !

     

    Victor Hugo

     



     

    On comprend pourquoi Satan entraîne si aisément les humains vers son domaine – l'Enfer !

     


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    Hommage à l'automne...

     

    C'est une saison qui a beaucoup inspiré poètes et peintres, mais aussi les photographes comme le démontre la photo ci-dessous !

     

     

    Soupirs d'automne...

    Nous devons cette splendide photo à Cigalette

     

    Son blog : http://preauxsourcebis.eklablog.com

     

     

     

    Soupir

     

    Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
    Un automne jonché de taches de rousseur,
    Et vers le ciel errant de ton œil angélique
    Monte, comme dans un jardin mélancolique,
    Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
    - Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
    Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
    Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
    Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
    Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

     

    Stéphane Mallarmé

     

     


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    Depuis vendredi 1er octobre, il pleut, il pleut, il pleut, sur la Bretagne, mais pas

     

    doucement, nous essuyons des rabatées (comme l'on dit ici) épouvantables qui

     

    vous transpercent et vous transforment en éponges... tempête d'automne !

     

     

    Il pleut doucement...

    Pluie d'automne...

     

    (image pixabay)

     

     

    Il pleut doucement...

     

    Il pleut doucement, ma mère, 

     

    Et c’est l’automne 

     

    Si doucement 

     

    Que c’est la même pluie 

     

    Et le même automne 

     

    Qu’il y a bien des ans. 

     

     

    Il pleut et il y a encore, 

     

    Comme il y a bien des ans, 

     

    Combien de cœurs au fil de l’eau 

     

    Et combien de petits sabots 

     

    Rêvant au coin de l’âtre. 

     



    Et c’est le soir, ma mère, 

     

    Et tes genoux sont là 

     

    Si près du feu 

     

    Que c’est le même soir 

     

    Et les mêmes genoux 

     

    Qu’il y a bien des ans. 

     

     

    Il pleut doucement, ma mère, 

     

    Et c’est l’automne 

     

    Et c’est le soir, ma mère, 

     

    Et tes genoux sont là. 

     



    Prends-moi sur tes genoux, ce soir, 

     

    Comme il y a bien des ans 

     

    Et raconte-moi l’histoire 

     

    De la Belle au bois dormant. 

     

    Maurice Carême

    (Extrait de Mère)

     

     

     

     

     


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    Pétition d'une fleur...

     

    Photo de vacances dans le Leon

     

    (Parc Moulin Neuf)

     



    Pétition d'une fleur
    Pauvre fleur, qu'un rayon du soleil fit éclore,
    Pauvre fleur, dont les jours n'ont qu'une courte aurore,
    Il me faut, au printemps, le soleil du bon Dieu,
    Et quand l'hiver arrive, un asile et du feu.
    On m'a dit — j'en frémis ! — qu'au foyer de la serre
    Je n'aurai plus ma place, et mourrai sur la terre
    Au jour où l'hirondelle, en fuyant les frimas,
    Vole vers les pays où l'hiver ne vient pas.
    Et moi, qui de l'oiseau n'ai pas l'aile légère,
    Sur toi, contre le froid, j'avais compté, ma mère !
    Pourquoi m'abandonner ? Pauvre petite fleur,
    Ne t'ai-je pas offert l'éclat de ma couleur,
    Mon suave parfum, jusqu'aux jours de l'automne ?
    Ne t'ai-je pas donné ce que le ciel me donne ?

    Si tu savais, ma mère, il est dans ce vallon,
    Non loin de ton domaine, un jeune papillon
    Qui versera des pleurs, et mourra de sa peine,
    En ne me voyant plus à la saison prochaine.
    Des sucs des autres fleurs ne voulant se nourrir,
    Fidèle à son amie, il lui faudra mourir !...
    Puis une abeille aussi, sur mon destin, s'alarme :
    Sur ses ailes j'ai vu briller plus d'une larme ;
    Elle m'aime, et m'a dit que jamais, sous le ciel,
    Jeune fleur dans son sein n'avait eu plus doux miel.
    Souvent une fourmi, contre le vent d'orage,
    Vient chercher vers le soir l'abri de mon feuillage.
    Te parlerai-je aussi de l'insecte filant,
    Qui, sur mes verts rameaux s'avançant d'un pas lent,
    De son réseau léger appuyé sur ma tige,
    À tout ce qui dans l'air ou bourdonne ou voltige,
    Tend un piège adroit, laborieux labeur
    Que ta main va détruire en détruisant ma fleur ?
    Et puis, quand vient la nuit, un petit ver qui brille
    Me choisit chaque soir, et son feu qui scintille,
    Lorsque mes sœurs n'ont plus pour elles que l'odeur,
    Me permet de montrer l'éclat de ma couleur.

    Tu vois, je suis aimée ! et cette heureuse vie,
    Me serait, à l'hiver, par tes ordres ravie ?...
    C'est ton or qui m'a fait quitter mon beau pays,
    Où, des froids ouragans je n'avais nuls soucis ;
    Aussi je pleurais bien au moment du voyage...
    — L'exil est un malheur qu'on comprend à tout âge !
    Mais une vieille fleur, estimée en tous lieux,
    M'a dit qu'auprès de toi mon sort serait heureux ;
    Qu'elle avait souvenir, jusques en sa vieillesse,
    D'avoir fleuri pour toi du temps de sa jeunesse ;
    Qu'aussitôt qu'on te voit, t'aimer est un devoir,
    Qu'aimer paraît bien doux quand on vient de te voir ;
    Que tu n'as pas un cœur qui trompe l'espérance,
    Que les amis te sont plus chers dans la souffrance,
    Et que petite fleur, flétrie et sans odeur,
    Trouverait à l'hiver pitié pour son malheur ;
    Que tout ce qui gémit, s'incline, souffre et pleure,
    Cherche, sans se tromper, secours dans ta demeure ;
    Que, tes soins maternels éloignant les autans,
    Auprès de toi toujours on se croit au printemps !

    Allons, construis pour nous une heureuse retraite,
    Et Dieu te bénira... car c'est lui qui m'a faite,
    Et simple fleur des champs, quoique bien loin des cieux,
    Comme le chêne altier, trouve place à ses yeux.

     

    Sophie d'Arbouville

     

     

    Un mot sur la poétesse

     

    Pétition d'une fleur...

     

    Sophie d'Arbouville, née le 29 octobre 1810 et morte le 22 mars 1850 à Paris, est une poétesse et nouvelliste française.

     

    « Elle avait de l’imagination ! Elle avait la foi et le génie !… Sa souffrance réelle était sa laideur : elle la recouvrait d’un voile éblouissant d’esprit, de bienveillance, d’agrément. ». Sainte-Beuve

     

    ( Sainte-Beuve est très sévère, je ne la trouve pas si laide) Livia

     

    « Âme sentimentale et sensée, tour à tour enjouée et mélancolique, à qui l'on pouvait tout dire et qui avait réponse à tout, mais qui, sur le chapitre des mœurs, en ce qui la touchait tout au moins, se montrait intraitable ». Léon Séché

     

    D'après wikipédia

     

     

     

     

     


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